(Orford) La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, accuse le premier ministre d’avoir « une approche qui est assez paternaliste » en disant aux Québécois « comment voter » aux élections fédérales. Elle reproche à François Legault d’avoir « abdiqué » en acceptant « de déchirer l’entente de six milliards » pour les services de garde.

« En faisant ce qu’il a fait, il est en train de cautionner qu’on n’aurait pas un six milliards en transfert. Je pense que c’est grave parce que c’est laisser tomber les familles du Québec », a tonné la cheffe libérale lors d’un point de presse mettant fin au caucus présessionnel de sa formation politique, à Orford.

« Je pense que les Québécois sont parfaitement capables de prendre leur décision eux-mêmes, on n’a pas besoin de leur dire pour qui voter », a-t-elle ajouté. Elle voit son intervention comme « clairement une indication » du premier ministre pour dire à la population « comment voter » au scrutin général du 20 septembre prochain.

« C’est une approche qui est assez paternaliste », a-t-elle lâché.

Dans une intervention fracassante jeudi, François Legault a affirmé pencher pour un gouvernement conservateur minoritaire et a appelé les nationalistes québécois à se méfier de Justin Trudeau, dont le programme est « dangereux » comme ceux du NPD et du Parti vert.

Selon lui, l’approche du chef conservateur Erin O’Toole est « bonne » même s’il lui reproche de vouloir déchirer l’entente sur les services de garde qui prévoit un transfert sans condition de six milliards au Québec. M. Legault estime qu’il serait « plus facile » de négocier avec lui, notamment pour rapatrier des pouvoirs.

« Quand M. Legault décide de poser ce geste-là, avant même le jour des élections, il abdique. Il déclare forfait déjà en partant. Le six milliards, il a été signé, et moi, ce que je veux, c’est qu’on se batte pour que ce six milliards-là aille aux familles comme prévu », a martelé Mme Anglade.

« On est en période électorale, c’est le moment d’avoir des positions fortes et demander l’engagement des partis fédéraux », a-t-elle critiqué.

Legault « abandonne » les familles

Rapidement après la déclaration du premier ministre, Dominique Anglade l’avait accusé sur Twitter « d’abandonner » les familles québécoises.

« En souhaitant l’élection d’un gouvernement conservateur, François Legault accepte de déchirer l’entente de 6 milliards et abandonne les parents, les enfants et tout le réseau des services de garde du Québec. Nous nous tiendrons debout pour défendre les intérêts des familles », a-t-elle écrit.

La formation de Dominique Anglade compte précisément sur ces six milliards pour offrir à tous les parents une place à tarif unique en garderie d’ici cinq ans, si elle prend le pouvoir en 2022.

« Ça ne remet aucunement la position que nous avons mise de l’avant », a fait valoir Mme Anglade, en matinée jeudi. « Ce qu’on veut, c’est la part qui revient au Québec. On espère que M. Legault va défendre ce six milliards-là qui appartient aux Québécois », a-t-elle ajouté en mêlée de presse.

Reste que le cadre financier de la formation d’Erin O’Toole - déposé quelques heures avant le débat télévisé en français mercredi - prévoit une économie de 26,7 milliards sur cinq ans en remplaçant le programme national de garde d’enfants des libéraux par un crédit d’impôt aux familles.

Le Parti libéral du Québec admet que « 100 % » des six milliards attendus d’Ottawa seraient dédiés au déploiement de leur engagement pour les services de garde, soit 1,2 milliard par année pendant cinq ans.