En disant prendre « très au sérieux toute allégation d’inconduite sexuelle ou de harcèlement », le chef conservateur Erin O’Toole a confirmé lundi l’exclusion d’un candidat en Nouvelle-Écosse, dans la foulée d’une dénonciation d’agression sexuelle publiée en ligne.

« Nous prenons très au sérieux toute allégation d’inconduite sexuelle ou de harcèlement. C’est pourquoi cette personne n’est plus candidate pour notre parti. Nous devons nous assurer que nous avons une poignée de candidats qui sont ici pour servir le pays, et que nous montrons notre soutien aux victimes et une tolérance zéro pour les personnes faisant l’objet d’allégations », a soutenu M. O’Toole, en Ontario.

Plus tôt lundi, le parti avait révélé dans un bref communiqué que Troy Myers n’est plus le candidat dans Dartmouth-Cole Harbour, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Les responsables de la campagne nationale soutiennent avoir pris connaissance d’une « grave allégation » contre lui, dimanche soir. « Nous traitons les allégations d’inconduite sexuelle avec le sérieux qu’elles méritent. Le Parti conservateur a demandé à M. Myers de retirer sa candidature, et il a accepté », ajoute-t-on, sans toutefois mentionner ce qui lui est reproché. Erin O’Toole n’a pas non plus donné plus de détails.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE TROY MYERS

Troy Myers était candidat conservateur dans la circonscription de Dartmouth-Cole Harbour, en Nouvelle-Écosse.

Sur Twitter, Lauren Skabar, qui s’était présentée pour les néo-démocrates provinciaux en Nouvelle-Écosse, a soutenu dimanche soir avoir été agressée par le candidat conservateur. Elle affirme l’avoir rencontré en octobre 2019, au moment d’une conférence de la Nova Scotia Library Association.

Mme Skabar explique que M. Myers, qui est PDG de l’organisme South Shore Public Libraries (SSPL), lui aurait proposé un travail à sa graduation, se définissant alors comme son « futur patron ». « Le lendemain, lorsque les évènements de la journée étaient terminés et qu’un groupe d’entre nous marchait du pavillon principal à une cabine séparée, je me suis arrêté pour attacher ma chaussure et il m’a attendu pendant que le reste du groupe continuait », relate-t-elle.

« Alors que nous recommencions à marcher, il m’a demandé si j’avais froid dans “cette petite jupe” et a tiré sur mon ourlet. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, il a mis sa main à l’arrière de ma jupe et dans mes sous-vêtements. Quand je me suis opposée, il m’a dit que ce n’était pas une façon de parler à mon “futur patron” », ajoute la principale intéressée.

Celle-ci ajoute qu’elle était « mortifiée » et avait « le cœur brisé ». « Le lendemain matin, après les remarques de clôture, il m’a fait un clin d’œil. […] Le voir briguer un poste de pouvoir après avoir expérimenté la façon dont il utilise son pouvoir actuel, ça m’enrage », a-t-elle dit.

Fausses accusations, rétorque Myers

Sur sa page Facebook, lundi matin, Troy Myers a parlé de « fausses » accusations. « J’ai passé toute ma carrière à travailler et à promouvoir un environnement de respect et d’égalité. Pour le meilleur intérêt de mes proches, de mes collègues et de ma carrière, j’ai pris la difficile décision de me retirer de la politique et de concentrer toute mon attention et mes efforts sur la lutte contre ces fausses déclarations diffamatoires. J’ai déjà consulté un conseiller juridique pour examiner toutes les options », a-t-il fait savoir.

Il a aussi remercié les bénévoles et exprimé sa « profonde gratitude à ma famille qui m’a accompagné tout au long du processus » de sa candidature et de la campagne électorale. « Cela a été une période difficile pour eux. J’entends défendre avec rigueur ma réputation et la bonne réputation de notre famille », a-t-il écrit.

Sous sa publication, qui est publique, les commentaires ont été limités. « Le processus démocratique est dynamique et sain dans notre communauté et notre province, et je suis reconnaissant d’avoir eu l’occasion de participer et de m’engager dans cette importante consultation communautaire », a ajouté M. Myers.

« Confinement climatique » : pas de commentaires sur les déclarations d’une candidate

Erin O’Toole a aussi continué, lundi, à refuser de commenter directement les déclarations de sa candidate ontarienne Cheryl Gallant qui a brandi l’épouvantail d’un « confinement climatique », bientôt imposé par un gouvernement libéral, selon elle. « Tous mes candidats sont en accord avec notre plan », a-t-il répété à plusieurs reprises, malgré l’insistance des journalistes qui suivent sa caravane et qui réclamaient des explications sur les sorties climatosceptiques de certains candidats.