Ils aspirent à devenir premier ministre. Dans quelques jours, ils parcourront le Québec pour convaincre les électeurs de leur donner leur confiance. La Presse les a rencontrés. Aujourd’hui, pour le dernier volet de cette série, le chef du Parti conservateur, Éric Duhaime. Rappelons que François Legault a choisi de ne pas prendre part à l’exercice.

(Québec) Il est de droite, veut permettre plus de privé en santé, exploiter les hydrocarbures, réduire les impôts et réduire la taille de l’État. Mais ce qui unit d’abord les conservateurs d’Éric Duhaime, et ce qui fait le plus jaser, c’est leur utilisation du mot « liberté ».

La « liberté », vaste concept, est constamment mise de l’avant par le chef conservateur, qui la défend jusque dans la controverse. La Presse l’a rencontré au parc des Braves, à Québec, où il promène sa chienne, née d’un croisement entre un labrador et un pitbull. Il l’a adoptée il y a quelques années en plein débat sur l’encadrement des chiens potentiellement dangereux.

« C’était un débat ésotérique. L’animal, s’il est maltraité ou qu’il n’est pas bien nourri, c’est sûr qu’il sera délinquant ou dangereux. À l’époque, on s’attaquait à la conséquence plutôt qu’à la cause », affirme M. Duhaime, à qui on ne dira pas quelle race de chien choisir.

Ce libertarien – pour qui les libertés individuelles forment le socle d’un État intervenant de façon minimale dans la vie des gens – défend sur le front politique la liberté de ses candidats de tenir des propos controversés. L’un d’eux l’a fait récemment en diffusant la caricature d’une enseignante qui protège les enfants de sa classe en pointant une arme à feu vers un tireur.

« J’ai exclu [une candidate] parce qu’elle a fait des appels à peine voilés à la violence. Je trouvais que c’était beaucoup trop. Mais en même temps, je suis le gars qui défend la liberté d’expression. Il faut que je sois prudent. Je ne veux pas que quelqu’un qui a partagé une vidéo d’une autre personne considérée par certains comme un complotiste soit banni à vie », se défend M. Duhaime.

Puis, au cours de l’entrevue, il raconte ouvertement les préparatifs et les négociations en amont du débat des chefs à Radio-Canada. La Coalition avenir Québec (CAQ) voudrait imposer le thème de l’identité et de l’immigration, qui n’était pas prévu. « Ils veulent qu’on parle de ça plutôt que de leur bilan », dénonce-t-il.

C’est aussi ça, la liberté d’Éric Duhaime : attaquer ses adversaires en révélant les discussions confidentielles que tiennent les partis dans les coulisses de la préparation électorale.

L’effet de la pandémie

S’il n’y avait pas eu la pandémie et les mesures sanitaires, le chef conservateur ne serait pas revenu en politique. C’est aussi le cas de personnes qui se présentent pour son parti, pour la plupart « des gens qui ont été sacrifiés pendant la COVID-19 et qui n’auraient jamais fait de politique avant ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

Je n’étais pas d’accord avec ce que je voyais et je ne comprenais pas l’espèce d’unanimité à l’Assemblée nationale. Le sentiment qu’on a, c’est que notre espace de liberté se ratatine et nous voulons qu’il prenne plus de place.

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

Sous sa gouverne, la Santé publique aurait par exemple donné des recommandations à la population, mais les citoyens auraient été libres de choisir s’ils les suivaient. « Je crois que les [citoyens] sont des gens rationnels, intelligents, et qu’ils sont capables de prendre des décisions pour leur propre santé et leur propre vie », dit-il.

« C’est un virus qui a été sévère, mais il n’y a pas 50 % de la population qui est disparue du jour au lendemain. Nos droits et libertés, ça n’a pas été long qu’ils ont foutu le camp », poursuit-il. Il n’explique pas comment il aurait géré la crise qui a sévi dans les hôpitaux et les CHSLD.

Dans sa plateforme électorale, Éric Duhaime propose d’inscrire dans la Loi sur la santé publique la primauté de la Charte québécoise des droits et libertés sur toute autre disposition. Or, cette primauté existe déjà et aucune contestation judiciaire n’a démontré que les mesures sanitaires ne respectaient pas les chartes.

« Ce qu’on veut dire, c’est de renforcer l’idée que la Charte a préséance, parce qu’on a l’impression que c’était oublié », justifie le chef conservateur. Il milite aussi pour qu’il soit désormais nécessaire d’obtenir l’accord de 80 % des députés afin de poursuivre l’état d’urgence sanitaire au-delà de 30 jours.

Un nouveau clivage

La quête d’Éric Duhaime pour la liberté s’exprime aussi par un État moins interventionniste et des baisses d’impôt.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

Quand l’État prend un pourcentage élevé de notre salaire, on nous prive de notre liberté, parce que le gouvernement prend des décisions avec notre argent plutôt que de nous donner la liberté de faire ce qu’on veut.

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec

Les élections du 3 octobre s’éloigneront du clivage entre souverainistes et fédéralistes, mais aussi des débats identitaires, estime l’ancien conseiller et candidat de la défunte Action démocratique du Québec (ADQ), qui a connu son heure de gloire au moment de la crise des accommodements raisonnables.

« Quand je rencontre les gens, ils me parlent du prix de leur panier d’épicerie, ils me disent qu’ils ne sont plus capables de payer pour faire leur plein d’essence, ils me disent qu’ils attendent de trois à six mois pour une chirurgie et qu’ils n’ont toujours pas de place, ils me parlent des taux d’intérêt qui montent en flèche. La dernière chose dont ils me parlent, c’est qu’ils veulent commencer une chicane avec les anglophones », dit-il en réaction à la loi 96 sur la protection du français.

Éric Duhaime s’oppose à cette loi, qu’il voit comme un instrument de la CAQ pour attirer des votes péquistes. Il dénonce aussi le fait que le gouvernement ait utilisé la disposition de dérogation avant même que la loi ne soit contestée devant les tribunaux. Mais dans la foulée, le chef conservateur appuie sans réserve la loi 21 sur la laïcité de l’État, qui fait pourtant la même chose.

« Tous les citoyens ont le droit d’avoir un service laïque de l’État. Comme citoyen, on n’a pas à se faire imposer la religion de quelqu’un d’autre ou un biais potentiel », justifie-t-il, refusant d’y voir une contradiction ou un accroc à sa défense des libertés.

Les promesses du Parti conservateur du Québec

Santé

  • Ouvrir plus grand la porte au privé
  • Augmenter le nombre de médecins
  • Créer une assurance étatique ou privée pour les soins de longue durée aux 65 ans et plus

Éducation

  • Verser un bon de garde de 200 $ par semaine par enfant pour assumer les frais de garderie
  • Éliminer progressivement le financement public aux services de garde
  • Déréglementer le tarif quotidien et instaurer un système de bons en éducation permettant aux parents de choisir l’école de leur choix, publique ou privée

Coût de la vie

  • Baisser les impôts de 2 %, ce qui représenterait environ 2000 $ pour un travailleur qui gagne 80 000 $ par année
  • Suspendre les taxes sur l’essence

Environnement

  • Rendre l’autobus gratuit à Québec au lieu de construire un tramway
  • Permettre l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures

Identité

  • La plateforme du Parti conservateur n’a pas d’engagements à ce sujet.
En savoir plus
  • 503 485 $
    Dons recueillis jusqu’ici en 2022. Le PCQ se classe au quatrième rang parmi les cinq principaux partis.
    SOURCE : DIRECTEUR GÉNÉRAL DES ÉLECTIONS DU QUÉBEC
    9035
    Nombre de donateurs jusqu’ici en 2022. Le PCQ est au premier rang parmi les cinq principaux partis.
    SOURCE : DIRECTEUR GÉNÉRAL DES ÉLECTIONS DU QUÉBEC
  • 60 000
    Nombre de membres  
    Source : Parti conservateur du Québec