(Montréal) Un poste sur cinq est encore vacant chez les travailleurs d’Élections Canada à six jours du vote, et ce, malgré des équipes déjà réduites.

Sur « un objectif de 215 000 travailleurs », 173 000 ont été embauchés en date de lundi, précise le directeur régional des communications pour Élections Canada, Pierre Pilon. Le recrutement est « toujours un défi, mais ça se résorbe progressivement », ajoute-t-il, se disant « assez confiant » quant aux chances de pouvoir atteindre la cible avant le 20 septembre.

Il indique que les candidatures sont encore acceptées, et peuvent être déposées sur le site d’Élections Canada, dans la section « Emplois ».

Cette année, de manière exceptionnelle, seulement une personne accueillera les électeurs à la table de vote, une tâche qui a toujours été remplie par deux employés. Le scrutateur est habituellement chargé de vérifier l’identité des électeurs et de distribuer les bulletins de vote, alors que le greffier consulte la liste électorale et note les noms de ceux qui sont venus voter.

Ce cumul de fonctions est dû non seulement à « des questions sanitaires de distanciation », mais aussi aux « défis de recrutement » rencontrés par Élections Canada, entre autres à cause de la pandémie, explique M. Pilon.

« Ils coupent un poste qui est essentiel », pense une préposée au scrutin de la grande région de Montréal, qui a préféré taire son nom par peur de conséquences professionnelles.

Selon elle, les scrutateurs restants doivent « faire deux jobs en une, avec le stress que ça peut engendrer », ce qui ralentit un processus déjà alourdi par les mesures sanitaires. 

« Moi, ce que je crains beaucoup, c’est que lundi prochain, les files seront plus longues et les gens vont peut-être se décourager. […] C’est une atteinte directe à la démocratie », dit celle qui a plusieurs années d’expérience concernant le travail en bureaux de scrutin, autant fédéral que provincial.

Elle s’« attend aussi à ce qu’il y ait beaucoup d’erreurs », puisque les scrutateurs seront débordés et devront s’occuper à la fois des bulletins, des pièces d’identité et de la liste. « Des fois, il y a trois homonymes [des personnes qui ont le même nom] dans le même bureau », donne-t-elle en exemple, ce qui peut créer de la confusion. Ce genre d’erreur n’aurait pas d’incidence sur le décompte des votes, mais pourrait créer des retards supplémentaires, puisque du temps serait alors pris pour corriger des détails techniques.

Elle mentionne aussi que malgré le fait qu’ils doivent remplir le double des tâches, « il n’y a pas eu d’augmentation de salaire » pour les scrutateurs. Leur rémunération est de 17,72 $ par heure, selon le site internet d’Élections Canada.

Vote par anticipation

Le vote par anticipation s’est terminé lundi, avec un nombre légèrement plus élevé d’électeurs qu’en 2019, précise M. Pilon. Par exemple, « 1,3 million de Canadiens » se sont présentés au premier des quatre jours, contre « 1,25 million de Canadiens » en 2019.

Malgré le fait que « tout soit ralenti par les mesures liées à la COVID-19 », « ça a très bien fonctionné », affirme le directeur adjoint du scrutin dans la circonscription de Mont-Royal, Ken Henrickson. « C’était un peu plus long qu’à la normale, mais le monde était assez compréhensif. »

Il ajoute que même si une seule personne s’occupait de la table, « d’autres personnes dans la salle, comme le superviseur et ses adjoints, ont la capacité de remplacer » le scrutateur de manière temporaire, le temps de lui laisser une pause ou de trouver un remplaçant au besoin.

La préposée au scrutin, elle, a remarqué dans son bureau de vote un « rush parfois continuel ». « Ça roulait quand même bien », dit-elle, mais seulement « parce que les scrutateurs qui étaient là avaient beaucoup d’expérience ».