La perspective d’un gouvernement minoritaire s’est invitée dans les points de presse ayant suivi le débat des chefs.

« Un gouvernement conservateur » ou rien

Le NPD a déjà fait son lit : il ne compte pas collaborer avec un éventuel gouvernement conservateur minoritaire. Ça tombe bien, c’est réciproque. Andrew Scheer n’a pas voulu s’avancer sur quelque collaboration que ce soit, avec quelque parti que ce soit. « Nous nous concentrons seulement sur un gouvernement conservateur. C’est la seule chose qui nous intéresse. »

Pas de coalition, dit Blanchet

Yves-François Blanchet a été catégorique : il n’envisage pas de faire partie d’un gouvernement de coalition mené par le Parti conservateur. « Notre position ne change pas : on va négocier pour arracher des gains pour le Québec. Si une proposition est bonne pour le Québec, on va voter pour. Sinon, on va voter contre. » Toutefois, M. Blanchet se réjouit du fait que le Bloc devient la cible privilégiée des attaques libérales, conservatrices et néo-démocrates. « Ça confirme que nous sommes de nouveau un joueur significatif, que nous avons regagné le respect » des autres formations.

Des discussions houleuses sur l’oléoduc, avertit Singh

Le NPD s’était dit disposé à « négocier » avec le Parti libéral advenant un gouvernement Trudeau minoritaire. Mais les discussions sur l’oléoduc Trans Mountain s’annoncent complexes et inconfortables. Hier soir, Jagmeet Singh a répété son opposition au projet d’oléoduc, mais il a semblé laisser une mince marge de manœuvre. Alors que le gouvernement du Canada est déjà propriétaire de l’oléoduc, M. Singh a dit qu’il fallait être « le plus responsable possible ». « Il faut prendre des décisions prudentes, a-t-il dit. C’était une erreur de l’acheter, et je m’oppose à son expansion. »

May : Trans Mountain, c’est non, point final

Sur le même sujet, Elizabeth May a été moins nuancée. Il est hors de question de poursuivre le projet Trans Mountain, et ce, quel que soit le gouvernement en place. De toute manière, même l’abandon de l’oléoduc « ne serait pas près de suffire » à la diminution massive des émissions de gaz à effet de serre du Canada. Comme elle l’a déjà dit, elle a réitéré qu’elle était prête à travailler avec n’importe quel parti au pouvoir, « mais que le statu quo doit changer ». « Même le plan climatique du NPD ne me plaît pas, car il ne s’oppose pas au projet gazier GNL Québec », a-t-elle lancé.

Scheer brandit un complot Bloc-PQ

Foi d’Andrew Scheer, dès le 22 octobre, le Bloc québécois travaillera main dans la main avec le Parti québécois pour « réanimer le mouvement souverainiste », et ce, même si le PQ n’a que neuf sièges à l’Assemblée nationale. Il l’a d’abord affirmé pendant le débat et l’a répété en mêlée de presse. « M. Blanchet fait semblant d’être le meilleur ami de M. Legault, mais les Québécois et Québécoises doivent savoir qu’il va travailler avec le PQ », a-t-il martelé. Amusé, M. Blanchet avait plus tôt rappelé que dans les années 2000, le chef bloquiste Gilles Duceppe avait collaboré avec Jean Charest, alors premier ministre du Québec, pour obtenir 3 milliards pour compenser « en partie » le déséquilibre fiscal à Ottawa. « Je pense qu’on peut difficilement dire que M. Charest était un grand militant indépendantiste », a fait valoir M. Blanchet.

La « petite clôture » de Maxime Bernier

Comme il l’avait fait lundi en anglais, Maxime Bernier a réitéré hier qu’il comptait abaisser les seuils d’immigration et resserrer la sécurité à la frontière. Hier, il a toutefois répondu positivement à une question évoquant son intention d’ériger un « mur » ou une « clôture » pour fermer le chemin Roxham. « La seule manière de stopper [l’entrée des migrants] est avec une petite clôture », a-t-il dit en anglais. « Une barrière », a-t-il précisé en français peu après. « De cette manière, les agents de la Gendarmerie royale du Canada pourraient diriger les migrants vers les portes officielles », a-t-il conclu à ce sujet.

Blanchet ne veut pas céder au « cynisme indigne »

Toute la journée, Yves-François Blanchet a dû composer avec la révélation selon laquelle quatre de ses candidats ont tenu dans un passé récent des propos racistes ou islamophobes sur les réseaux sociaux. Les candidats en question ont fourni une déclaration commune pendant la journée et M. Blanchet s’est excusé en leur nom avant le débat. Pendant la mêlée de presse ayant suivi la joute oratoire, le chef bloquiste s’est fait demander s’il trouvait « avantageux » de garder ces candidats dans ses rangs. « Pour céder à un raisonnement pareil, il faudrait que je sois d’un cynisme indigne, s’est-il désolé. J’assume que les gens fouillent dans mes dizaines de chroniques, dans mes centaines d’heures de télévision et dans mes dizaines de milliers de messages sur les réseaux sociaux, et ils ne trouveront jamais quelque chose qui fait de moi quelqu’un d’islamophobe. » Pour lui, le dossier est clos, et les coupables ont été « sévèrement réprimandés ».