Le chef libéral Justin Trudeau continue de faire de la santé une priorité de sa campagne. En Ontario mardi, il a promis de dégager 4,5 milliards pour créer un nouveau transfert fédéral qui aidera les provinces et territoires à élargir leurs services en santé mentale.

« La santé mentale doit être traitée au même titre que tous les autres problèmes de santé. Et ça fait longtemps que notre gouvernement le sait. On a investi des milliards et offert des millions en aide directe. Mais il y a encore beaucoup à faire », a résumé le premier ministre sortant lors d’une conférence de presse tenue en matinée dans une cour privée d’Ottawa, accompagné de sa candidate dans Kanata-Carleton, Jenna Sudds, et de son candidat dans Hull-Aylmer, Greg Fergus.

Dans un communiqué, le parti a précisé que le Transfert canadien en matière de santé mentale serait de l’ordre d’un investissement initial de 4,5 milliards sur cinq ans pour l’ensemble des provinces et territoires. Cette somme s’ajouterait aux accords bilatéraux en santé mentale signés en 2017.

Les libéraux calculent qu’en y ajoutant le transfert en santé mentale, ce sont 2,5 milliards par année qui seraient consacrés par le gouvernement fédéral en services de santé mentale d’ici 2025-2026.

Encore et toujours, l’enjeu des compétences

Conscient que son annonce risque d’irriter encore davantage le Québec, Justin Trudeau a réitéré qu’il ne compte pas « commencer à microgérer les soins de santé ». « On sait que c’est une responsabilité provinciale. Mais tout comme je crois que vous devriez avoir un médecin de famille ou une équipe de santé familiale, je crois aussi que vous devriez avoir accès à du soutien en santé mentale si vous en avez besoin », a soutenu le chef libéral à ce sujet.

« De ma perspective, le gouvernement fédéral continue d’avoir une responsabilité pour le bien-être de tous les Canadiens », s’est-il ensuite justifié.

Il réagissait ainsi à sa façon à la sortie du premier ministre du Québec, François Legault, qui a ouvertement critiqué jeudi l’approche libérale qu’il qualifie de centralisatrice. Les provinces réclament plutôt une hausse des transferts en santé, sans condition, pour répondre aux besoins pressants dans le domaine.

M. Legault avait en effet lancé une attaque vers « deux partis fédéraux qui ont une approche beaucoup plus centralisatrice », qui « veulent choisir à la place du gouvernement du Québec les priorités en santé » et empiéter sur son champ de compétence. Ses propos laissaient bien peu de doute sur l’identité des deux partis en question, et le premier ministre les a nommés lors de la période des questions avec les journalistes : « Le Parti libéral et le NPD. »

« On ne va pas dire aux provinces exactement comment elles doivent livrer ça. Ça va être fait en partenariat avec les provinces, comme on le fait sur bien des enjeux, dont les garderies et l’internet haute vitesse », a rétorqué mardi Justin Trudeau.

De passage à Sherbrooke, le chef du Bloc québécois n’a pas manqué l’occasion de dénoncer « les conditions » de ce nouveau transfert. « Québec est le seul maître d’œuvre en matière de santé, la santé incluant la santé mentale », a martelé Yves-François Blanchet.

S’il est réélu, le gouvernement libéral compte aussi verser 500 millions sur quatre ans pour assurer le bien-être des étudiants, notamment en appuyant l’embauche de jusqu’à 1200 nouveaux conseillers en santé mentale. Ces engagements en santé mentale s’ajoutent aux promesses en matière de santé depuis le début de la campagne de fournir des fonds ciblés aux provinces et aux territoires, toujours en échange de cibles à atteindre dans des secteurs définis.

Avec La Presse Canadienne