La formation d’un gouvernement libéral minoritaire témoigne de la perte de popularité de Justin Trudeau mais aussi, voire plus, de la faiblesse de son adversaire conservateur.

Tel est du moins l’un des principaux thèmes qui ressortaient hier des analyses publiées dans les grands médias étrangers au lendemain du vote.

Le Los Angeles Times a relevé que l’électorat avait châtié le premier ministre en refusant une majorité à sa formation tout en permettant à son parti de contenir la poussée de troupes conservatrices minées par un chef sans relief.

Andrew Scheer, note le quotidien avec sévérité, a « entrepris la campagne comme un inconnu et l’a terminée comme l’un des aspirants au leadership les moins intéressants » que le pays ait connus dans un passé récent.

PHOTO GEOFF ROBINS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Andrew Scheer a « entrepris la campagne comme un inconnu et l’a terminée comme l’un des aspirants au leadership les moins intéressants » que le pays ait connus dans un passé récent, écrit le Los Angeles Times.

La montée du Bloc québécois, indicatrice d’un « nationalisme réénergisé » au Québec, est porteuse de « conflits potentiels » pour le chef libéral, prévient par ailleurs l’auteur de l’article, qui s’attend à ce que le programme du gouvernement vire « fortement à gauche » pour satisfaire le Nouveau Parti démocratique.

Le New York Times, dans son propre compte rendu du scrutin, fait valoir que la population canadienne a reporté Justin Trudeau au pouvoir après « avoir conclu, avec réticence, qu’il était la meilleure option pour mener le pays ».

Andrew Scheer, note-t-on, a concentré ses tirs sur le caractère de son adversaire libéral plutôt « que de mettre de l’avant sa propre vision pour la nation en allant au-delà de sa volonté déclarée de réduire les impôts ».

« Profondes divisions »

Outre-Atlantique, The Guardian relève que le résultat du vote témoigne d’une « érosion significative » des appuis du premier ministre, mais devrait néanmoins lui permettre de préserver ses principales réalisations, incluant « la taxe nationale sur le carbone ».

Le scrutin a aussi mis en relief les « profondes divisions du pays », relève le quotidien, qui s’attarde au fait qu’aucun candidat libéral n’a été élu en Alberta et en Saskatchewan.

La BBC cible aussi la « perte de l’Ouest » comme un revers important pour le dirigeant libéral, qui devra trouver les moyens de composer avec le sentiment d’aliénation de la population locale.

La « résurgence » du Bloc québécois risque aussi de créer des maux de tête à Ottawa, souligne la société d’État britannique, qui évoque notamment la loi sur la laïcité comme un sujet d’affrontement potentiel.

Dans une analyse distincte consacrée aux difficultés du Parti conservateur, la BBC relève que la formation d’Andrew Scheer a tenté sans succès de prendre le pouvoir en adoptant un programme de centre droit qui évite les excès des partis populistes, en particulier sur la question de l’immigration.

Le pari de Maxime Bernier, qui avait fait de la lutte contre le « multiculturalisme extrême » une de ses priorités, n’a pas réussi non plus, souligne la BBC.

« Un score étriqué »

El Pais relève que le gouvernement libéral de Justin Trudeau constituait un « contrepoids » aux mouvements populistes de droite qui se multiplient en Occident, et plus spécifiquement à la présidence de Donald Trump aux États-Unis.

Les Canadiens, souligne le quotidien espagnol, ont décidé lundi de poursuivre dans la même voie avec une formation affaiblie par une série de scandales et de promesses non tenues.

Le Monde relève que le chef du Parti libéral a réussi « de justesse » à remporter un second mandat après avoir été longtemps à égalité avec son rival conservateur dans les sondages.

« Malgré un score étriqué, Justin Trudeau peut rêver de poursuivre le chemin tracé par son père », souligne le quotidien français.