Pour « en donner plus aux Canadiens » et financer ses promesses électorales, le chef libéral Justin Trudeau s’engage à augmenter les taux d’imposition des « grandes institutions financières » de 3 %, le faisant passer de 15 % à 18 % dans un prochain mandat libéral.

« Les grandes banques et les compagnies d’assurance se sont très bien portées durant les derniers mois. Et l’une des raisons, c’est que les Canadiens ont fait des sacrifices et que l’économie se porte bien grâce à nos investissements dans les petites entreprises », a expliqué M. Trudeau lors d’une conférence de presse tenue à Vancouver, en Colombie-Britannique, mercredi après-midi.

Selon lui, le temps est venu d’en « demander un peu plus » aux banques et grandes compagnies d’assurance, qui « doivent aussi faire partie de la solution ».

Ainsi, avec l’argent qu’Ottawa compte retenir de cette hausse d’imposition, M. Trudeau compte aider les Canadiens « à devenir propriétaires plus tôt » et à « s’attaquer aux requins de l’immobilier, à la spéculation et aux fortunes étrangères qui viennent acheter des maisons ici sans les habiter ».

Il faisait ainsi référence à la promesse de son parti, qui a promis mardi de mettre sur pied une « charte des droits » pour les nouveaux acheteurs, en créant notamment un compte d’épargne non imposable allant jusqu’à 40 000 $ pour les citoyens de moins de 40 ans voulant accéder à la propriété. Cette « charte des droits » interdirait entre autres la négociation des offres à l’aveugle — pour décourager la surenchère immobilière — et garantirait une meilleure transparence sur l’historique des prix de vente récents, afin d’éviter les hausses déraisonnables des prix sur le marché.

« Si vous travaillez fort, si vous épargnez de l’argent, votre rêve d’avoir votre propre maison devrait être possible. Vous ne devriez pas avoir à vous éloigner de votre travail ou de votre famille pour payer votre loyer », a dit M. Trudeau mercredi.

Le parti de Justin Trudeau s’engage par ailleurs à établir un « dividende de la relance » qui serait payé par ces mêmes grandes banques et compagnies d’assurance, sur une durée quatre ans. Les libéraux précisent, dans un document d’information fourni par le parti, que « sa répartition entre les institutions concernées sera mise au point en consultation au cours des mois à venir avec le surintendant des institutions financières ». D’après ce même document technique fourni aux médias, les deux mesures rapporteront au moins 2,5 milliards par année pendant quatre ans, et ce à partir de l’année 2022-2023.

Au NPD, le chef Jagmeet Singh a dénoncé mercredi que l’année dernière, les libéraux avaient pourtant voté contre une motion sur l’imposition des bénéfices excédentaires réalisés par les grandes entreprises et les banques. « Justin Trudeau a laissé les riches sociétés s’en tirer pendant qu’elles profitaient de la pandémie. Son bilan montre qu’il va continuer à donner des passe-droits aux banques et aux ultra-riches, laissant au reste d’entre nous le soin de payer le prix », a-t-il soutenu.

Des manifestants anti-vaccins de plus en plus présents

Les manifestants anti-vaccins se font de plus en plus présents en marge de la campagne de Justin Trudeau, au point où il a été obligé de quitter son annonce, mercredi, dans un convoi de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au lieu de son autobus habituel. Les cris d’une poignée de manifestants étaient bien audibles pendant la durée de son annonce dans le quartier résidentiel tranquille de South Surrey, en Colombie-Britannique. M. Trudeau était dans la cour arrière d’une résidence privée. Mon corps, mon choix ! » pouvait-on notamment entendre dans les haut-parleurs d’un des manifestants qui reprennent un slogan pro-choix pour s’opposer à la vaccination. Après l’annonce, quelques individus bloquaient l’autobus de campagne. M. Trudeau est donc sorti de la résidence, marchant d’un bon pas pendant deux blocs de rue et entouré des membres de la GRC et de policiers locaux, pour semer les manifestants qui lui criaient leur mécontentement au sujet de la vaccination obligatoire pour certains employés fédéraux, notamment.

Avec La Presse Canadienne