(Lévis) La grande région de Québec pourrait pencher vers le Bloc québécois le 21 octobre, à en croire le chef bloquiste Yves-François Blanchet.

Il faisait campagne mardi au chantier maritime Davie, à Lévis, sur la Rive-Sud de Québec, où il a dit espérer déloger les conservateurs.

Plusieurs victoires sont « possibles », selon M. Blanchet, qui est en ascension dans les sondages d’opinion. Il déplore que des médias affirment que le Bloc fait de la « figuration » à Québec, sans « réel projet ».

« Est-ce que les conservateurs vous ont si bien servis que ça ? Est-ce que vous avez eu votre part ? Est-ce que vous avez eu des réalisations réelles ? » a-t-il lancé en point de presse.

La région de Québec compte actuellement cinq députés du Parti conservateur et deux du Parti libéral, dont le ministre de la Famille, Jean-Yves Duclos.

De l’autre côté du fleuve, la région de Chaudière-Appalaches est entièrement représentée par des députés conservateurs, à part Maxime Bernier, qui est aujourd’hui chef du Parti populaire du Canada.

Ce portrait pourrait changer le 21 octobre, prédit M. Blanchet, qui accuse les conservateurs de n’avoir su répondre aux attentes de la population québécoise.

Tous les partis cautionnent, depuis 2011, la stratégie de construction navale qui écarte le Québec, une « arnaque historique », a-t-il illustré en point de presse, mardi, entouré de candidats bloquistes.

M. Blanchet a demandé aux chefs des partis fédéraux de s’engager notamment à faire du chantier Davie le troisième partenaire de la stratégie de construction navale canadienne, à lui octroyer un contrat pour un second pétrolier ravitailleur, l’Obélix, et à tenir une commission d’enquête spéciale sur l’ensemble de la stratégie navale.

Selon lui, le chantier Davie n’a obtenu que 2 milliards de contrats du fédéral depuis le début de cette stratégie, tandis que le chantier Irving (Nouvelle-Écosse) et le chantier Seaspan (Colombie-Britannique) ont reçu 75 milliards et 25 milliards de contrats respectivement.

« Quand il y a une grappe de centaines d’entreprises à travers le Québec avec des retombées économiques de ce poids-là, qui sont laissées pour compte pour favoriser de façon grossière Irving dans les Maritimes, et à Vancouver, on a le droit de savoir ce qui s’est passé », a martelé le chef bloquiste.

Les adversaires contre-attaquent

La sortie de M. Blanchet mardi — à six jours du vote — a fait grand bruit. Le Parti libéral et le Parti conservateur se sont tous deux empressés de réagir dans les minutes qui ont suivi son point de presse.

Rappelons que le plus récent sondage Forum Research, réalisé auprès de 1001 Québécois pour le compte de Métro Montréal, suggère que le Bloc serait en deuxième position derrière les libéraux, avec 31 % des intentions de vote.

« Malgré toutes ses incantations, le chef du Bloc ne peut rien faire pour aider les travailleurs de la Davie », a déclaré la candidate libérale dans Bellechasse-Les Etchemins-Lévis, Laurence Harvey, par voie de communiqué.

Elle a rappelé que le Parti libéral a confirmé des contrats pour la construction de deux traversiers et pour la remise à niveau de trois frégates, et accepté de rouvrir la Stratégie nationale de construction navale pour y inclure un troisième partenaire.

« Je n’ai aucune leçon à recevoir de M. Blanchet, a pour sa part rétorqué le chef conservateur Andrew Scheer, qui était de passage à Québec, mardi. C’est notre gouvernement conservateur qui a assuré que Davie a eu le contrat pour l’Astérix. » Le parti affirme vouloir un deuxième navire ravitailleur pour la marine royale canadienne.

3e lien et GNL Québec : le Bloc reste muet

Par ailleurs, Yves-François Blanchet a de nouveau refusé de se mouiller sur la construction d’un troisième lien routier Québec-Lévis et sur le projet de GNL Québec, qui prévoit la construction d’un gazoduc et d’une usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay.

Il a répété qu’il attendra les évaluations environnementales du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) avant de se prononcer. Sa candidate dans Québec, Christiane Gagnon, s’est déjà dite personnellement contre la construction d’un troisième lien.

« Dans son propre propos, elle reconnaissait que la position du Bloc était la bonne, a-t-il dit. Je comprends très bien, et je ne suis pas un chef particulièrement autoritaire, que des gens puissent sur une base personnelle avoir des inquiétudes. »

Mardi, une quarantaine d’économistes québécois ont critiqué le projet de gazoduc de 750 kilomètres et d’usine de liquéfaction de gaz naturel que GNL Québec prévoit aménager et ont émis de sérieux doutes sur les promesses de retombées économiques.

Dans leur lettre, les signataires affirment également que le gaz transporté par ce pipeline pourrait bien remplacer du gaz conventionnel plus propre ou de l’électricité de source renouvelable, et ainsi augmenter les émissions globales de gaz à effet de serre (GES).