(Québec) Les amateurs de la « politique autrement » à la Chambre des communes ont trouvé leur véhicule : le Bloc québécois.

D’entrée de jeu, dès le début des travaux du premier caucus de sa formation politique depuis l’élection générale de lundi dernier, le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, a annoncé ses couleurs.

Le Bloc québécois est différent des autres et va se comporter différemment.

« Vous êtes le caucus qui va changer la façon dont on fait la politique », a lancé M. Blanchet, jeudi matin, aux députés bloquistes élus ou réélus lundi et réunis dans un hôtel de Québec pour faire connaissance et préparer la prochaine rentrée parlementaire.

Le nouveau député de La Prairie, Alain Therrien, un ancien député péquiste à l’Assemblée nationale, deviendra le leader parlementaire du Bloc. Le doyen du parti, Louis Plamondon, qui entreprend un 11e mandat, présidera le caucus, tandis que la députée de Salaberry-Suroît, Claude DeBellefeuille, agira comme whip en chef, une fonction qu’elle a déjà exercée dans le passé.

Lundi, le Bloc québécois a vu sa députation faire un bond de 10 à 32 députés, dont 12 femmes, soit 37 %. Plusieurs d’entre eux n’ont donc aucune expérience politique et parlementaire.

Selon M. Blanchet, le Bloc a mené une campagne électorale « propre », basée sur des idées, « différente de ce qui s’est fait dans le passé » et différente de « ce qui s’est fait ailleurs », dans les autres partis. Telle est, à ses yeux, la recette du succès du parti souverainiste le 21 octobre.

Il a demandé à ses troupes « de rester exactement dans cet état d’esprit » dans l’exercice de leurs fonctions d’élus.

En Chambre, les bloquistes promettent d’être toujours polis et respectueux. « Ne vous attendez pas à ce que des élus du Bloc québécois crient dans un parlement, tapent sur leur bureau ou lancent des insultes », a prévenu M. Blanchet.

Le chef souverainiste a placé la barre très haut en disant à son équipe que les électeurs devaient sentir « dans leur quotidien » que leur travail de député allait changer les choses, « pas juste la façon de faire la politique, mais aussi comment se porte le Québec ».

Malgré le statut minoritaire du gouvernement Trudeau, M. Blanchet a dit par ailleurs envisager que le premier ministre libéral pourrait se maintenir au pouvoir jusqu’au terme de son mandat de quatre ans.

En marge du caucus, le chef du Bloc a profité de son passage à Québec pour s’entretenir avec la ministre des Relations canadiennes, Sonia LeBel, le premier ministre François Legault ayant décliné l’offre de le rencontrer.

M. Blanchet avait sollicité une rencontre avec le premier ministre Legault.

En mêlée de presse jeudi, M. Legault a réaffirmé sa position, à savoir qu’il souhaitait d’abord avoir un tête-à-tête avec son homologue fédéral, le premier ministre Justin Trudeau, avant de rencontrer les chefs des partis d’opposition.

« Je transige directement » avec le premier ministre Trudeau, a commenté M. Legault, pour indiquer qu’il ne comptait pas sur le Bloc pour faire passer ses messages.

« On va négocier de gouvernement à gouvernement », a renchéri sur le même ton la ministre LeBel, en mêlée de presse, après son entretien avec le chef bloquiste.

Pas question de voir le Bloc « faire le pont » entre Québec et Ottawa, a-t-elle clairement indiqué.

En conférence de presse à la suite du caucus, M. Blanchet a insisté pour dire qu’il n’en prenait pas ombrage, soutenant que « l’ego en politique, c’est quelque chose qui ne sert pas toujours les électeurs ».

À propos du parti ami en difficulté, réduit à seulement neuf députés à l’Assemblée nationale, le Parti québécois (PQ), cet ancien ministre péquiste s’est montré optimiste. Il a dit que la renaissance du Bloc était la démonstration qu’« une formation politique en position difficile peut se retrousser en moins d’un an ».

On saura par ailleurs dans les prochains jours s’il y aura recomptage judiciaire dans la circonscription de Québec, où la candidate bloquiste Christiane Gagnon a mordu la poussière de justesse au profit du ministre Jean-Yves Duclos.