Les chefs fédéraux dressaient jeudi soir un bilan somme toute positif de leur premier débat télévisé, même s’il reste encore à déterminer l’impact qu’auront ces débats sur les sondages qui, pour l’instant, enverraient un gouvernement conservateur minoritaire au Parlement.

« Quel plaisir que d’avoir l’occasion de parler directement à quelque chose comme un million de personnes de façon assez longue, en réaction aux commentaires des autres chefs. Je trouve que l’exercice est extrêmement pertinent. Ça m’a permis de parler de façon franche, sans langue de bois, sans réponse apprise par cœur », a réagi le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Si l’exercice est « très agréable », le chef bloquiste a néanmoins soutenu qu’il n’existe probablement pas de « formule parfaite » pour tenir un débat. « Cela dit, je ne me suis pas senti lésé et je n’ai pas eu l’impression que le format nuisait à ce que l’information se rendre au bon jugement des électeurs », a-t-il dit.

Le néo-démocrate Jagmeet Singh, lui, s’est dit heureux d’avoir pu exprimer ses idées aux Québécois. Il s’est attaqué à de nombreuses reprises la question des inégalités des classes sociales au courant du débat. « Je pense que les gens sont prêts à dire que les ultras-riches doivent payer leur juste part », a-t-il souligné, en référence à l’un de ses slogans de campagne.

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Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh

« Je ne pense pas que le fait de se choquer était une bonne idée. J’ai vu que M. O’Toole et M. Trudeau se sont disputés. Ce n’est pas la bonne façon de faire. On parlait de soins de santé et les deux se chicanaient », a néanmoins soutenu en anglais M. Singh, qui dit vouloir faire de la politique « autrement ».

O’Toole content d’avoir « parlé de sa vision »

« C’était très intéressant », a de son côté réagi le chef conservateur Erin O’Toole, en se disant « satisfait » d’avoir pu parler de son « contrat avec les Québécois » et de ses priorités, notamment la santé mentale et le rééquilibrage du budget « dans la prochaine décennie ». « Comme nouveau chef, c’était important pour moi de parler de ma vision », a soutenu M. O’Toole, en se disant « content » de sa performance ». « C’était excellent pour moi de parler de mon Plan de rétablissement, et de la relance économique dans toutes les régions », a-t-il indiqué.

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Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole

Le conservateur a aussi déclaré qu’il « était excellent d’avoir un débat » dans sa ville natale, lui qui est né à Montréal au début des années 70. Questionné pendant le débat et par les journalistes, M. O’Toole n’a pas précisé si tous ses candidats sont vaccinés. Un protocole de vaccination et de tests de dépistage réguliers a été mis en place dans son parti, a-t-il néanmoins souligné.

Le chef libéral, Justin Trudeau, a quant à lui avoir eu beaucoup de « plaisir » en « partageant ce moment avec tous les Québécois ce soir ». Il affirme que les gens ont pu voir « que nous avons tous des visions et des contrastes dans nos approches pour en finir avec la pandémie ». « Par-dessus tout, on a vu ce soir qu’il y a vraiment des enjeux auxquels les conservateurs ne peuvent pas répondre ou bien ne veulent pas répondre », a martelé M. Trudeau, en attaquant directement Erin O’Toole.

M. Trudeau est aussi revenu sur une déclaration qu’il a faite pendant le débat indiquant « qu’on se retrouverait dans 18 mois pour une autre élection si on a un gouvernement minoritaire ». « La réalité, c’est que la vie moyenne d’un Parlement minoritaire dans l’histoire canadienne, c’est 18 mois », s’est-il justifié à ce sujet.

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Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau

« J’ai hâte de pouvoir entreprendre de grandes choses avec les Québécois et les Canadiens dans les années à venir, mais tout d’abord, il faut être sans équivoque d’en finir avec la pandémie. C’est exactement ce qu’on va faire », a conclu le premier ministre sortant.

On ignore encore quel impact aura ce débat sur les intentions de vote. Chose certaine : aux dernières élections, le Face-à-Face de TVA avait marqué un tournant de la campagne.

Le chef conservateur de l’époque, Andrew Scheer, avait trébuché sur la question de l’avortement en entretenant le flou sur sa position personnelle. Dès lors, le Parti conservateur avait perdu des plumes dans les intentions de vote dans les sondages au Québec, une chute qui avait d’ailleurs largement profité au Bloc québécois d’Yves-François Blanchet.