(Saskatoon) Jagmeet Singh a critiqué samedi la gestion de la pandémie par les gouvernements provinciaux de la Saskatchewan et de l’Alberta, courtisant ainsi les électeurs dans les circonscriptions détenues par les conservateurs dans les Prairies.

« Nous voulions venir ici parce que c’est grave », a déclaré M. Singh lors d’un arrêt de campagne à Edmonton.

Le chef néo-démocrate estime que les populations des provinces des Prairies sont davantage frappées par la quatrième vague, car leurs gouvernements n’ont pas su les protéger.

M. Singh a apporté son soutien aux syndicats des travailleurs de la santé qui ont réclamé au premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, de demander une aide militaire pour un système de santé qu’ils disent être au bord de l’effondrement.

M. Singh vise à arracher les sièges des Prairies aux conservateurs fédéraux dans les deux provinces qui ont toujours voté bleu.

Ses arrêts de campagne dans ces provinces étaient beaucoup plus restreints et il n’a rencontré qu’une poignée de personnes et de candidats locaux.

Lorsqu’on lui a demandé s’il était approprié de continuer à faire campagne alors que les régions ramènent d’importantes mesures initiées par la santé publique pour lutter contre la propagation de la COVID-19, M. Singh a défendu sa position.

« Un leader doit se montrer », a-t-il dit.

Samantha Waller, une infirmière en soins intensifs à Edmonton, a parlé à M. Singh de la situation désastreuse à laquelle elle est confrontée au travail. Il n’y a pas assez de ressources et les patients meurent, a-t-elle dit.

« Je me suis engagée dans les soins de santé parce que je voulais aider les gens », a-t-elle déclaré dans un plaidoyer émouvant.

Une autre infirmière en soins intensifs, Cathleen Cobb, a fait écho à ces préoccupations.

« J’ai l’impression que nous n’avons pas été capables d’en faire assez pour tout le monde », a déclaré Mme Cobb.

M. Singh a affirmé samedi que « les gens devraient être vraiment fâchés contre les premiers ministres conservateurs. Ils ont fait du boulot horrible et mis la vie des gens en danger. » La santé est de compétence provinciale et M. Singh n’a pas dit comment un gouvernement fédéral néo-démocrate aurait traité la situation différemment.

Le chef néo-démocrate se lançait ainsi à la conquête des comtés conservateurs dans cette région du pays. Malgré tout, il n’a pas ménagé ses attaques envers Justin Trudeau lors de son point de presse à Saskatoon, en Saskatchewan. Il a notamment mentionné que le Parti libéral a abandonné les provinces pendant la quatrième vague.

Comme l’ont souligné à de nombreuses reprises les chefs des autres formations politiques durant la campagne, M. Trudeau est responsable d’avoir déclenché des élections alors que la pandémie n’est pas finie, selon M. Singh. Le chef néo-démocrate croit aussi que le premier ministre sortant n’a pas offert de solutions pour les gens à risque, comme des congés de maladie payés.

« M. Trudeau a égoïstement choisi de déclencher une élection », a-t-il laissé tomber.

M. Singh a visé, la plupart du temps, les libéraux durant la campagne, soutenant qu’un gouvernement néo-démocrate serait une solution de rechange adéquate au parti de M. Trudeau. Si le NPD a tenté de garder une ambiance positive autour de sa campagne, le parti a souvent été très négatif au moment de parler de M. Trudeau.

« Vous avez un choix dans cette élection entre M. Trudeau, qui a voté contre une assurance-médicaments en travaillant avec [Erin] O’Toole, ou le NPD qui va se battre pour vous », a soutenu M. Singh.

« On a dit clairement qu’on veut investir dans les soins de santé. M. Trudeau a maintenu les mêmes coupes que [Stephen] Harper et on veut renverser cette situation. »

Le niveau de popularité du NPD est demeuré plutôt stable durant la dernière semaine de la campagne. Le parti accuse toujours du retard sur les libéraux et les conservateurs selon les plus récents sondages. M. Singh a aussi découragé le vote stratégique, alors que le jour du scrutin approche.

Le chef n’a toutefois pas répondu aux nombreuses questions des journalistes qui souhaitaient savoir s’il appuierait les libéraux dans l’éventualité d’un gouvernement minoritaire à la suite de l’élection de lundi.

Selon M. Singh, le NPD est prêt à voir son nombre de sièges à la Chambre des communes augmenter, ce qui viendrait avec davantage d’influence.

Avec cet objectif en tête, les néo-démocrates tentent de capitaliser sur les électeurs qui sont en colère contre les gouvernements provinciaux pour leur gestion de la pandémie.

Certains peuvent se tourner vers le NPD, mais les sondeurs surveillent également pour voir si d’autres soutiennent le Parti populaire du Canada, divisant le vote à droite. Cela pourrait permettre à certains candidats du NPD de grincer des dents dans une victoire.

Au cours de la tournée éclair de samedi, M. Singh a également visité le pensionnat autochtone de Regina avec la candidate Tria Donaldson avant de s’asseoir avec une poignée de partisans autochtones au restaurant Moose and Bannock. La circonscription de Regina-Lewvan était auparavant détenue par l’ancienne députée néo-démocrate Erin Weir, qui a perdu en 2019 contre les conservateurs.

M. Singh a fait de l’alliance avec les questions autochtones un point clé de sa campagne. Au cours de la séance, on a dit à M. Singh que le calcul du Canada sur les pensionnats et les tombes anonymes ne peut pas être la fin de l’action.

Les participants ont souligné l’appréhension continue des enfants par le biais du système de protection de l’enfance, les droits linguistiques et l’autodétermination comme des questions urgentes nécessitant encore une attention.

« Il est temps que les communautés autochtones prospèrent », a déclaré Chasity Delorme.

M. Singh devait faire des arrêts à Regina et Edmonton plus tard samedi, avant de rentrer en Colombie-Britannique pour la fin de la campagne.