Des citoyens francophones de la grande région d’Ottawa ont reçu des documents publicitaires unilingues en anglais de la part du Parti libéral et du Parti conservateur.

« A message from Justin Trudeau » : c’est comme cela que débutait une lettre reçue par des électeurs de la circonscription de Nepean, dans l’ouest d’Ottawa. La lettre n’était pas traduite en français.

Même chose du côté du Parti conservateur, dans la même circonscription : certains électeurs ont reçu un dépliant unilingue en anglais de la part du chef Andrew Scheer.

C’est assez impardonnable. C’est dégueulasse de voir qu’une situation comme ça existe, surtout dans la capitale fédérale.

Jean-Paul Perreault, président d’Impératif français

M. Perreault parle d’une « négation de l’existence de la francophonie dans la capitale du Canada ».

La circonscription compte plusieurs écoles francophones. Quelque 8,5 % des habitants de Gloucester-Nepean-Sud ont le français comme langue maternelle, selon des chiffres du Commissariat aux langues officielles datant de 2011.

Les partis s’expliquent

Le Parti libéral indique qu’il s’agit d’une erreur. « Pendant la campagne électorale, nous voulons parler aux Canadiens dans la langue officielle de leur choix sur toutes nos plateformes et dans toutes nos communications, indique un porte-parole du parti. Il est possible que des erreurs se glissent parfois. Lorsque c’est le cas, les Canadiens s’attendent à ce qu’elles soient corrigées : c’est ce que nous allons continuer à faire. »

Le Parti conservateur, quant à lui, se base sur les profils des circonscriptions de Statistique Canada pour déterminer dans quelle langue sera rédigé le courrier envoyé aux électeurs. « Nous communiquons avec les électeurs dans la langue de leur choix, selon les informations disponibles du recensement et les profils de circonscription, a indiqué un porte-parole du parti. Nous regrettons que malgré nos efforts, des électeurs aient reçu des informations qui n’étaient pas dans la langue de leur choix. »

Seulement 501 personnes parlent uniquement le français dans cette circonscription, mais ils sont 8320 à l’avoir comme langue maternelle.

Les conservateurs précisent qu’ils produisent les documents dans les deux langues officielles afin de s’adapter aux différentes circonscriptions.

Accueil unilingue dans les bureaux de vote

Des francophones de différentes provinces ont dénoncé hier sur Facebook l’absence de service en français dans leur bureau de vote.

« Quand je suis arrivée, ils ont dit “Allô-Bonjour”, mais après ils ont dit qu’ils ne parlaient pas français », indique Caroline Legault, une Franco-Ontarienne qui vit maintenant à l’Île-du-Prince-Édouard.

Je comprends qu’ils sont très limités, mais c’est décevant quand c’est un scrutin fédéral.

Caroline Legault

Mme Legault a déposé une plainte auprès du Commissariat aux langues officielles. « Je demeure dans une circonscription où il y a beaucoup d’Acadiens », dit-elle. Elle reconnaît toutefois que le bureau de scrutin où elle a voté se situe dans un secteur majoritairement anglophone.

D’autres personnes ont reçu un accueil semblable ailleurs au Canada. « La même chose m’est arrivée aujourd’hui à Toronto, a écrit sur Facebook Hélène Roussel. On m’a offert un service de téléphone de traduction. »