(Montréal) Le recul de la proportion de Québécois ayant le français comme langue parlée à la maison, « ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète », affirme le candidat-vedette du Parti libéral du Québec (PLQ), André A. Morin. C’est le contraire du discours de la cheffe libérale en ce début de campagne, puisque Dominique Anglade se dit préoccupée par la situation.

La sortie de cet ex-procureur fédéral en chef du Service des poursuites pénales du Canada pour la région du Québec est venue assombrir le lancement de la campagne du Parti libéral.

La journée venait pourtant de prendre une tournure favorable aux libéraux avec la controverse soulevée par François Legault qui a interpellé Dominique Anglade en la désignant comme « cette madame », sans la nommer.

« La madame, elle a un plan ! », a répliqué Dominique Anglade dans un discours lors d’un rassemblement militant à Montréal. Elle dévoilera ce lundi son « plan portefeuille », visant à redonner de l’argent aux Québécois frappés par la hausse du coût de la vie. On sait déjà qu’elle veut baisser les impôts de ceux qui gagnent moins de 92 000 $ — jusqu’à 1000 $. Elle revient au jeu de base de son parti en choisissant de faire de l’économie la « question de l’urne ».

Entre 200 et 300 militants libéraux étaient réunis dans LaFontaine, à Rivière-des-Prairies, pour le lancement de la campagne libérale — 400, selon l’hôte Marc Tanguay, député sortant. Le parti nous a habitués à de plus grosses foules pour le jour 1.

Recul du français

À la sortie de ce rassemblement, André A. Morin, candidat dans Acadie au nord de Montréal, a répondu aux questions de journalistes notamment au sujet du recul du français observé par Statistique Canada à partir des données du recensement. Le pourcentage de Québécois parlant principalement le français à la maison est passé de 79 % à 77,5 % entre 2016 et 2021. La proportion de ceux dont le français est la première langue officielle parlée a continué sa chute pour passer de 83,7 % à 82,2 %.

« Ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète, a laissé tomber M. Morin. Il y a moyen toujours de faire changer la situation. Puis moi, d’ailleurs, c’est ce que je dis à Mme Anglade, ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète. »

Le candidat considère qu’« il y a déjà un très grand nombre de mesures qui sont en place » pour protéger le français. Il n’y a pas de crainte à y avoir « parce qu’on a des moyens pour faire en sorte que les gens aiment leur langue, aiment le français, soient capables de bien le parler et l’écrire ».

Il y a quand même un nombre très important de Québécois et de Québécoises qui parlent le français, donc à ce moment-là, moi je pense que le français va continuer d’être parlé et de croître au Québec. Pour moi, ce n’est pas quelque chose d’inquiétant.

André A. Morin, candidat dans Acadie

Quelques heures plus tôt, à Québec, Dominique Anglade disait pourtant que le portrait dévoilé par Statistique Canada est « préoccupant », une source d’« inquiétudes ». Elle balayait les critiques de ses adversaires qui l’accusent de ne pas prendre la situation assez au sérieux. Interpellée au sujet des propos de son candidat, la cheffe libérale a répondu que « la situation du français sera toujours préoccupante. On a constaté un déclin, un recul, notamment, pas seulement, dans le centre-ville de Montréal, et c’est pour ça qu’on a fait 27 propositions ».

En fin d’après-midi, M. Morin a tenté de nuancer ses propos dans un message sur Twitter : « Je précise que le PLQ à [sic] fait 27 propositions pour protéger le français au Québec. La situation actuelle mérite une attention soutenue et je m’engage à poursuivre mes actions en ce sens si je suis élu dans l’Acadie ».

Une dizaine de candidats libéraux n’ont toujours pas été annoncés par le PLQ alors que les autres partis ont une équipe complète. Dominique Anglade a présenté dimanche sa candidate dans La Pinière, Linda Caron, la présidente du parti. Cette circonscription de la Montérégie était représentée par Gaétan Barrette.