Scheer montre les dents

Andrew Scheer a-t-il été piqué au vif par les critiques suivant le débat de TVA, la semaine dernière ? À son tout premier tour de parole, alors qu’il était censé s’exprimer sur la défense des intérêts et des valeurs du Canada sur la scène internationale, le chef conservateur s’est plutôt tourné vers son rival libéral pour le prendre à partie. Justin Trudeau « ne peut même pas se souvenir combien de fois il a affiché un blackface », a lancé M. Scheer. Puis, fixant froidement son adversaire, il a déclaré : « Monsieur Trudeau, vous êtes un poseur [phony], un imposteur, vous ne méritez pas de gouverner ce pays. » Et on n’avait pas encore atteint la cinquième minute du débat.

La « pire idée » des conservateurs

Elizabeth May a sans doute réservé l’une de ses meilleures répliques de la soirée à Andrew Scheer. Alors que le leader conservateur réitérait sa volonté de sabrer le quart de l’aide internationale canadienne à l’étranger, la cheffe des verts lui a souligné qu’il s’agissait probablement « de la pire idée de [sa] non-plateforme », référence au fait que les conservateurs n’ont pas encore dévoilé leur cadre financier. « Il est possible de combattre la pauvreté au Canada et ailleurs, mais pas avec vos politiques malavisées, cupides et égoïstes », a-t-elle dit.

Climat : comme en 2015, déplore Singh

Jagmeet Singh a concédé à Justin Trudeau qu’il avait dit « de très bonnes choses » pendant le débat en matière d’environnement. « Le problème, c’est que vous avez cédé sur ces mêmes choses en 2015 », a fait remarquer le chef du NPD. « Vous parlez comme quelqu’un qui fait du climat sa priorité », mais en réalité, a-t-il encore dit, « vous avez acheté un pipeline, vous avez subventionné l’industrie gazière, vous avez rendu la vie facile aux grands pollueurs », a-t-il énuméré. « Qu’est-ce que ça prendra pour que vous respectiez vos engagements ? », s’est demandé M. Singh.

Crise d’identité

Maxime Bernier croyait bien marquer des points en demandant à Andrew Scheer s’il était un vrai conservateur. « Vous ne voulez pas équilibrer le budget : je crois que vous êtes un libéral. Pourquoi prétendre être quelque chose que vous n’êtes pas ? », a lancé le chef du Parti populaire. Sourire en coin, M. Scheer lui a répondu qu’il ne savait pas « à quel Maxime Bernier » il avait affaire. « Est-ce celui des années 90 qui était séparatiste ? Ou est-ce le ministre [sous Stephen Harper] qui a fourni de l’aide aux entreprises ? », a demandé le chef conservateur.

Cacophonique avortement

Quoique succinctes, les discussions sur l’avortement ont sans doute produit la scène la plus absurde du débat, alors que deux duels avaient lieu simultanément aux extrémités du plateau. Elizabeth May a finalement pu prendre la parole pour faire remarquer qu’il était « intéressant » de voir ainsi « des hommes débattre de ce que devraient être les droits des femmes » depuis le début de la campagne. « Nous devons être clairs : nous ne céderons pas un pouce sur le droit acquis durement par les femmes de ce pays », a-t-elle ajouté, applaudie par le public et même par Justin Trudeau et Jagmeet Singh.

Bernier l’écolo

Maxime Bernier s’est livré à une surprenante profession de foi lorsqu’il a déclaré que sa formation politique était « le seul vrai parti environnementaliste », affirmation qui a été suivie d’un murmure amusé dans l’assistance. Le chef du Parti populaire a traité ses adversaires d’« hypocrites », car ceux-ci « veulent changer le monde », mais ne pourront atteindre les cibles de l’accord de Paris, selon lui.

Blanchet à la défense des travailleurs de SNC-Lavalin

Après qu’Andrew Scheer eut envoyé une pointe à Justin Trudeau au sujet de l’affaire SNC-Lavalin, Yves-François Blanchet a voulu défendre les employés de l’entreprise en s’adressant au chef conservateur « au nom de 3 400 personnes qui n’ont rien fait de mal ». « Vous avancez l’idée que le Québec est corrompu. La valeur des actions a chuté, les employés quittent l’entreprise, ces personnes vont tout perdre par votre faute », a reproché le chef bloquiste à son adversaire. Ce dernier a toutefois nié les accusations à son endroit.

Laïcité : Trudeau renforce sa position

Accusé depuis le début de la campagne de vouloir s’ingérer dans le système législatif québécois en n’écartant pas une contestation judiciaire de la Loi sur la laïcité de l’État, Justin Trudeau a affirmé sa position hier soir. « Oui, c’est gênant [awkward] politiquement, parce que cette loi est populaire [au Québec] », a-t-il admis. « Mais je suis le seul sur cette scène à avoir dit : oui, un gouvernement fédéral pourrait devoir intervenir », a-t-il dit, reprochant à Jagmeet Singh de « manquer de leadership » en ne gardant pas cette « porte ouverte ».