Le Parti libéral souhaite contraindre les géants de la diffusion de contenu sur le web à inclure davantage de contenus canadiens et québécois dans leur offre et à en faire la promotion.

De quelle manière et dans quelle proportion ? Mystère.  

Estimant que « tous ceux qui participent au système doivent contribuer au système », le ministre sortant du Patrimoine, Pablo Rodriguez, a présenté les promesses de son parti en matière de culture mardi matin. Mais hormis la taxe de 3 % sur les recettes des géants du web et la perception de la TPS, déjà annoncées dimanche dernier, le candidat n’a fourni aucun détail sur la façon dont un gouvernement libéral s’y prendrait pour imposer aux diffuseurs comme Spotify ou Netflix une offre canadienne et québécoise.

« Les géants du web qui font de l’argent avec ce que créent nos artistes devront contribuer », s’est limité à dire M. Rodriguez, qui affirme que des décisions en ce sens ne seront prises qu’en janvier prochain, soit après que soit déposé le rapport du comité Yale, chargé de revoir le cadre législatif en matière de radiodiffusion et de télécommunications.

« Dès qu’on le reçoit [le rapport], on va légiférer », a assuré M. Rodriguez.

Ce dernier a réitéré la volonté de son parti de récupérer 540 millions dès 2020 avec la taxe de 3 % imposée aux géants du web qui génèrent des recettes globales d’au moins 1 milliard de dollars par année, dont 40 millions au Canada, grâce à la vente de publicité en ligne et les données des utilisateurs.

Cette somme atteindrait 730 millions en 2024. Ces prédictions ont été jugées optimistes par des experts, écrivait La Presse mardi matin.

Au cours d’une mêlée de presse, M. Rodriguez a été questionné à savoir pourquoi son gouvernement n’avait pas agi plus tôt à cet égard pendant les quatre années de son règne, et ce, malgré les appels répétés des acteurs de l’industrie culturelle au Québec et au Canada.

Le candidat s’en est tenu à la ligne des derniers mois, rappelant que l’annonce faisait suite à des « consultations » et que le gouvernement Trudeau avait « discuté avec des pays alliés » et suivi de près le travail de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) sur ces enjeux.

Passeport culturel et Téléfilm

Flanqué des candidates libérales Geneviève Hinse (Rosemont – La-Petite-Patrie) et Annie Talbot (Portneuf – Jacques-Cartier), Pablo Rodriguez a en outre annoncé qu’un gouvernement libéral réélu bonifierait de 50 millions la subvention annuelle accordée à Téléfilm Canada, une hausse de quelque 50 %.  

Les libéraux souhaitent également créer un « laissez-passer culturel », soit un crédit de 200 $ remis à chaque enfant à l’âge de 12 ans et qui pourra être dépensé dans un musée ou un théâtre, par exemple, « pour profiter du contenu local canadien », comme le stipule la plateforme du parti.

La formation politique promet en outre d’élargir le mandat de Radio-Canada/CBC afin d’ouvrir sa plateforme numérique aux médias d’information « en démarrage » et aux journaux communautaires afin de stimuler la diffusion de contenu local. Le parti prévoit également réévaluer la politique nationale sur les musées et créer d’une nouvelle Stratégie diplomatique culturelle pour mousser les créations canadiennes hors de nos frontières.