(Lévis) À deux jours du scrutin, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, rêve toujours de 40 sièges, soit huit de plus qu’en 2019.

« Je le souhaite encore. Je le considère comme possible », a-t-il déclaré vendredi en point de presse à Saint-Étienne-des-Grès, en bordure de la rivière Saint-Maurice, près de Shawinigan.

Il s’agit toutefois d’un rêve, a-t-il insisté. Et non d’un objectif.

« J’ai dit que je rêvais de 40 sièges. J’aimerais ça avoir 40 sièges. Je n’ai pas eu d’objectif parce qu’il y a un manque d’humilité dans le fait de dire : c’est ça ou bedon pas pantoute. Et dans la catégorie manque d’humilité, j’ai déjà donné. »

Cependant, M. Blanchet semblait plus optimiste en début de campagne. À Québec, le 16 août, il déclarait avoir un « objectif de 40 », lors d’une conférence de presse. « Mais je ne raconte pas mes rêves », ajoutait-il, laissant entendre qu’il aspirait à davantage.

Est-ce parce que M. Blanchet a révisé ses rêves à la baisse ou est-ce plutôt par prudence tactique en fin de campagne ? On peut poser la question parce que les derniers jours lui ont été relativement favorables. Le dérapage du débat en anglais des chefs fédéraux, tenu le 9 septembre, lui a mis du vent dans les voiles.

Franchement, je pense que dans la plupart des scénarios les plus vraisemblables, le Bloc va finir la soirée lundi avec un relatif sourire.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

À Trois-Rivières, où le chef du Bloc québécois se trouvait vendredi pour courtiser la région, la lutte est pourtant loin d’être gagnée.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Yves-François Blanchet en visite à Trois-Rivières, vendredi

Le Bloc avait créé la surprise, en 2019, en remportant le siège avec une mince avance sur le Parti libéral et le Parti conservateur dans cette circonscription. La bloquiste Louise Charbonneau avait eu 28,5 % des voix, contre 26 % pour la libérale Valérie Renaud-Martin et 25,2 % pour le conservateur Yves Lévesque, ex-maire de Trois-Rivières.

L’éthicien René Villemure, moins connu que ses adversaires, tente de lui succéder.

Malgré tout, M. Blanchet croit aux chances de victoire de son parti. « Je pense que c’est bienveillant pour tout le monde de dire : pensez-y comme il faut en Mauricie, on pense qu’on a quelque chose d’intéressant à vous proposer, a-t-il dit. Et on a un peu l’impression, peut-être pas mal l’impression, que l’appel est bien entendu. »

10 000 km en autocar

Depuis le début de la campagne, M. Blanchet a parcouru près de 10 000 km à bord de son autocar au Québec, soit l’équivalent d’un aller-retour à travers le Canada d’un océan à l’autre !

Cette dernière semaine n’a pas fait exception : Trois-Rivières, Lévis et Québec vendredi, Mont-Saint-Hilaire, Saint-Jérôme et Montréal la veille, Longueuil, Châteauguay, Saint-Bruno-de-Montarville, Varennes mercredi. Ses journées sont longues et ses arrêts, fréquents, comme l’a constaté La Presse cette semaine.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Yves-François Blanchet et son épouse devant l’autocar du Bloc québécois, vendredi, au chantier Davie, à Lévis

M. Blanchet ne ménage pas ses efforts, estimant que les derniers jours de campagne peuvent lui rapporter gros.

À la mairesse de Mercier, Lise Michaud, qui lui demandait mercredi s’il avait beaucoup d’anticipation par rapport au scrutin de lundi, il a répondu : « En fait, c’est très ambivalent. Il y a une moitié de moi qui dit : “ J’ai hâte ”, parce qu’à un moment donné, tsé, le sommeil… Mais il y a l’autre moitié qui dit : “ Il reste cinq jours. ” Cinq jours bien utilisés, c’est peut-être un comté de plus. »

Des batailles serrées

Des luttes serrées s’annoncent en effet dans plusieurs circonscriptions. Dans bien des cas, les libéraux n’ont devancé les bloquistes que par de très faibles marges de quelques points de pourcentage, comme dans Argenteuil, Châteauguay, Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine, Québec, Saint-Maurice et Longueuil–Charles-LeMoyne.

Mais n’oublions pas que le phénomène inverse est possible. Certains gains bloquistes sont fragiles, comme ceux obtenus à l’issue d’une lutte à trois dans Trois-Rivières ou Beauport–Côte-de-Beaupré–Île d’Orléans–Charlevoix, ou encore dans les circonscriptions où les libéraux ne sont pas loin derrière, comme Longueuil–Saint-Hubert, Thérèse-De Blainville ou Rivière-des-Mille-Îles. Dans Berthier–Maskinongé, les néo-démocrates ont talonné les bloquistes.

Dans les circonscriptions où règnent les conservateurs, surtout dans la région de Québec et sur la Rive-Sud de la capitale nationale, où les bloquistes tentent de séduire la même clientèle, des gains pour le Bloc exigeraient des renversements de tendance plus marqués.

« Je nous rappelle à tous, non sans un petit peu de vanité, que pas grand monde pensait qu’on pouvait gagner Beauport–Limoilou, pas grand monde pensait qu’on pouvait gagner Beauport–Côte-de-Beaupré–Île d’Orléans–Charlevoix, pas grand monde pensait même qu’on pouvait gagner Lac-Saint-Jean », a prévenu le chef du Bloc, à Lévis, vendredi.

« On les a gagnées. Je me suis pris à l’idée qu’on pouvait créer des surprises. »

Redoutant un taux de participation faible, le chef bloquiste a insisté une fois de plus sur l’importance d’aller voter.

« Les seules affaires que je veux qu’on commence à afficher davantage, c’est des petits collants marqués “ Votez lundi ”, “ Votez lundi ”, “ Votez lundi ”, parce que le plus grand danger auquel la démocratie en général est exposée, c’est des gens qui vont dire : “ C’est ben compliqué, coudonc ”, et qui vont rester chez eux. Et ça, ça serait éminemment déplorable. »

« Et je le dis pour tout le monde, a-t-il ajouté. Vous êtes verts, NPD, libéral, allez voter. »

Ce qu’il a dit

Sur la souveraineté

« Je pense clairement que les Québécois pourraient vouloir ça avant que j’aie fini de me bercer sur une galerie à ma retraite. Peut-être même bien avant. Mais je pense, de toute évidence, que ça demande une reconfiguration de comment est organisée présentement l’Assemblée nationale du Québec. On n’a aucune raison de penser que demain matin, il y aura une révolution, à laquelle on serait prêt à contribuer le cas échéant. »

Sur la vaccination obligatoire

« S’il y a un secteur où la vaccination obligatoire est pertinente et légitime, c’est bien le secteur de la santé. »

Sur Muskrat Falls

« Le fédéral n’a jamais investi un sou dans le développement d’Hydro-Québec et il n’aurait jamais dû recourir à l’argent des Québécois pour lui créer un rival à Terre-Neuve. Le Bloc propose que les Québécois soient indemnisés en abolissant la TPS sur les factures d’hydroélectricité des ménages, jusqu’à couvrir l’entièreté de la somme de notre argent qu’Ottawa a engouffrée dans ce fiasco. »

Sur le chantier Davie

« Le Québec paie pour ces navires-là. Le Québec veut sa part de la construction de ces navires-là. Et le plus beau, c’est que même l’ensemble du Canada va profiter d’une expertise québécoise, du respect des échéances par le Québec, du respect des budgets par le Québec, et de la qualité et de l’innovation quand ils seront produits au Québec. »