Les promesses des chefs des partis fédéraux s’accumulent depuis le début de la campagne. En santé, en éducation, en environnement, les formations proposent des visions différentes, mais parfois convergentes. À l’aube du scrutin, voici les principaux engagements des partis jusqu’ici.

Santé

PLC : Justin Trudeau s’engage à investir 6 milliards pour accélérer l’élimination des listes d’attente dans les réseaux de santé, ainsi que 3 milliards pour embaucher 7500 médecins de famille et infirmières. Il veut aussi investir 6 milliards pour établir des normes nationales dans les soins de longue durée, et consacrer 4,5 milliards à la création d’un nouveau transfert fédéral en santé mentale. La plateforme libérale chiffrée prévoit 78 milliards de dépenses et 25 milliards de nouvelles recettes.

PCC : Erin O’Toole promet d’augmenter le financement des soins en santé mentale pour les provinces, de relancer l’industrie pharmaceutique au Canada et de resserrer les lois anticorruption en santé. Son parti entend augmenter de nouveau les transferts fédéraux en santé aux provinces de 6 % par année avec un investissement de 60 milliards. Mais son programme chiffré montre que la promesse ne lui coûterait que 3,6 milliards les premiers cinq ans. C’est plus tard dans un horizon de dix ans que la balance des 60 milliards promis par M. O’Toole serait versée aux provinces.

NPD : Jagmeet Singh interdirait l’ouverture de tout nouveau foyer à but lucratif destiné aux personnes âgées ayant besoin de soins. Il créerait des normes nationales pour obliger les établissements à rendre des comptes. Comme MM. O’Toole et Trudeau, Jagmeet Singh s’est aussi engagé à rendre criminelle l’obstruction à des soins de santé, dans la foulée des manifestations anti-vaccin se tenant devant les hôpitaux. Son plan en santé comprend 68 milliards de nouvelles dépenses sur cinq ans. La création d’un programme national d’assurance-médicaments coûterait par exemple 11,5 milliards en 2025-2026.

BQ : Yves-François Blanchet souhaite augmenter les transferts en santé pour les faire passer de 22 % à 35 % des coûts des soins de santé. Il veut soutenir, par crédit d’impôt, les soins à domicile. Son parti demande que les prestations spéciales de l’assurance-emploi pour les personnes malades atteignent 50 semaines. Il exige que Québec soit maître d’œuvre de tous les montages financiers en santé, et critique les transferts avec conditions proposés par les libéraux et le NPD, notamment.

PVC : Annamie Paul veut faire passer les transferts en santé à 35 %, mais veut aussi des normes nationales. Son parti entend « introduire de nouvelles initiatives » telle une garantie de soins de base pour imposer un minimum de quatre heures de soins infirmiers ou personnels réglementés par jour pour chaque résidant.

Environnement

PLC : Justin Trudeau investirait 1 milliard sur 10 ans pour renforcer la protection des plus importants cours d’eau au pays, dont le Saint-Laurent. Il s’engage à éliminer les subventions à l’industrie des combustibles fossiles d’ici 2023, et non pas 2025, comme il s’y était engagé avant la campagne, et à adopter d’ici le printemps 2022 un « étiquetage obligatoire des produits chimiques dans les produits de consommation ». Acheter Trans Mountain n’était pas « dans ses valeurs », a-t-il aussi soutenu en entrevue à La Presse.

PCC : Erin O’Toole propose l’adoption d’une politique d’achat faible en carbone, en augmentant les exportations « de nos ressources les plus propres », dont l’aluminium québécois. Il promet aussi de se limiter à deux chantiers de pipelines au pays, et s’engage à créer des emplois verts et durables.

BQ : Yves-François Blanchet propose l’instauration d’une péréquation verte pour récompenser les provinces qui luttent avec efficacité contre les changements climatiques. Il veut aussi que le gouvernement fédéral négocie une exemption avec les États-Unis pour stimuler les occasions d’affaires offertes par le plan de relance de Joe Biden. Le Bloc réclame des investissements massifs dans l’innovation écologique.

NPD : Jagmeet Singh souhaite mettre sur pied une « Banque canadienne du climat » qui permettrait de financer des projets consacrés à la lutte contre les changements climatiques. L’objectif de son parti est d’y transférer tous les fonds de la Banque de l’infrastructure du Canada. Il promet de mettre fin immédiatement aux subventions pétrolières.

PVC : Annamie Paul dit avoir le « seul vrai plan » pour lutter contre la crise climatique. En plus de mettre fin à la construction de nouveaux pipelines et aux subventions pétrolières, elle veut développer un réseau national d’énergie et d’infrastructures vertes, créer des emplois durables dans ce réseau et imposer un tarif supplémentaire sur les marchandises importées de pays ayant des politiques faibles de réduction des GES.

Logement

PLC : Justin Trudeau veut créer un compte d’épargne non imposable allant jusqu’à 40 000 $ pour les moins de 40 ans voulant accéder à la propriété. Les libéraux promettent aussi de doubler le crédit d’impôt pour l’achat d’une première propriété, qui passerait de 5000 $ à 10 000 $. Son parti s’engage à bâtir, maintenir ou rénover 1,4 million de maisons d’ici quatre ans.

PCC : Erin O’Toole s’engage à construire un million d’habitations d’ici trois ans. Il promet aussi de « revoir le portefeuille immobilier du gouvernement fédéral » – qui demeure l’un des plus gros propriétaires fonciers au Canada avec 37 000 bâtiments – pour « en libérer au moins 15 % » pour du logement.

BQ : Yves-François Blanchet veut exiger un réinvestissement « progressif » en logement, jusqu’à ce qu’on atteigne 1 % des revenus annuels du fédéral, soit 3 milliards. Il propose la mise en place de crédits d’impôt « permettant les rénovations écoénergétiques » dans les logements intergénérationnels, afin de permettre aux personnes âgées en perte d’autonomie de rester chez elles.

NPD : Jagmeet Singh promet d’imposer une taxe de 20 % sur la vente de propriétés à des acheteurs étrangers « qui ne sont pas citoyens ni résidents permanents ». Il veut aussi doubler le crédit d’impôt fédéral pour une première maison, puis le « transformer en un remboursement », promet 500 000 nouveaux logements abordables en 10 ans et veut faire passer de 50 % à 75 % la taxation des riches spéculateurs.

PVC : Annamie Paul veut un moratoire sur les expulsions de logement « jusqu’à la fin de la pandémie et par la suite, pendant une période raisonnable ». Elle souhaite implanter un programme national d’aide aux loyers impayés, améliorer l’allocation de logement du Canada et « redéfinir la notion de logement abordable ».

Économie

PLC : Justin Trudeau s’engage à augmenter les taux d’imposition des « grandes institutions financières » de trois points de pourcentage, le faisant passer de 15 % à 18 % dans un prochain mandat libéral. Son parti compte établir un « dividende de la relance » qui serait payé par les banques sur quatre ans. Il compte aussi créer un crédit d’impôt de 1650 $ pour la prolongation de la carrière.

PCC : Erin O’Toole promet de « récupérer » d’ici un an un million d’emplois perdus pendant la pandémie, de créer un « prêt pour la relance des PME » qui irait jusqu’à 200 000 $ et d’assumer la moitié du salaire des employés nouvellement embauchés « pendant six mois après la fin de la Subvention salariale d’urgence ». Il veut aussi rééquilibrer le budget d’ici 10 ans.

BQ : Yves-François Blanchet demande la suspension de la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE), ainsi que des mesures pour encourager le retour au travail des aînés qui le souhaitent. Son parti souhaite proposer une réforme globale de l’assurance-emploi et soutenir les entreprises saisonnières.

NPD : Jagmeet Singh promet que le taux d’imposition pour les personnes gagnant plus de 210 000 $ sera augmenté à 35 %, alors que ceux dont la fortune dépasse les 10 millions devront payer un « impôt sur la fortune de 1 % ». Il veut utiliser les fonds dégagés par ces mesures pour financer une relance verte.

PVC : Pour Annamie Paul, le plan de relance économique doit d’abord et avant tout être « vert ». Elle prône une réduction de 60 % des émissions par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, avec des objectifs et des échéanciers pour créer des emplois dans l’industrie verte.

Affaires autochtones

PLC : Justin Trudeau a déjà promis, avant la campagne électorale, d’affecter 1,4 milliard de dollars sur cinq ans aux soins de santé destinés aux autochtones. Il s’est aussi engagé à mettre un terme à la discrimination dans les réseaux de santé, dans la foulée de l’affaire Joyce Echaquan notamment.

PCC : Erin O’Toole veut créer avec les Premières Nations et d’autres groupes autochtones une Société canadienne autochtone, avec un budget initial de 5 milliards, afin de s’assurer que les communautés soient des partenaires du développement des ressources naturelles.

BQ : Yves-François Blanchet veut abolir la Loi sur les Indiens et faciliter, par des mesures incitatives, l’embauche d’autochtones. Le Bloc veut travailler à ce que les services policiers autochtones « soient reconnus comme des services essentiels au sens de la loi et puissent se prévaloir d’un financement garanti à long terme ».

NPD : Jagmeet Singh compte veiller à une « pleine mise en œuvre des recommandations » de la Commission de vérité et réconciliation et de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Parmi les engagements de son parti, on compte la création d’un Conseil national de réconciliation « chargé d’assurer la surveillance et la reddition de comptes ».

PVC : Annamie Paul estime qu’une véritable réconciliation nécessite l’autodétermination des peuples autochtones et un pouvoir de décision permanent. Elle propose un « organe officiel réunissant la Couronne et les gouvernements autochtones », qui inclurait des sièges permanents pour les gouvernements autochtones.