Au cours de la présente campagne, c’est le Nouveau Parti démocratique (NPD) qui a formulé les deux propositions les plus susceptibles de réduire les inégalités sociales, alors que le Parti populaire du Canada (PPC) a produit celles qui risquent le plus de creuser l’écart entre riches et pauvres, conclut un bulletin produit par l’Observatoire québécois des inégalités.

C’est la première fois que l’Observatoire se prête à cet exercice pendant une campagne. Pour ce faire, il a soumis différentes promesses électorales à un groupe d’experts externes qui les a évaluées en fonction de leur propension à réduire ou non les inégalités dans la société ainsi que selon la portion de la population qui en subira les effets.

Ce sont 26 économistes et spécialistes des politiques publiques provenant du Canada et des États-Unis qui ont ainsi accordé des notes aux engagements électoraux. L’Observatoire a ensuite colligé ces notes et les diffuse aujourd’hui. À titre de référence, on peut considérer qu’une note de C équivaut à n’avoir aucun impact sur les inégalités.

Pour chacun des six principaux partis, trois promesses ont été retenues. Elles devaient être suffisamment documentées dans les plateformes des formations et devaient s’appliquer au Québec. Afin de préserver l’impartialité du processus, la liste de promesses fournie au panel ne précisait pas à quel parti elles étaient associées.

Parmi les 18 engagements évalués, les deux seuls qui se voient attribuer une note de A ont été formulés par le NPD – l’augmentation de l’impôt sur le patrimoine des familles riches et la création de logements abordables. La troisième promesse faite par le parti de Jagmeet Singh, soit l’augmentation de l’impôt sur les gains en capital, reçoit la note de A-, tout comme deux propositions du Parti libéral, du Parti vert et du Bloc québécois.

Des D pour le PPC

À l’opposé, le bonnet d’âne revient sans conteste au Parti populaire, dont deux promesses reçoivent la note de D- ; elles sont donc les plus susceptibles d’accentuer les inégalités. Il s’agit de l’abolition de l’impôt sur les gains en capital de même que la fiscalité. La troisième promesse du PPC – retrouver l’équilibre budgétaire en deux ans – hérite d’un D, tout comme l’engagement conservateur de fractionner les revenus de dividendes des familles. En fait, aucune promesse de Maxime Bernier, dans l’échantillon de l’Observatoire, n’a pour effet de réduire les inégalités.

L’Observatoire québécois sur les inégalités, établi à l’Université de Montréal, s’affiche comme « une organisation indépendante, non partisane et sans but lucratif dont la mission et de favoriser la réduction des inégalités en mobilisant et en vulgarisant des connaissances scientifiques objectives ». La Presse en avait fait un portrait l’hiver dernier.

« Éclairer le débat »

En entrevue avec La Presse, le directeur général de l’Observatoire, Nicolas Zorn, précise que ce type d’exercice ne vise pas à fournir une appréciation des plateformes globales des partis, mais bien à « éclairer le débat public ».

Si la sélection des promesses électorales retenues pour chaque parti peut sembler limitée, M. Zorn précise que la liste s’est raccourcie d’elle-même en écartant les mesures peu documentées ou encore celles qui relèvent davantage de l’« intention » que d’une politique concrète qui sera mise en application.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Nicolas Zorn, directeur général de l’Observatoire québécois sur les inégalités

« Ça en dit plus long sur les partis que l’évaluation de leur plateforme », estime le doctorant en science politique, qui déplore que « remarquablement peu d’informations » soient rendues disponibles au public et aux scientifiques. Les inégalités élevées, rappelle-t-il, « coûtent cher à la population, à l’économie et à la démocratie ».

Nicolas Zorn souhaite qu’à l’avenir, tous les partis ouvrent leurs livres afin de se soumettre au test des experts. À ce chapitre, il signale que le Parti libéral, le Bloc québécois et le Parti vert ont particulièrement fait preuve de transparence.

« On est contents de faire une fleur aux trois partis qui ont rapidement rendu publics leur plateforme et leur cadre financier », souligne le chercheur. Avec les élections à date fixe, « les partis n’ont plus d’excuses » de ne pas le faire, croit-il.