Justin Trudeau a de nouveau misé mardi sur l’importance de créer plus de places en garderies alors qu’il était de passage en Ontario. La province n’a toujours pas signé d’entente avec le gouvernement fédéral sur son programme national de garderies à 10 $ qu’il souhaite implanter d’ici cinq ans.

« Les Canadiens comprennent très bien que pour bâtir un système abordable et de qualité, ça va prendre un peu de temps pour former les éducatrices, pour investir dans les places. Et c’est exactement ce qu’on est en train de faire avec les provinces et les territoires », a répondu le chef libéral lorsque questionné à savoir ce que feront les familles en attendant l’arrivée de ces places à tarif réduit.

Depuis une maison unifamiliale de la banlieue de Toronto avec sa vice-première ministre sortante et candidate libérale pour University-Rosedale, Chrystia Freeland, le premier ministre sortant a soutenu qu’au Québec – dont la moyenne de 8,50 $ par jour est déjà établie en garderies –, « ça a pris 25 ans pour établir le système qu’on a maintenant ».

Même au Québec, avec le système qu’on est en train de faire, on va pouvoir créer 37 000 places de plus au Québec. Les Canadiens ont besoin de places. Et c’est ça qu’on n’a pas présentement.

Justin Trudeau, chef libéral

M. Trudeau dernier reconnaît toutefois que les familles « ont besoin d’aide immédiatement ». « C’est pour ça que chaque province qui a signé l’accord s’engage à couper de moitié les coûts immédiats dans l’année à venir pour les parents. Ça va faire une grosse différence de plusieurs milliers de dollars, particulièrement en Ontario, si la province s’engage avec notre plan », a-t-il martelé, en semblant vouloir mettre un peu de pression sur le gouvernement de Doug Ford.

Le ministre de l’Éducation de l’Ontario, Stephen Lecce, s’est dit ouvert lundi à la signature d’une entente avec le fédéral, pour autant qu’elle « tienne compte des avantages uniques de cette province ». Il faisait notamment référence au programme ontarien de maternelle à temps plein, qui est déjà en place.

M. Trudeau a aussi assuré mardi que son gouvernement n’a « aucunement l’intention de reconnaître un gouvernement taliban en Afghanistan », tranchant ainsi avec les propos qu’avait tenus la veille sur CBC son ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, qui avait plutôt estimé qu’il était « trop tôt pour répondre à la question ».

Attaques croisées

Cette nouvelle sortie de Justin Trudeau sur les garderies avait aussi pour but s’attaquer de nouveau aux conservateurs, dont le chef Erin O’Toole prévoit annuler toutes les ententes qu’Ottawa a conclues ces dernières semaines avec les provinces pour les remplacer par un crédit d’impôt remboursable oscillant entre 4500 et 6000 $, disponible immédiatement.

« Ils promettent des politiques rétrogrades de l’ère de Stephen Harper, des politiques qui ne créeront pas une seule place en garderie, ni en Ontario ni ailleurs », a rétorqué le chef libéral, qui s’en était déjà pris lundi à l’attitude « typique » des conservateurs de « couper dans les programmes ».

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, lui, n’a pas manqué de souligner que « si Justin Trudeau avait vraiment eu l’intention de réduire les frais de garde d’enfants, il l’aurait fait depuis six ans qu’il est premier ministre ». « Les familles ne peuvent plus se permettre les fausses promesses de Justin Trudeau », a-t-il réitéré mardi après-midi.

Le gouvernement libéral a promis d’investir près de 30 milliards au cours des cinq prochaines années, puis 9,2 milliards par année par la suite, pour que ce système pancanadien de garderies voie le jour. Il est aussi prévu qu’un gouvernement libéral réélu obtiendrait une réduction de 50 % des frais de garde d’ici la fin de l’année 2022, puis réduirait les frais afin qu’ils ne soient que de 10 $ par jour en moyenne dans les cinq prochaines années. La seule exception est le Québec, qui a déjà mis en place son propre programme de garderies à coût modique dans les années 1990.

Avec La Presse Canadienne