Les professionnels de la santé du pays exhortent les partis fédéraux à considérer les changements climatiques comme un enjeu de santé publique.

« Il s’agit du plus important problème auquel nous faisons face au chapitre de la santé publique », a souligné jeudi le docteur Sandy Buchman, président de l’Association médicale canadienne.

Pas moins de 22 organisations nationales liées à la santé, dont l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, l’Association canadienne de santé publique et le Collège royal des médecins et des chirurgiens du Canada, ont fait parvenir une lettre ouverte à tous les partis.

Ces groupes représentent 300 000 professionnels de la santé dans l’ensemble du pays.

Les changements climatiques ont déjà des répercussions néfastes sur la santé publique, peut-on lire dans la lettre.

« Nous n’utilisons pas les morts “urgence climatique” à la légère, a dit M. Buchman. Nous utilisons un vocabulaire plus puissant parce que nous pensons que les preuves le démontrent. »

Des maladies transmises par des insectes comme la maladie de Lyme sont déjà présentes dans des provinces comme la Colombie-Britannique, l’Alberta et l’Ontario, là où elles n’avaient jamais été dépistées auparavant.

« Environ 2000 Canadiens souffrent des répercussions [des changements climatiques] », a rappelé Robin Edger, directeur général de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.

Canicules et incendies de forêt

Les signataires rappellent que 66 personnes sont mortes lors de la canicule de 2018 au Québec. Ils soulignent que les incendies de forêt plus intenses et plus étendus ont causé de graves problèmes respiratoires et de santé mentale. Dans le Grand Nord, l’insécurité alimentaire s’est aggravée, car les changements climatiques nuisent à la chasse.

L’Organisation mondiale de la santé a placé les changements climatiques en tête de liste des pires menaces à la santé du XXIe siècle.

Le docteur Buchman signale que les répercussions se font sentir davantage chez les plus pauvres. Il déplore que le sujet soit uniquement débattu d’un point de vue économique.

« On n’entend pas parler des impacts sur la santé, c’est pourquoi nous voulons attirer l’attention sur le sujet. »

Les organisations ont formulé diverses recommandations : imposer une taxe sur les émissions de carbone ; établir des cibles de réduction qui respecteront les engagements internationaux et élaborer un plan pour les atteindre ; réduire les émissions des gaz à effet de serre provenant des carburants fossiles et du secteur agricole ; financer le transport collectif.

Elles soulignent que le temps commence à manquer pour résoudre la crise. « Quand les bambins d’aujourd’hui iront à l’école secondaire, notre fenêtre pour des mesures efficaces se sera refermée. »

Une lettre semblable qui comportait moins de signatures avait été rendue publique en février. M. Edger dit avoir rencontré tous les partis fédéraux importants pour en parler, sauf un.

« Le Parti conservateur ne nous a pas rencontrés », a-t-il signalé.

La formation d’Andrew Scheer n’est pas favorable à la taxe sur les émissions de carbone.