Embaucher « rapidement » 2000 médecins de plus, former un millier d’infirmières spécialisées (IPS) en quatre ans, donner plus de pouvoir aux pharmaciens et permettre l’émergence du privé ; le Parti conservateur (PCQ) d’Éric Duhaime a dévoilé vendredi l’essentiel de sa « plateforme santé » pour améliorer la qualité des soins, en misant d’abord sur la concurrence.

« Devant nous, on a quatre partis qui continuent à brasser le même vieux monopole public inefficace », a martelé le chef conservateur Éric Duhaime, lors d’une conférence de presse tenue devant l’hôpital de Lachute. Il a dénoncé que 20 % de la population n’a toujours pas accès à un médecin de famille, malgré l’engagement en 2018 de la Coalition avenir Québec d’en offrir à tout le monde.

« Il y a deux fois plus de gens qui sont maintenant sur la liste d’attente du guichet d’accès. Il n’y a plus d’accès, c’est un guichet d’attente. Mais ils nous proposent encore des réformettes », a fulminé M. Duhaime, accusant François Legault d’avoir « trahi les adéquistes » lors de la fusion de son parti avec l’Action démocratique du Québec (ADQ), qui souhaitait plus de privé en santé.

À ses côtés, le DKarim Elayoubi, qui est médecin à l’Hôpital de Lachute et candidat du parti dans la circonscription d’Argenteuil, a dévoilé les « cinq points principaux » du plan santé. Le premier : augmenter les effectifs médicaux, pour ramener le ratio de médecins par 1000 habitants au-delà de 3 au Québec.

« On veut rapidement faire en sorte qu’il y ait 2000 médecins de plus sur le marché. Pour ça, il faudra augmenter de façon significative les admissions en médecine, en fonction de la capacité des universités à en prendre plus. Et accélérer la reconnaissance des diplômes étrangers », a soulevé M. Elayoubi.

Le PCQ souhaite aussi « donner plus pouvoirs » aux pharmaciens et aux IPS ; les conservateurs veulent d’ailleurs embaucher de 1000 à 1100 en plus de ces infirmières spécialisées, afin d’atteindre un ratio équivalent à l’Ontario.

De l’émergence du privé

Plus globalement, le parti d’Éric Duhaime veut – comme il l’a déjà révélé – « permettre l’émergence d’un système privé qui va concurrencer le système public ». Concrètement, « on voudrait faire un projet pilote pour confier la gestion des hôpitaux à des compagnies privées chevronnées », a dit le DElayoubi, ajoutant que des assureurs privés devraient aussi venir « concurrencer » la Régie de l’assurance-maladie (RAMQ).

Les conservateurs entendent aussi implanter le mode de financement « par épisode de soins ». Ainsi, un hôpital qui traiterait plus de patients serait plus financés. « Le patient serait donc vu comme une source de revenus, et non de dépenses. On veut que les hôpitaux se concurrencent pour avoir les patients », a justifié le candidat d’Argenteuil.

Enfin, le dernier axe du plan est de « décentraliser » le système, pour prendre des décisions « plus près du terrain ». Dans chaque établissement, le parti propose d’implanter un comité d’administration indépendant qui aurait « plus de marge de manœuvre » dans son budget.

À terme, il faudra aussi créer une vraie « interconnexion des systèmes informatiques », en mettant fin aux vieilles technologies comme le fax dans le système de la santé, affirme M. Elayoubi.

Abonnez-vous à notre infolettre Le bulletin électoral