(Ottawa) La cheffe du Parti vert, Annamie Paul, déclare qu’elle a reçu des menaces en ligne de la part de personnes qui soutenaient vouloir perturber ses activités de campagne, voire de l’agresser physiquement.

Dans un communiqué, Mme Paul précise que son parti n’a eu jusqu’ici aucun problème lors de ses activités de campagne, mais « des messages en ligne » proposaient de venir « perturber » les évènements des verts. Elle soutient même qu’il y a eu « un fil de discussion entier sur Facebook, dans un groupe public, proposant que quelqu’un vienne » l’agresser lors d’un de ses évènements de campagne.

Mme Paul estime que « les médias sociaux permettent de galvaniser les gens et de les pousser à des actes extrêmes », et il faudrait que les entreprises en soient tenues responsables. Il faudrait aussi, selon elle, développer « des stratégies d’éducation communautaire et des programmes de sensibilisation pour aider à lutter contre le racisme et la misogynie ».

La cheffe des verts croit que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) aurait dû offrir un service de sécurité à tous les chefs de parti. « J’espère que quelqu’un surveille les menaces en ligne », a-t-elle écrit.

« Imaginez le brillant bassin de personnalités politiques dont le Canada se prive parce que nous ne pouvons pas les protéger contre un harcèlement aussi méprisable, écrit Mme Paul. Nous devons faire mieux. Les sociétés de médias sociaux doivent être tenues responsables de la haine qui est diffusée chaque jour sur leurs plateformes. »

La GRC n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaires.

Menaces violentes

La haine en ligne contre les candidats a été un problème dès le début de la campagne électorale actuelle, qui devrait culminer le 20 septembre. Une récente recherche réalisée par le Samara Center for Democracy a révélé que plus du quart des 350 000 commentaires sur Twitter envoyés aux candidats sortants au cours de la première semaine de la campagne électorale fédérale étaient considérés comme « toxiques ».

La directrice de l’organisme non partisan, Sabreena Delhon, a déclaré que la recherche, qui n’a porté que sur Twitter, avait révélé que 20 % des messages se situaient dans la partie basse ou moyenne d’une « échelle de toxicité », comprenant les insultes, un langage sexiste ou des commentaires grossiers. Mais 7 % de ces tweets étaient « hautement toxiques », avec des commentaires haineux et agressifs, ou même des menaces de violence.

« Si vous êtes le destinataire de ces messages, ils sont insidieux, ils sont implacables. Ils arrivent à un rythme de dizaines, de centaines ou même de milliers par jour », a déclaré Mme Delhon.

La recherche, qui se poursuivra tout au long de la campagne, a révélé que ce sont les libéraux qui étaient le plus souvent la cible de tweets toxiques, suivis des conservateurs, des verts, des bloquistes et des néo-démocrates.

Selon Mme Delhon, la recherche a aussi révélé que les députées libérales à nouveau candidates avaient reçu les messages les plus toxiques au cours de la période étudiée. Elles étaient de fait cinq fois plus susceptibles de recevoir des tweets toxiques que les candidats libéraux masculins.

Un porte-parole de Twitter Canada a indiqué dans un communiqué qu’elle prenait des mesures lorsqu’elle identifiait des tweets ou des comptes qui violent ses règles. L’entreprise ajoute qu’elle a une politique d’intégrité civile qui couvre la publication de contenu trompeur sur la plateforme. « Nous voulons que Twitter soit un lieu de conversations sûres et saines. »

Le Samara Center for Democracy s’est associé à Areto Labs, qui surveille la toxicité en ligne depuis plusieurs années pendant les campagnes électorales au Canada, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Ils ont développé un outil d’intelligence artificielle qui utilise l’apprentissage automatique pour examiner, suivre et classer les tweets toxiques reçus par les chefs de partis politiques et les candidats sortants pendant la campagne. Les deux organisations publieront des rapports hebdomadaires sur la haine en ligne pendant cette campagne fédérale.

Un porte-parole de Facebook Canada n’était pas disponible pour commenter officiellement la recherche, mais a partagé des données de l’entreprise indiquant qu’elle avait supprimé 31,5 millions d’éléments de contenu pour violation des politiques en matière de discours haineux au cours du deuxième trimestre de cette année seulement.

Juste avant l’ajournement des travaux de la Chambre des communes pour l’été, le gouvernement libéral avait présenté un projet de loi qui, soutenait-on, forcerait les entreprises de médias sociaux à supprimer les discours haineux et toute déclaration illégale au Canada. Le projet de loi est mort au feuilleton lors du déclenchement des élections.