Les bloquistes veulent remettre la forêt québécoise, un de leurs chevaux de bataille, « à l’avant-plan » de la campagne fédérale. Le parti a présenté jeudi une série de demandes au prochain gouvernement, dont la renégociation de l’accord sur le bois d’œuvre avec l’administration Biden, aux États-Unis.

« On est capables de concilier le développement économique, la création de richesses et la protection de l’environnement », a plaidé le chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet lors d’une conférence tenue à Chicoutimi en matinée. Flanqué de représentants syndicaux et de partenaires économiques, il a déploré la grandeur de l’écart entre les investissements dans le pétrole et la recherche dans le milieu forestier au dernier budget fédéral.

C’est le député de Jonquière, Mario Simard, qui a présenté les quatre principaux objectifs de la « feuille de route » du Bloc, déjà signée par trois syndicats ainsi qu’une vingtaine d’élus municipaux. Parmi les objectifs, on trouve entre autres renégociation de l’accord sur le bois d’œuvre ; le Bloc dit vouloir « profiter de l’arrivée de la nouvelle administration de Joe Biden » pour obtenir une « pleine exemption de tout tarif sur les exportations de bois d’œuvre québécois » vers les États-Unis.

M. Simard souhaite aussi « faire de l’empreinte carbone un critère d’octroi ». « La forêt est un puit de carbone et tous les produits qui en découlent ont une empreinte carbone quasiment nulle », indique-t-il, en ajoutant que de surcroît, pareille mesure « ne coûterait quasiment rien » à mettre en place.

Le Bloc appelle aussi le prochain gouvernement à « accroître les budgets » du programme d’Investissements dans la transformation de l’industrie forestière (ITIF), qui est « sous-financé année après année », selon le député de Jonquière. Un meilleur financement permettrait notamment de mieux développer la chaîne de valeur en vue d’une deuxième et troisième transformation du bois, selon lui.

Enfin, le parti réitère qu’il doit revenir à Québec « de gérer ce qui en retourne au niveau des espèces menacées » sur son territoire. La Loi sur les espèces en péril ne devrait ainsi être appliquée « qu’en conformité avec les orientations de l’Assemblée nationale ».

Syndicats satisfaits, mais prudents

Deux représentants syndicaux étaient présents jeudi aux côtés des bloquistes, dont le représentant d’Unifor pour la région, Daniel Leblond. « On appuie le Bloc québécois, mais ce qu’on veut, c’est que les babines suivent les bottines. On veut du concret. Ce n’est pas du cosmétique qu’on a besoin au niveau des travailleurs », a-t-il martelé. « La forêt a toujours été laissée de côté. Si avec les changements climatiques, on veut s’en sortir, ça passe par la forêt, avec des investissements majeurs au niveau de la plantation et de la transformation », a insisté M. Leblond.

À la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN), le président Louis Bégin seconde. « Très peu de partis politiques amènent la problématique de la forêt à Ottawa, a-t-il dit. On doit trouver de nouveaux créneaux, de nouveaux produits innovants. Mais on ne le fera pas tout seul. »

Le leader syndical condamne que « quand le secteur pétrolier en Alberta a besoin d’aide, le gouvernement débarque toujours », mais qu’au Québec, les forêts n’ont pas droit au même traitement de faveur, en dépit de leur potentiel économique et environnemental « non-négligeable ».

Cette sortie du Bloc survient alors que dès le 6 septembre, plusieurs organisations écologistes participeront à la « Grande marche pour la protection des forêts », un mouvement initié dans la foulée du refus du gouvernement Legault, l’an dernier, de concrétiser des projets d’aires protégées dans le sud de la province.

« [On] souhaite marquer un tournant dans la transition économique, écologique et sociale, aujourd’hui plus que jamais indispensable pour assurer l’avenir des générations présentes et futures. La biodiversité est garante de la santé de tous les êtres vivants dont nous faisons partie », a soutenu le collectif jeudi.