(Mercier) « Je suis très ému, très ébranlé aujourd’hui, faut que ça arrête, ça n’a pas de bon sens. »

C’est le cri du cœur lancé par Ugo Dieumegarde mercredi au chef bloquiste Yves-François Blanchet.

Lui et sa conjointe Marie Thibault ont décidé mercredi de fermer temporairement leur restaurant à Mercier jusqu’à nouvel ordre. Raison : manque de main-d’œuvre.

Même en augmentant les salaires, ils n’arrivent plus à recruter. Ils réclament la fin de la Prestation canadienne de relance économique (PCRE), autrefois appelée PCU.

Ce programme du gouvernement Trudeau a été mis en place pour assurer un revenu aux personnes qui ont perdu leur emploi en raison du confinement. Mais beaucoup d’entreprises disent manquer de main-d’œuvre aujourd’hui parce des travailleurs préfèrent toucher des prestations sans aller travailler.

« On a doublé les salaires pour sauver notre entreprise, mais il y a des gens qui me disent : “pour 50 $ de moins, je reste chez moi toute la semaine” », a déploré M. Dieumegarde.

« Tout le monde peut retourner travailler, sauf de rares exceptions, donc le programme n’est plus nécessaire », a opiné M. Blanchet qui réclame la suspension du programme, plutôt que sa prolongation décidée par le gouvernement Trudeau.

« Il sort du marché du travail des gens qui n’ont pas de raison de sortir du marché du travail. »

À mots couverts, M. Blanchet soupçonne que le programme a été prolongé pour séduire les électeurs traditionnels du NPD, un parti dont le credo est « dépenser, dépenser, dépenser », a-t-il laissé entendre.

Le restaurant de Mme Thibault et M. Dieumegarde emploie trois cuisiniers et une vingtaine d’employés, mais le personnel est surchargé.

« Les cuisiniers ont trop de pression, sont fatigués, on a décidé de fermer », a expliqué M. Dieumegarde.

De surcroît, le couple fournit de la main-d’œuvre à la popote roulante de l’endroit, qui prépare 2500 repas par semaine.

Main-d’œuvre agricole : le fédéral « prend le chèque »

La journée du Bloc s’est déroulée en bonne partie sous le thème de la main-d’œuvre.

En après-midi, M. Blanchet est allé visiter un producteur de poivrons verts de Mercier, Christian Roy, qui a dénoncé les retards dans l’arrivée de la main-d’œuvre agricole étrangère, en raison des ratés dans l’administration fédérale qui traite les demandes.

Des « centaines de millions » en récoltes ont pourri aux champs en raison du manque de personnel, a dit M. Blanchet.

« Il arrive _ et ce n’est pas exceptionnel _ que les travailleurs arrivent tellement tard que la récolte est perdue, a-t-il poursuivi. Je vous rappelle que le gouvernement fédéral facture 1000 $ par dossier de travailleur à traiter. Le fédéral prend le chèque et ne livre pas le service. »

Le Bloc demande des assouplissements dans le programme actuel pour mieux accommoder les producteurs agricoles.