(Ottawa) Un candidat du Parti populaire du Canada (PPC) en Nouvelle-Écosse se retire de la course, affirmant qu’il y a beaucoup «d’éléments clivants et dangereux» au sein de la formation politique créée par Maxime Bernier.

Chad Hudson a officiellement retiré sa candidature dans la circonscription de West Nova lundi, quelques heures avant la limite fixée par Élections Canada pour l’enregistrement de candidats en vue du scrutin fédéral du 21 octobre. Ce qui veut dire que le PPC ratera assurément son objectif de présenter des candidats dans les 338 circonscriptions du pays.

L’homme qui œuvre dans le milieu touristique aurait informé Élections Canada de sa décision lundi matin, mais n’aurait pas parlé aux représentants du parti. Il a rendu sa décision publique par une brève déclaration publiée sur Twitter.

L’ex-candidat soutient avoir longuement réfléchi, mais avoir finalement préféré se retirer «après avoir pris connaissance d’informations sur les valeurs du parti et les choix de son chef».

En entrevue à La Presse canadienne, il a précisé que, selon lui, Maxime Bernier «a choisi une approche très sombre et très dangereuse pour le pays» et qu’il ne veut pas y être associé.

Le directeur général du PPC n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

Chad Hudson réprouve notamment les commentaires faits par M. Bernier à l’endroit la jeune militante contre les changements climatiques Greta Thunberg, qu’il a qualifiée de «mentalement instable».

Manque de jugement

Le chef du PPC avait plus tard retiré ses insultes, mais pour M. Hudson, cela démontre que le chef manque de jugement, ou qu’il accorde trop d’importance aux «personnes dangereuses» qui font partie de son cercle rapproché.

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Greta Thunberg était à l'hôtel de ville de Montréal vendredi dernier.

«Je peux ne pas être en accord avec certaines de ses prédictions pessimistes, mais elle est une jeune femme très inspirante», a mentionné l’ex-candidat.

«Les gens qui ont des handicaps ne sont pas des cibles, a-t-il ajouté en référence au syndrome d’Asperger dont la jeune fille est atteinte. Les enfants ne sont pas des cibles.»

Si Maxime Bernier a déclaré qu’il rejette l’«alarmisme» des changements climatiques, Chad Hudson croit que l’impact des humains sur les changements climatiques est réel. Il était tout de même prêt à mettre de côté cette divergence d’opinions en raison de son appui aux propositions économiques du Parti populaire, dont l’abolition des subventions aux entreprises.

Chad Hudson reconnaît aussi avoir été perturbé par la décision de M. Bernier de maintenir son appui à un candidat ayant tenu des propos racistes et transphobes pour lesquels il a dû offrir des excuses. Même choc lorsqu’il a été révélé qu’un ancien dirigeant d’un groupe néonazi américain faisait partie des fondateurs du PPC.

«Initialement, j’avais réellement espoir de former un nouveau parti qui offrirait aux électeurs des idées rafraîchissantes et des perspectives différentes des vieux partis, quelque chose qui nous proposerait de véritables solutions», a-t-il confié.

«Tout ça ne fait pas le poids devant ces bêtises racistes qui se trament dans l’arrière-boutique. Je ne peux pas y être associé et je dois faire ma part pour le dénoncer», a poursuivi M. Hudson.

Dans sa plateforme, le chef Maxime Bernier dénonce ce qu’il appelle «l’immigration de masse» et le «multiculturalisme extrême». Il a promis de réduire grandement le nombre d’immigrants accueillis au Canada, plaidant que le pays doit s’occuper de ses propres citoyens en premier.

Samedi soir, une manifestation a dégénéré et a été marquée par des échauffourées à proximité de l’endroit où M. Bernier devait prendre la parole à Hamilton, en Ontario. Des manifestants brandissaient des pancartes proclamant «La suprématie blanche, c’est du terrorisme» et «Les réfugiés sont les bienvenus ici».