Déclenchée en pleine pandémie et pendant les vacances, la campagne électorale a pris les électeurs par surprise et son issue est plus qu’incertaine. Avec la collaboration d’aspirants journalistes de partout au pays, La Presse vous présente tous les dimanches de campagne le point de vue d’électeurs de circonscriptions âprement disputées qui nous parlent des enjeux qui les touchent et de la performance des chefs.

Port Moody-Coquitlam, Colombie-Britannique

L’élection de 2021 sera serrée à Port Moody-Coquitlam. La circonscription de la banlieue de Vancouver abrite une population diversifiée de 110 817 résidants, dont 36 % sont des immigrants, souvent originaires de pays d’Asie du Sud et de l’Est. En 2019, la conservatrice Nelly Shin a remporté cette circonscription baromètre par la plus petite des marges – 153 voix de plus que la candidate néo-démocrate Bonita Zarrillo –, la course la plus serrée du pays. Les électeurs y suivront attentivement l’évolution de la course.

Laura Dick, coordonatrice au développement d’entreprises

PHOTO FOURNIE PAR AUSTIN WESTPHAL

Laura Dick

Le logement, le climat, la pandémie et l’économie arrivent en tête de liste des préoccupations des électeurs, croit Laura Dick. Le problème du logement ne sera pas seulement une priorité pour les résidants de la Colombie-Britannique, mais pour tous les Canadiens, estime-t-elle. Quelque 29 % des résidants de la circonscription sont locataires, et le coût moyen du loyer est de 1395 $ par mois. « La hausse du coût du loyer est vraiment une crise, et ce n’est pas seulement à Vancouver et à Toronto, c’est une crise partout, dit-elle. Il doit y avoir des changements fondamentaux dans la façon dont nous abordons l’accessibilité à travers le pays. »

Colin Burton, travailleur en technologie et propriétaire

PHOTO FOURNIE PAR AUSTIN WESTPHAL

Colin Burton

La crise du logement devient incontrôlable, croit-il. Il souhaite que le gouvernement fédéral adopte de nouvelles lois radicales et travaille avec les municipalités locales pour résoudre la crise. Il croit que les plateformes des conservateurs et des néo-démocrates nuiraient au Canada en matière de logement, ne tenant pas compte des nouveaux immigrants qui entrent au pays. Mais il est loin d’être satisfait de la plateforme libérale. « L’approche des petits pas ne va pas du tout fonctionner. C’est le plus gros problème, personne ne semble vouloir aller assez loin pour faire la différence », dit-il.

Scott Place, musicien

PHOTO FOURNIE PAR AUSTIN WESTPHAL

Scott Place

Les changements climatiques sont le plus grand problème à l’échelle mondiale. Alors que des incendies de forêt brûlent dans toute la province, il cherche un gouvernement qui mettra en œuvre des mesures immédiates et décisives pour s’y attaquer. « Il est vraiment trop tard pour beaucoup de choses. Nous avons dépassé le point de non-retour, dit-il. Ces mesures doivent être draconiennes et rapides. » M. Place pense que le chef du NPD, Jagmeet Singh, est bien équipé pour s’attaquer aux crises du climat et du logement.

Peter Struk, promoteur immobilier

PHOTO FOURNIE PAR AUSTIN WESTPHAL

Peter Struk

Le logement, l’immigration, l’économie et le débat sur la vaccination seront les enjeux clés pour les électeurs. Promoteur depuis 45 ans, M. Struk estime que la restriction de l’offre au niveau local et municipal est à l’origine du problème du logement. Il espère qu’un nouveau gouvernement fédéral pourra intervenir et s’attaquer au problème, mais il doute qu’un changement substantiel se produise. Néanmoins, il estime qu’il est temps de changer de direction. « Il est temps de changer, peu importe qui ce sera », dit-il.

Retrouvez Austin Westphal sur Twitter

Hochelaga, Québec

La députée libérale Soraya Martinez Ferrada réussira-t-elle à conserver la circonscription d’Hochelaga ? Aux dernières élections en 2019, elle a obtenu environ 300 voix de plus que le bloquiste Simon Marchand, qui se présente à nouveau cette année. Catheryn Roy-Goyette portera les couleurs du Nouveau Parti démocratique (NPD) et Aime Calle Cabrera se présentera pour le Parti conservateur du Canada. Hochelaga compte plus de 106 000 habitants, dont près du quart est issu de l’immigration, selon le recensement de 2016 de Statistique Canada. L’âge moyen est de 41,4 ans, et près d’une personne sur quatre vit avec un faible revenu.

Louis-Philippe Savard, scénographe

PHOTO FOURNIE PAR LOUIS-PHILIPPE SAVARD

Louis-Philippe Savard

Il se dit agréablement surpris que les résidants d’Hochelaga mobilisés contre le projet de transport de marchandises Ray-Mont Logistiques aient pu rencontrer certains candidats. À l’échelle nationale, le jeune homme de 25 ans est déçu de la performance du Parti vert. « On dirait que ça aurait été un bon moment pour eux de parler à l’ensemble du pays, mais ça ne fonctionne pas vraiment », remarque celui qui vit dans Hochelaga depuis quatre ans. Il remet en question la tendance des différents partis à séparer l’environnement des autres enjeux de la campagne. « J’ai l’impression que tout se retrouve là-dedans. Aussi bien la santé que le transport. »

Louise Beaupré Lincourt, artiste peintre

Celle qui habite le quartier depuis 13 ans souligne que les enjeux concernant les services offerts à la population sont mis de côté dans la campagne. « Qu’est-ce qu’on propose pour que les aînés puissent vivre d’une façon plus sereine ? », demande l’artiste peintre. Elle souhaite aussi que les politiciens abordent l’impact des changements climatiques dans Hochelaga, comme les îlots de chaleur. « Ce dont on ne parle pas, c’est de l’environnement », conclut cette dernière.

Marianne Durand, étudiante en psychologie

Résidante d’Hochelaga depuis deux ans, elle aimerait que les compétences des chefs soient davantage mises de l’avant durant la campagne. « C’est bien beau, le leadership et le charisme, mais gérer un État demande d’être qualifié », fait valoir la jeune femme de 27 ans. Au niveau de la circonscription, elle souhaite que les candidats se prononcent sur les enjeux de santé publique, comme la toxicomanie et le travail du sexe, qui touchent cette partie de la ville. « On parle beaucoup d’environnement et d’économie et c’est bien, mais le monde, dans tout ça ? Ça reste que les députés sont là pour s’occuper des gens », soutient-elle.

Edmonton-Centre, Alberta

La circonscription ayant été ravie de justesse au libéral Randy Boissonnault par le conservateur James Cumming en 2019, la lutte de 2021 aura un air de revanche. Edmonton-Centre comprend le cœur du centre-ville, composé d’un mélange de professionnels et d’étudiants qui sont locataires. Les quartiers environnants sont principalement aisés, mais le centre-ville comprend aussi des zones où vivent des personnes à faible revenu.

Richard Wallington, directeur au ministère de l’Enseignement supérieur

PHOTO FOURNIE PAR ISAAC LAMOUREUX

Richard Wallington

Il n’était pas conscient de l’ampleur de « l’enjeu électoral que représente le logement abordable ». Il se fait critique du NPD. « [Son] plan est comme tout ce qu’il propose : la façon dont il le financera est nébuleuse. Il veut taxer davantage les riches, mais il n’y a pas assez de riches pour payer toutes ces choses qu’il veut faire. » Pour Richard, « l’apologie de la peur ne fonctionnera pas cette fois-ci ». Il s’explique : « Erin O’Toole ne peut pas être dépeint comme un personnage maléfique du type Stephen Harper. »

Brett Bohaichuk, étudiant en histoire et membre de la première nation Athabasca Chipewyan

PHOTO FOURNIE PAR ISAAC LAMOUREUX

Brett Bohaichuk

« En tant qu’Albertain, il est évident que les gens ne sont pas heureux avec Trudeau et les libéraux », affirme Brett. « Beaucoup de gens se demandent surtout pourquoi il y a des élections, et la réponse [de Trudeau] n’est pas convaincante. » Il déplore que « [Trudeau] ne se concentre pas sur le bien-être du peuple canadien ». « Des gens perdent leur emploi, et le gouvernement canadien dépense plus que jamais, ce qui fait monter en flèche le déficit budgétaire », s’exclame-t-il. En ce début de campagne, il analyse ainsi les choses : « Si vous voulez faire sortir Trudeau, le NPD n’est pas la façon de voter. Vous n’avez qu’une seule chance, et c’est les conservateurs cette fois. »

Summer Santiago, directrice exécutive et bénévole

PHOTO FOURNIE PAR ISAAC LAMOUREUX

Summer Santiago

Elle apprécie que le Parti conservateur ait envoyé des lettres à son domicile qui « discutent informellement de leur plan de relance économique et de ce qu’ils défendent. » Cela l’a surprise. « Je n’ai jamais rien reçu de tel lors des élections précédentes. » Pour Mme Santiago, « les mesures [pour lutter contre la COVID-19 de Trudeau] sont contraignantes pour les propriétaires d’entreprises et les entreprises en général. […] Je souhaite penser par moi-même. On ne va pas compter sur le gouvernement pour tout, on ne peut pas, et nous ne devrions pas », conclut-elle.

Pamela Poch, coiffeuse indépendante

PHOTO FOURNIE PAR ISAAC LAMOUREUX

Pamela Poch

« Jason Kenney et sa position conservatrice sont le phare qui guide ce que les conservateurs défendent au niveau fédéral », croit Pam. « J’aime le plan libéral pour le budget et les changements climatiques. Je crois qu’ils ont un plan solide pour faire augmenter le prix du carbone ». Pour elle, « [les libéraux] ont un plan qui nous alignera sur l’accord de Paris et qui semble très solide ». « Compte tenu du cours du pétrole et du gaz, nous devons saisir l’occasion de devenir des leaders dans différentes sources d’énergie », conclut-elle.