Le Parti populaire dépose une plainte au Commissaire aux élections fédérales contre Warren Kinsella, sa firme Daisy Group et le Parti conservateur pour faire la lumière sur les révélations du Globe and Mail selon lesquelles les conservateurs auraient embauché une firme externe pour « détruire » la formation de Maxime Bernier.

« Cette campagne secrète est une atteinte à l’intégrité de notre processus démocratique », a déclaré le chef du Parti populaire lors d’un point de presse organisé cet après-midi à Sainte-Marie, en Beauce. M. Bernier a confirmé que son parti avait déposé ce matin une plainte officielle auprès du Commissaire aux élections fédérales.

« Nous soupçonnions depuis longtemps que plusieurs des supposés scandales des derniers mois avaient été arrangés par des opposants », a-t-il ajouté. « Je tiens à vous informer que nous allons prendre tous les moyens à notre disposition pour aller au fond de cette histoire », a martelé le chef Bernier.

Le quotidien The Globe and Mail a été le premier à rapporter vendredi que la firme de consultants en communications politiques Daisy Group a élaboré un plan pour dépeindre les partisans du PPC comme racistes — avec le Parti conservateur du Canada comme client.

 La firme de consultant appartient à l’ancien stratège libéral Warren Kinsella, réputé pour critiquer sévèrement les libéraux sur Twitter. M. Kinsella n’a pas voulu confirmer ou nier cette information. La campagne avait pour but de « chercher et détruire » le parti et de tenir Bernier hors des débats nationaux des chefs.

Selon le Globe and Mail, les activités de la firme de consultants semblent s’être déroulées avant le 30 juin, moment où les règlements ont changé pour forcer la divulgation des activités politiques par les tierces parties.

Le chef conservateur Andrew Scheer a refusé de confirmer si sa formation a, oui ou non, embauché la firme de Warren Kinsella pour « chercher et détruire » le Parti populaire de Maxime Bernier et le tenir à l’écart du débat des chefs.

« Nous ne ferons pas de commentaires au sujet de contrats qui existent ou pas », a servi le chef conservateur, talonné par les journalistes lors de son passage à North York, en Ontario. M. Scheer a répété à plusieurs reprises la même ligne expliquant, pour justifier son refus de commenter, qu’il s’agit « d’affaires internes ».


Interrogé par les journalistes à ce sujet, le chef libéral Justin Trudeau n’a pas raté l’occasion de décocher une autre flèche à l’endroit de son adversaire conservateur alors que tous les sondages nationaux les placent au coude-à-coude dans les intentions de vote.

« Je crois que nous avons vu depuis le début de cette campagne que les conservateurs ont besoin d’utiliser des politiques de peur et de division et évidemment, inventer des choses, pour tenter de faire entendre leur message. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont rien à offrir aux Canadiens excepté des coupures de 53 milliards », a-t-il lancé.


Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a pour sa part qualifié de « troublantes » ces révélations.


Hier sur Twitter, Maxime Bernier, s’était dit « abasourdi et choqué ». « C’est une atteinte à l’intégrité de notre processus démocratique », avait-il dénoncé sur le réseau.

« Les conservateurs ne pouvaient compétitionner avec le (Parti populaire du Canada) sur les politiques et le leadership », a-t-il ajouté, en accusant son adversaire conservateur d’être prêt à « n’importe quoi » pour accéder au pouvoir.


Andrew Scheer et Maxime Bernier sont d’anciens rivaux à la course au leadership du Parti conservateur. Après sa défaite, l’ex-ministre et député sortant de Beauce a fondé sa propre formation­.

Kinsella s’en vante

En fin d’après-midi, M. Kinsella a publié un court texte sur son blogue pour se défendre et même se vanter. Refusant de nommer son client pour des raisons de confidentialité, il a toutefois reconnu avoir cherché à démontrer l’esprit d’intolérance au sein du Parti populaire. « Je suis fier de m’opposer à des intolérants comme Bernier, que je sois payé ou non pour le faire. J’ai un client qui veut exposer et s’opposer à l’intolérance ? Il mérite d’être salué, pas d’être critiqué », a-t-il écrit, comme par défi.

Il a indiqué que ce travail avait été effectué, il y a plusieurs mois. Ce document devait être rendu public. Pour lui, rien d’illégal ou d’inapproprié n’a été commis. « S’opposer à l’intolérance est toujours approprié et juste. Nous étions et sommes toujours vigoureusement fiers du travail que nous avons accompli », a-t-il ajouté.

Se défendant d’être membre d’un parti politique quelconque, il a noté que sa firme avait obtenu des contrats avec tous les partis politiques, sauf celui de Maxime Bernier.

Il refuse de considérer Maxime Bernier comme une victime. Quiconque le fait ne fait qu’aider un raciste. « Vous êtes en train de l’aider, vous devriez cesser de le faire. »

— Avec La Presse canadienne