Le chef bloquiste Yves-François Blanchet s’engage à redéposer un projet de loi similaire à C-216 pour empêcher « toute future brèche » dans la gestion de l’offre au Québec, qu’il accuse les libéraux et les conservateurs de « sacrifier » dans chaque nouveau traité commercial.

« À chaque traité commercial dans lequel le Canada s’engage, il sacrifie des morceaux de la gestion de l’offre », a affirmé M. Blanchet lors d’une mêlée de presse tenue à Longueuil vendredi matin, après une rencontre avec le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau. « 1, 2 ou 3 % de marché garanti, ça représente la partie du haut de ton revenu, celle qui te donnerait un minimum de dégagement, peut-être dans certains cas un petit profit, celle qui te permet d’avoir un peu plus de main-d’œuvre », a insisté le chef.

Pour lui, le modèle agricole québécois « se protège lui-même, mais doit quand même évoluer », notamment « parce qu’il est confronté à la concurrence étrangère qui n’applique pas les mêmes règles, les mêmes normes, la même sévérité et la même prudence en matière de ce qui se rend à notre assiette ».

Le député sortant de Berthier–Maskinongé et porte-parole du Bloc en matière d’agriculture, Yves Perron, a précisé dans une déclaration qu’il avait l’intention de « redéposer un projet de loi similaire à C-216 », qui a pour objectif d’exclure la gestion de l’offre de toutes éventuelles négociations avec d’autres États. Il n’a toutefois pas encore été adopté officiellement.

« Nous serons vigilants », dit Perron

M. Perron s’est aussi dit « très inquiet de voir le gouvernement Trudeau menacer, cet été, de refuser de mettre en vigueur le projet de loi C-208 », qui favorise le transfert intergénérationnel des fermes. « La pression a fait reculer Ottawa à la veille des élections, mais nous serons vigilants pour que le prochain gouvernement ne vienne pas défaire le travail accompli », a assuré le bloquiste.

Le Bloc demande également que soit « rapatrié » au Québec le Programme des travailleurs étrangers temporaires, qui pour l’instant est de compétence fédérale.

Son chef, Yves-François Blanchet, ajoute qu’il est possible d’apporter des « modifications en termes de main-d’œuvre étrangère et temporaire », pour s’attaquer à la pénurie. « On peut avoir des permis de travail de trois ans plutôt que d’un an, de telle sorte que ça donne de la prévisibilité. […] Il y a aussi la possibilité de mise en commun, donc des agriculteurs qui se partagent un bassin de main-d’œuvre qu’ils auront fait venir ensemble, simplifiant le processus administratif », a-t-il dit, en appelant à mettre les demandes de permis de travail des travailleurs agricoles « sur le dessus de la pile ».

« On voit aussi des entreprises non agricoles qui viennent marauder des travailleurs agricoles, qui sont venus ici aux frais à la fois financiers et administratifs d’entreprises agricoles. Il faut encadrer ce phénomène-là qui peut s’avérer très nuisible », a prévenu M. Blanchet.

Avec La Presse Canadienne