(Ottawa) Le moment est venu pour le chef libéral Justin Trudeau de commencer à prendre un peu plus au sérieux les manifestations qui surviennent durant sa campagne, selon des experts en sécurité.

Bien qu’ils ne considèrent pas que la menace ait atteint le niveau où il a besoin d’une bulle des services secrets à l’américaine pour le protéger, ils affirment que l’augmentation des démonstrations de colère impose qu’il prenne davantage de précautions.

La campagne libérale a été harcelée à plusieurs reprises par des groupes de manifestants bruyants — M. Trudeau les a qualifiés d’antivax — qui ont crié des injures racistes et misogynes à son service de sécurité tout en lançant des obscénités et, dans certains cas, des menaces de mort contre le chef libéral.

La gravité des perturbations s’est sensiblement accentuée lundi lorsque des dizaines de manifestants, certains tenant des pancartes critiquant les vaccins et les mesures sanitaires, ont encerclé l’autobus de campagne de Justin Trudeau à London, en Ontario, et lui ont jeté une poignée de cailloux.

La GRC a refusé de commenter les mesures supplémentaires qu’elle pourrait envisager, au-delà de dire qu’elle révise constamment ses mesures de sécurité.

Mais un officier de la GRC à la retraite qui a travaillé sur les détails de la protection des anciens premiers ministres a déclaré que M. Trudeau doit reconsidérer le gain politique de tenir de tels évènements, car la prochaine fois, il pourrait faire face à quelque chose de plus dangereux que des cailloux.

« La prochaine fois, ce sera peut-être quelque chose de plus dur, de plus pointu ou de plus chaud, et ces choses ont tendance à s’intensifier, en particulier lorsque vous avez affaire à des gens qui subissent maintenant ce stress à long terme d’avoir été enfermés à cause de à COVID », a déclaré Chris Mathers, fondateur d’un cabinet de conseil international en sécurité.

« Nous avons tous des amis que nous pensions normaux, et nous voyons maintenant qu’ils ne le sont peut-être pas autant, a-t-il dit. Et ce sont le genre de personnes qui sortent. »

M. Mathers est en désaccord avec certains experts qui sont d’avis que le Canada doit adopter des mesures de sécurité plus strictes, semblables à celles des services secrets américains. Il dit que ce qui est nécessaire pour protéger un président américain par rapport à un premier ministre canadien, c’est comme comparer « des pommes à des oranges ».

M. Mathers a affirmé qu’il sait que ses anciens collègues prennent les menaces extrêmement au sérieux aujourd’hui et traitent avec un client — ​​M. Trudeau — qui suit également de très près leurs conseils.

« Mes amis qui protègent le premier ministre ont dit une chose à son sujet – il reste toujours dans la boîte, soit d’être entouré des gardes du corps, contrairement à certains des autres premiers ministres », a déclaré Mathers.

Le directeur exécutif du Réseau canadien anti-haine, Evan Balgord, croit qu’il est possible que certaines des personnes qui suivent Justin Trudeau fantasment sur l’utilisation de la violence contre leurs ennemis présumés.

De leur point de vue, M. Trudeau et les responsables de la santé publique qu’ils blâment pour les mesures sanitaires pour lutter contre la COVID-19 en feraient partie, selon lui.

M. Balgord a soutenu que les groupes qui traquent la campagne de Justin Trudeau à travers le pays sont organisés et croient aux théories du complot relatives à la pandémie de COVID-19.

« Je suis en fait un peu surpris qu’il n’y ait pas plus de précautions qui aient été prises par l’entourage du premier ministre en particulier, pour essayer de le protéger », a déclaré M. Balgord.

« Une personne instable dans cet environnement pourrait décider d’agir sur le fantasme partagé de tout le monde de tuer le premier ministre. »

M. Balgord a décrit les groupes qui manifestent contre Justin Trudeau comme un « mouvement insurrectionnel violent » qui ne croit ni en la démocratie ni en la science.

Bien que le mouvement anti-confinement soit « lâche » et comprenne de nombreuses personnes qui ne sont pas membres de groupes haineux, il contient toujours de nombreux groupes d’extrême droite, a-t-il dit.

Il a expliqué que ces groupes organisent leurs manifestations dans des groupes de discussion que son organisation surveille sur Facebook et Telegram, ce qui permet aux militants d’extrême droite d’essayer de radicaliser davantage ceux qui croient aux théories du complot sur la COVID-19. M. Balgord a ajouté que ces personnes diffusent des messages racistes et contre les groupes LGBTQ.

M. Mathers a expliqué que la sécurité de Justin Trudeau essaie également de suivre les mouvements hostiles dans le cyberespace, mais les défis augmentent à mesure que de plus en plus de personnes se tournent vers des applications cryptées pour brouiller les pistes.

Il a aussi affirmé que les manifestants ne sont pas aussi sophistiqués que certains le craignent, notant qu’ils obtiennent leurs informations des médias sociaux.