Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a offert jeudi son appui aux premiers ministres provinciaux, demandant à son tour au gouvernement fédéral de s’engager à augmenter le financement en santé sans conditions, un rattrapage évalué à environ 28 milliards.

« Pour l’instant, le gouvernement fédéral ne veut pas décaisser ce montant, mais si jamais on faisait preuve d’un minimum d’ouverture, il y aurait au moins une conversation », a martelé M. Blanchet lors d’un point de presse tenu devant l’Hôpital de Gatineau, en Outaouais, où une fermeture partielle de l’urgence pourrait durer jusqu’à la mi-septembre en raison d’une pénurie de personnel.

Le député de Belœil-Chambly dit avoir écrit jeudi une lettre officielle au premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, qui vient de succéder à François Legault comme président du Conseil de la fédération. Mardi, M. Pallister avait écrit aux chefs fédéraux pour réclamer « d’augmenter sans délai » la part du financement des dépenses fédérales en matière de santé. Il souhaite la faire passer de 22 % à 35 %, ce qui représente environ 28 milliards de dollars.

« Des centaines de milliers de Canadiens ont vu leurs chirurgies, traitements ou diagnostics reportés en raison de la COVID-19. Nous devons accorder aux services auxquels tiennent les Canadiens une assise financière plus solide et durable », avait alors soutenu le premier ministre Pallister.

Yves-François Blanchet, lui, affirme qu’il n’appuiera pas le prochain discours du Trône si une hausse immédiate substantielle et durable du Transfert canadien pour la santé n’est pas confirmée. « C’est une question de mieux préparer, mieux adapter, d’avoir un système de santé plus robuste pour faire face à de possibles crises futures ou des déclinaisons futures de la pandémie actuelle, et d’accorder une importance mieux soutenue aux soins de santé que requièrent nos aînés », a-t-il dit, en taxant Justin Trudeau de « n’être clairement pas aux services des provinces » en refusant de s’engager à faire plus.

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh s’est aussi engagé jeudi à répondre aux demandes des provinces. « On est le parti de la santé. On veut améliorer l’accès aux services et investir dans une assurance-médicaments universelle, en augmentant les transferts et en aidant à défendre notre système de santé public », a-t-il assuré alors qu’il faisait campagne à Edmonton, en compagnie de travailleurs de la santé.

6 % chez les conservateurs

Jugeant que la pandémie de COVID-19 a « mis au jour les lacunes de notre système de santé », le Parti conservateur s’était de son côté engagé lundi à augmenter de nouveau les transferts fédéraux en santé aux provinces de 6 % par année, comme c’était le cas sous l’ère Harper. « On va utiliser 6 % comme un minimum. Si on voit plus de croissance économique, on va accélérer ça », a précisé jeudi le chef conservateur Erin O’Toole, lors d’une conférence de presse, en plaidant lui aussi pour un versement « sans conditions » qui se fasse de « manière stable et prévisible ».

Mais le chef du Bloc persiste : « on est encore loin du compte », a-t-il répondu à son rival conservateur jeudi, l’accusant de vouloir « réparer en partie l’erreur » de ses prédécesseurs. « M. O’Toole utilise le mot changements climatiques comme il utilise le mot transferts en santé », a aussi accusé M. Blanchet.

Ce n’est pas la première fois, dans la dernière année, que les provinces font bloc face à Ottawa. En mars dernier, alors que les systèmes de santé étaient durement fragilisés par la COVID-19, les premiers ministres de toutes les provinces canadiennes avaient fait front commun pour demander au gouvernement Trudeau de hausser substantiellement les transferts en santé.

« Les provinces et territoires vont aussi déposer leur budget prochainement, et on doit se poser des questions sur les services qu’on est capables de financer, avait alors soutenu le premier ministre du Québec, François Legault. Je donne un exemple du Québec où on a augmenté de 8000 les préposés dans les CHSLD, mais la question se pose : comment peut-on financer ces nouveaux postes au cours des prochaines années ? »