Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a suggéré lundi au chef libéral Justin Trudeau de « ne pas jeter de l’huile sur le feu », en laissant entendre que son attitude pouvait être « un peu baveuse » à l’égard des manifestants contre les vaccins qui ont perturbé ses annonces au cours du week-end.

« Je me permettrais – c’est mon avis, je ne dicte rien à personne – de suggérer au premier ministre de ne pas jeter de l’huile sur le feu. C’est un homme qui d’habitude a des propos assez affables et lorsqu’il interpelle les manifestants, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi fâché », a expliqué M. Blanchet en marge d’une mêlée de presse tenue lundi matin au marché Maisonneuve, dans l’est de Montréal.

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Même si les manifestants « ne sont pas des gens très propices au dialogue », le chef bloquiste affirme « qu’une attitude responsable, rassembleuse et informative serait davantage de nature à réduire ce genre de risque qu’une attitude un petit peu baveuse ».

Je ne dis pas que c’est de sa faute. Clairement pas. Je dis qu’il doit faire preuve de davantage de modération dans la façon dont il présente ses idées. […] On n’a pas envie d’avoir une campagne électorale qui roule avec des thèmes sur les manifestations autour de M. Trudeau.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, qui appelle à trouver une façon « d’apaiser » le débat.

Ultimement, M. Blanchet souhaite que le premier ministre sortant « puisse s’exprimer librement, présenter ses idées et faire apparaître un programme électorat à un moment donné », bref que « cette distraction déplorable sur le fond et la forme soit derrière lui et derrière nous tous », a-t-il également avancé.

Plus tard lundi, la réaction des libéraux est venue de la voix de la ministre sortante du Développement économique et candidate dans Ahuntsic-Cartierville, Mélanie Joly. « Les insinuations du chef du Bloc sont tout à fait inacceptables. Nous avons tous la responsabilité de dénoncer les actes de violence et les discours haineux comme ceux que nous avons vus au cours des derniers jours », a-t-elle fustigé.

Des demandes pour les nouveaux arrivants

Le chef du Bloc québécois a par ailleurs présenté lundi une série de demandes pour assurer une « intégration réussie » des nouveaux arrivants au Québec. Il a réitéré l’importance de rapatrier la gestion de la catégorie d’immigrants « Regroupement familial » au gouvernement du Québec, une demande déjà exprimée par François Legault. Par un projet de loi, M. Blanchet veut aussi faire de la « connaissance suffisante du français » une condition pour obtenir la citoyenne à partir du Québec. Il souhaite également permettre à la province « de choisir son propre modèle d’accueil et d’intégration ».

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, REUTERS

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

« Je ne suis pas quelqu’un qui craint le nombre d’immigrants. Mais on a des obligations. Le nombre est tributaire de notre capacité à leur offrir une maîtrise adéquate de la langue française. C’est incontournable pour une intégration harmonieuse », a dit le chef bloquiste. « Il n’y a probablement personne pour qui il sera plus difficile d’apprendre le français que les centaines ou peut-être les milliers d’Afghans qui viendront au Québec », a-t-il aussi reconnu.

Son groupe exige qu’Ottawa « cesse de refuser massivement des visas temporaires aux étudiants francophones » qui veulent suivre des formations au Québec, « alors que le français est en recul partout » et que la pénurie de main-d’œuvre frappe durement plusieurs secteurs.

Le Bloc, qui croit que la solution passe aussi par une « régionalisation » de l’immigration, demande au passage d’investir pour « éliminer les délais fédéraux inacceptables dans le traitement des demandes de résidents permanents en provenance du Québec », en informatisant la gestion des dossiers et en mettant à jour les « pratiques bureaucratiques archaïques ».

« Au Québec, si on n’est pas plus vigilants et actifs dans l’intégration en français, on échappe un nombre significatif de nouveaux Québécois qui ne s’intègrent pas en français », a rappelé M. Blanchet, en plaidant pour des gestes politiques « généreux, bienveillants et responsables » à l’égard des nouveaux arrivants.