Un candidat bloquiste semble particulièrement s’inquiéter du sort de l’homme blanc au Québec.

Dominique Mougin, qui brigue les suffrages dans Saint-Léonard–Saint-Michel, a partagé au cours de la dernière année deux articles du média ultraconservateur Le Peuple. Ces billets dénonçaient la Ville de Montréal et Québec solidaire pour avoir établi des critères d’embauche qui favorisent le recrutement de femmes et de personnes issues des minorités ethniques.

Dans les deux cas, les textes se désolaient que les critères de diversité défavorisent les « hommes blancs », à plus forte raison ceux qui sont « hétérosexuels » dans le cas de l’administration Plante.

M. Mougin n’était pas l’auteur de ces textes, mais en plus de les partager, il a fourni des commentaires pour les appuyer. Le 8 janvier 2019, sous le texte intitulé « Hommes blancs, abstenez-vous de postuler pour Québec solidaire ! », il a écrit que « si on veut commencer à se faire respecter, il va falloir répondre coup pour coup ».

Il est plus que temps que les députés du PQ et du Bloc québécois dénoncent le racisme dont font preuve QS et Projet Montréal.

Dominique Mougin, le 8 janvier 2019

Quelques semaines plus tôt, en novembre 2018, sous le texte « L’homme blanc hétéro est écarté par l’administration municipale », le candidat bloquiste décrivait Valérie Plante comme « notre petite mairesse », en plus d’ajouter : « et je ne parle pas seulement de sa taille ».

La Presse a laissé des messages vendredi et dimanche sur la boîte vocale de Dominique Mougin, mais celui-ci n’a pas rappelé. Les deux publications ont toutefois été retirées de son fil Facebook dans l’intervalle.

Avant qu’il annonce la fin de ses activités en août dernier, le média Le Peuple se décrivait comme « un journal qui vise à donner un point de vue différent sur l’actualité québécoise et canadienne ». Il défendait notamment des positions masculinistes, climatosceptiques et antimigratoires.

Invité à réagir au comportement en ligne de son candidat, le Bloc québécois nous a fourni une courte déclaration dans laquelle il indique que « M. Mougin s’est engagé à défendre exclusivement le programme » du parti.

Peur de la drague

Dans un registre moins draconien, un autre candidat bloquiste a lui aussi déploré la condition de l’homme québécois au cours des dernières années.

Claude André, qui se présente dans Rosemont–La Petite-Patrie, a travaillé comme journaliste pigiste et chroniqueur d’humeur dans les années 2000 et 2010. À l’époque, il a alimenté une page personnelle, puis un blogue hébergé par le Huffington Post.

Sur sa page personnelle, en mars 2007, il a signé un « édito » adressé « strictement aux mecs » dans lequel il disait remarquer que les hommes d’ici étaient effrayés par l’idée de draguer des femmes.

« Serait-ce parce que les gars, depuis la garderie au secondaire, ont été élevés par des femmes que l’homo quebecencis molluscus est angoissé à l’idée d’en affronter une sur le terrain de la séduction ? […] Ou encore parce qu’elles ont connu des pères du divorce qui, par remords de ne pas leur donner une vraie famille, les traitent comme des reines que les filles d’ici sont si altières ? », a-t-il écrit.

Joint par La Presse vendredi dernier, Claude André a soutenu que ses textes « d’humour » s’inscrivaient dans « l’esprit de ces années-là ». Il affirme qu’il ne cautionne plus ces idées. « De vieux sketches de Rock et Belles Oreilles, ça ne passerait plus aujourd’hui », illustre-t-il.

« Bashing »

Dans un passé plus récent, M. André a signé un billet intitulé « Le bashing du mâle québécois : ça suffit ! » sur le site du Huffington Post. Dans ce texte daté d’août 2013, il affirmait notamment en avoir « ras le pompon » du « mépris » dont faisaient l’objet, selon lui, les hommes de la province.

Il réagissait alors à un texte publié par la journaliste Judith Lussier dans lequel elle racontait avoir cessé de porter une robe d’été car elle en avait marre de recevoir des remarques déplacées. Son usage de l’expression « violer du regard » avait mis M. André hors de lui.

Déjà que les hommes de ma génération étaient parfois perçus comme des assassins possibles, après les événements de Polytechnique commis par un meurtrier nommé Marc Lépine, faudrait pas non plus que l’on fasse maintenant des Québécois des éventuels violeurs en puissance parce qu’ils répondent – parfois maladroitement, je n’en disconviens pas –, à une impulsion séductrice.

Claude André, dans un texte de 2013

Judith Lussier a dit à La Presse avoir déjà signifié que « si c’était à refaire », elle écrirait sa chronique « autrement ».

« Je crois toutefois que ce texte nous aura permis d’entamer une discussion sur le harcèlement de rue, qui n’était pas vraiment un sujet de discussion à l’époque », a-t-elle ajouté, estimant par contre que la lecture de M. André « extrapolait d’une manière exagérée » et « faisait preuve de susceptibilité et s’inscrivait un peu dans l’idée passive-agressive du “not all men” ».

En entrevue, Claude André a fait valoir que « c’était avant #metoo, avant tout ce qu’on sait sur la culture du viol. Évidemment que je n’écrirais pas quelque chose comme ça aujourd’hui ».

Quant à l’idée du « mâle bashing », elle faisait « partie de la discussion politique de l’époque », selon lui.

Le Bloc québécois s’est dit « satisfait » des explications de son candidat et a souligné que « M. André défend l’égalité entre les femmes et les hommes ».