(London) Le chef libéral Justin Trudeau a été pourchassé toute la journée de lundi par des dizaines de manifestants contre la vaccination et les mesures sanitaires. À London, en Ontario, certains lui ont même lancé des petites roches alors qu’il entrait dans l’autobus de campagne.

En quelques minutes, le petit groupe de manifestants qui se tenait à l’extérieur de la brasserie où M. Trudeau rencontrait des électeurs a grossi pour devenir une foule d’environ une cinquantaine de personnes. Bon nombre d’entre eux portaient des casquettes et chandails à l’effigie du Parti populaire du Canada (PPC). Une candidate du PPC, Chelsea Hillier, était sur place.

« Nous avons passé 18 mois à bâtir des réseaux à travers cette province et ce pays. Il n’y a littéralement nulle part qu’il peut aller sans que nous soyons au courant », a déclaré la candidate d’Elgin-Middlesex-London à La Presse Canadienne.

Pourtant, la campagne libérale diffuse un minimum d’information sur les allées et venues de M. Trudeau pour éviter d’attirer les foules. Cette journée-là, seule la conférence de presse du matin à Welland, dans la région du Niagara, avait été communiquée sans l’adresse en matinée. Une poignée de manifestants y étaient tout de même présents à l’entrée de l’usine d’aluminium.

Plus tard, des dizaines de manifestants armés de mégaphones et de pancartes du PPC attendaient le chef libéral à l’extérieur d’un restaurant de Brantford, toujours dans le sud de l’Ontario. Les policiers locaux et membres de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ont dû former un mur pour lui permettre de rentrer et de sortir de son autobus. Les détails de cet évènement n’avaient pas été diffusés.

« J’ai eu un message hier soir au sujet de Welland de quelqu’un à l’interne. Et de Welland, nous avons été capables de nous mobiliser, nous avons été capables de le traquer dans le sud-ouest de l’Ontario », a décrit Mme Hillier, après coup.

Lundi matin, le chef libéral a défendu son choix de participer à des évènements publics malgré les risques liés à la sécurité.

« Je ne vais pas reculer. Je ne vais pas hésiter à continuer à me battre pour un Canada où les gens sont protégés, un Canada où les gens suivent la science, un Canada où on peut éviter d’autres confinements pour revenir à la vie normale. Et je sais que tous les libéraux, candidats et militants à travers le pays, sont aussi prêts à se tenir debout pour un Canada meilleur », a-t-il dit à Welland.

« Pour ceux et celles qui se demandent encore pourquoi on a une élection, vous n’avez qu’à regarder l’intensité des débats autour des enjeux qui sont tellement importants pour les Canadiens », a-t-il ajouté.

Réactions

Si tous les adversaires de M. Trudeau dénoncent les propos haineux des manifestants à l’endroit du chef libéral, tous avaient aussi leur grain de sel à ajouter sur la polarisation vécue dans cette campagne électorale qui sort de l’ordinaire.

« Oui, on a reçu des menaces. On continue à recevoir des menaces et c’est un problème. […] Par rapport à moi, non, je n’ai pas des inquiétudes. Mais j’ai des inquiétudes pour mon équipe. J’ai des inquiétudes pour les gens qui travaillent avec nous. J’ai des inquiétudes pour mes bénévoles », a soutenu le chef néodémocrate Jagmeet Singh, de passage à Hamilton, en Ontario.

Le chef du Bloc québécois, qui suggérait au chef libéral de ne pas « jeter de l’huile sur le feu » la semaine dernière, a rappelé qu’il avait également condamné aussi les actions des manifestants.

« Avant qu’on s’émoustille sur le fait que, effectivement, je trouvais que l’attitude du premier ministre n’est pas aussi rassembleuse qu’elle aurait dû l’être et aussi responsable qu’elle aurait dû l’être, j’avais clairement, sans équivoque, dénoncé toute espèce de geste ou de manifestation qui pouvaient nuire ou inhiber la capacité d’un chef de parti en campagne électorale de s’exprimer librement », a affirmé Yves-François Blanchet.

M. Trudeau continue de lier M. O’Toole aux manifestants anti-vaccins, même sans preuve, et saisit chaque occasion pour rappeler qu’il a des candidats non-vaccinés. Erin O’Toole, lui, s’est porté à leur défense.

« Je pense que la grande différence entre Justin Trudeau et moi, c’est que je respecte les gens même quand nous ne sommes pas d’accord. […] C’est d’avoir une approche de respect et d’essayer de travailler avec les gens pour surmonter leurs préoccupations au sujet de la vaccination. […] Nous avons tous un rôle à jouer et je pense vraiment que ce n’est pas le temps de créer un moment de « eux contre nous » », a déclaré M. O’Toole, de son studio d’Ottawa.

Il a du même coup déploré la tournure de la campagne. « J’aimerais voir une campagne sur les idées. Le harcèlement des candidats, de n’importe quel parti, c’est inacceptable. Et on doit avoir un débat sur l’avenir », a-t-il réitéré.