La Chambre des communes version 2021 ne sera vraisemblablement pas plus féminine. Quelques candidates vedettes ont certes remporté la victoire, mais le nombre de femmes en lice pour un siège – légèrement en recul par rapport à 2019 – ne permet pas d’espérer un Parlement plus paritaire.

Dans Bellechasse-Les Etchemins-Lévis, Dominique Vien, qui a été députée libérale pendant 14 ans à l’Assemblée nationale et qui a dirigé quatre ministères au Québec, a emporté la victoire lundi sous la bannière conservatrice.

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, ARCHIVES LE SOLEIL

Dominique Vien

Mélanie Joly, ministre sortante du Développement économique et des Langues officielles, a obtenu un gain facile. Sa collègue ministre du Revenu, Diane Lebouthillier, se dirigeait aussi vers une victoire dans sa circonscription.

Carolyn Bennett, ministre libérale des Relations Couronne-Autochtones, a aussi été réélue.

Sherbrooke offrait lundi un tableau hors du commun, quatre femmes se disputant cette circonscription.

Toute la soirée, la lutte a aussi été chaude entre deux femmes dans Fredericton, soit Jenica Atwin (qui a fait défection du Parti vert pour se joindre aux libéraux) et Andrea Johnson (Parti conservateur).

Elizabeth May, ancienne cheffe du Parti vert, a été réélue en Colombie-Britannique, à l’inverse de sa cheffe, Annamie Paul.

En 2019, 98 des 338 sièges (29 %) à la Chambre des communes avaient été remportés par des femmes, un nombre inégalé auparavant. Le Québec et la Colombie-Britannique étaient alors les provinces ayant élu les plus grandes proportions de députées (33,3 % dans les deux cas). Le Bloc avait fait élire pas moins de 12 femmes en 2019.

Le Canada « à la traîne »

Melanee Thomas, professeure agrégée en science politique à l’Université de Calgary, fait remarquer qu’en 2019 comme en 2021, la Chambre des communes est encore loin d’être le microcosme du Canada qu’elle devrait être.

Nos recherches nous indiquent que les partis nomment systématiquement des hommes blancs dans les châteaux forts et leur donnent plus de moyens pour faire campagne. Les femmes se retrouvent, elles, dans des circonscriptions où elles ont moins de chances de l’emporter.

Melanee Thomas, professeure agrégée en science politique à l’Université de Calgary

L’Île-du-Prince-Édouard, gagnée aux libéraux, illustre bien la chose. Le NPD, qui n’avait aucune chance de l’emporter, n’y avait que des candidates, qui ont toutes été défaites.

Bien avant la soirée électorale, le Groupe Femmes, Politique et Démocratie affichait sa déception. Le nombre de candidates a légèrement reculé cette année par rapport aux élections de 2019 (42,6 % comparativement à 43,3 %). « En l’absence d’une loi, la progression des candidatures féminines, et par conséquent des élues, est condamnée à être anémique, voire à reculer », disait ce groupe au début de septembre.

Esther Lapointe, directrice générale du Groupe Femmes, Politique et Démocratie, fait remarquer qu’avec 29 % de femmes à la Chambre des communes avant ces élections de 2021, « le Canada est à la traîne en matière de députation féminine dans le classement mondial ».

Au palmarès de l’Union interparlementaire, précise-t-elle, le Canada figure au 56e rang mondial (il est passé du 28e rang en 2000 au 50e rang en 2010 et au 56e rang en 2021). Loin derrière la plupart des pays européens et plusieurs pays d’Amérique du Sud ou d’Afrique. Derrière aussi les autres principaux pays du Commonwealth : Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Australie et Afrique du Sud.