(Montréal) Les maires des cinq plus grandes villes du Québec réclament que les chefs des principaux partis fédéraux s’engagent « clairement et fermement » à lutter contre le trafic d’armes à feu.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, le maire de Québec, Régis Labeaume, le maire de Laval, Marc Demers, le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin et la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, ont convoqué la presse mardi au Vieux-Port de Montréal afin de traiter du sujet dans le but avoué de mettre de la pression sur les chefs à la veille du débat des chefs en français.

Leur sortie survient alors que le sujet des armes d’assaut continuait de hanter le chef conservateur lundi, pour une quatrième journée d’affilée.

Erin O’Toole avait renoncé dimanche à une de ses promesses en annonçant qu’il n’abolirait finalement pas un décret interdisant certains types d’armes de style militaire, tout en promettant de revoir la classification de ces armes. Selon ses adversaires libéraux, un tel exercice vise simplement à autoriser à nouveau la possession de certaines de ces armes.

Dans sa liste de demandes aux partis fédéraux, Montréal réclamait à la fin août une interdiction pancanadienne de la possession privée des armes de poing et d’assaut afin de s’attaquer « à la source du problème » de la montée des épisodes de violence par armes à feu.

Un projet de loi du gouvernement libéral, déposé en février, envoyait la gestion des armes de poing dans la cour des municipalités, ce qui avait suscité un tollé. Des survivants, des membres de familles des victimes du massacre de 1989 à l’École Polytechnique de Montréal et des étudiants de l’époque du carnage avaient même averti le premier ministre Justin Trudeau qu’ils n’accepteraient plus jamais qu’il soit à leurs côtés lors des commémorations annuelles de la fusillade.

Dans un geste de désaveu, les élus de l’Assemblée nationale avaient alors réclamé, unanimement, qu’Ottawa lui délègue le pouvoir d’interdire les armes de poing. Le gouvernement québécois n’a cependant jamais dit qu’il légiférerait en la matière.

Le Parti libéral du Canada promet désormais de remettre aux provinces le pouvoir de légiférer en matière d’armes de poing, une position qui continue de décevoir le groupe PolySeSouvient, qui note que l’Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta n’en veulent pas.

Le co-président de la campagne libérale pour le Québec, Pablo Rodriguez avait expliqué samedi qu’il s’agit d’une « démonstration de fédéralisme flexible et coopératif ».

Pour le Bloc québécois, « à défaut d’avoir le courage d’agir, Ottawa devra minimalement donner le pouvoir de bannir les armes de poing au Québec et aux provinces ».

Les plateformes du Parti conservateur du Canada et du Nouveau Parti démocratique ne précisent pas une interdiction des armes de poing sur un territoire précis.

Les conservateurs indiquent vouloir chercher à « garder les armes à feu loin des mains des criminels », tandis que les néo-démocrates s’engagent à travailler pour garder les armes « hors de nos rues » et à s’attaquer « à la contrebande d’armes à feu et au crime organisé ».

La violence par armes à feu a fortement augmenté dans les dernières années au Canada. Selon Statistique Canada, le nombre d’infractions de ce type est passé de 3544 en 2019 à 4137 en 2020, ce qui constitue une augmentation de 15 %, soit la sixième hausse annuelle consécutive.