En annonçant leur intention de ralentir les dépenses en infrastructures s’ils sont élus, les conservateurs ont fait naître des inquiétudes à l’hôtel de ville de Montréal. Inquiétudes que le parti d’Andrew Scheer a voulu effacer vendredi : les projets existants, tel que le tramway à Québec, ne seront pas touchés par cette mesure. Mais la mairesse de Montréal demande de meilleures garanties pour le financement futur des infrastructures montréalaises.

Jeudi, le cabinet de la mairesse de Montréal Valérie Plante a avisé ses homologues de la Ville de Québec et du gouvernement provincial qu’elle pourrait reprendre les 800 millions de dollars qu’elle a accepté de transférer à la Ville de Québec pour qu’elle puisse construire un tramway si le prochain gouvernement fédéral ne respecte pas les termes de l’entente.

En vertu de celle-ci, Montréal a accepté en juin dernier que l’enveloppe fédérale mise à sa disposition pour des projets d’infrastructures serve immédiatement à financer le projet de tramway à Québec. En contrepartie, le gouvernement du Québec allouera une « somme équivalente » à la métropole dans la prochaine décennie pour ses propres projets de transport en commun, dont celui de tramway entre Lachine et le centre-ville (le « tronçon ouest de la ligne rose », tel que qualifié par la mairesse Plante).

« On veut s’assurer que l’ensemble des parties respectera l’entente », a expliqué vendredi matin l’attachée de presse de la mairesse de Montréal, Geneviève Jutras.

L’inquiétude est née de l’intention des conservateurs de revoir le budget fédéral réservé au financement des infrastructures, s’ils sont portés au pouvoir. Malgré cette intention, « un gouvernement conservateur va respecter cette entente » concernant le financement du tramway de Québec, a précisé à La Presse le porte-parole du parti, Rudy Husny.

Mais la mairesse Plante n’est pas totalement rassurée par cette déclaration. « Ce n’est pas le respect des engagements actuels qui nous préoccupe, mais bien le respect de l’ensemble des sommes prévues en transport collectif pour Montréal, soit au moins 3,7 milliards sur 10 ans », a déclaré aujourd’hui Valérie Plante. « C’est là-dessus que je demande un engagement aux partis, car c’est cette enveloppe qui permet à Montréal d’accorder l’argent pour le tramway à Québec. »

Les conservateurs se veulent rassurants

Lors de l’annonce de leur cadre financier, les conservateurs ont annoncé vouloir amortir sur 15 ans au lieu de 12 ans la distribution des 187 milliards prévus pour le financement d’infrastructures au pays. Cette mesure, estiment les conservateurs, pourrait leur permettre d’économiser 14,4  milliards de dollars en cinq ans.

Les libéraux ont répliqué cette semaine en dénonçant des « coupes » que les conservateurs comptent faire dans les infrastructures de l’ordre de 18  milliards, dont quatre milliards de dollars « juste pour le Québec », a déclaré le ministre libéral Jean-Yves Duclos. « Leur promesse sur le tramway ne tient pas la route, leur promesse pour le troisième lien non plus », a-t-il martelé mardi. Une interprétation qui a été dénoncée par leurs adversaires.

Ce matin, les conservateurs ont répété que ce rééchelonnement ne touchait pas les projets d’infrastructures qui font déjà l’objet d’une entente de financement, mais seulement la portion de 40 % du budget total d’infrastructures « pour lequel il n’y a pas encore d’entente », selon le porte-parole Rudy Husny, en citant les chiffres du directeur parlementaire du budget.

Dans une lettre envoyée au début de la semaine aux maires du pays, Andrew Scheer affirme qu’un « gouvernement conservateur honorerait et maintiendrait tous les projets existants auxquels le gouvernement fédéral actuel s’était déjà engagé ».

« Absolument légitime » selon Labeaume

Le maire de Québec, Régis Labeaume, s’est montré prudent dans ses commentaires, refusant de s’immiscer dans la campagne fédérale. Il a cependant convenu que les préoccupations de Mme Plante sont « absolument légitimes ».

Il a rappelé que la mairesse a accepté de troquer des investissements immédiats dans la métropole contre le financement futur de la « ligne rose ». Il a utilisé une analogie sportive pour illustrer ses craintes ses craintes.

« Elle veut s’assurer qu’elle ait son choix au repêchage et que tout sera fait comme elle en a discuté avec le gouvernement du Québec, a observé le maire. Alors je comprends ses préoccupations et je me sens concerné aussi. »

Mais du même souffle, il a également assuré avoir été en contact étroit avec les partis fédéraux au cours des dernières semaines. Selon lui, « il n’y a jamais eu de menace » à l’entente de financement, conclue plut tôt cette année.

- Avec la collaboration de Martin Croteau