(Montréal) Le chef conservateur Andrew Scheer a laissé entendre pour la première fois que son parti imposerait les géants du web s’il était porté au pouvoir à la suite des élections du 21 octobre.

De passage sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle, M. Scheer s’est proposé d’offrir « petit scoop » en attendant qu’il annonce une promesse électorale lorsque l’animateur Guy A. Lepage lui a demandé si son parti obligerait Netflix à percevoir la taxe de vente fédérale.

« Il reste quelques jours à la campagne », a d’abord indiqué le chef conservateur. « Un aspect de notre plateforme […] va cibler les géants du web pour s’assurer qu’ils contribuent à notre société », a-t-il ensuite laissé tomber lors de l’émission diffusée dimanche soir sur les ondes de Radio-Canada.

« Percevoir des impôts sur l’argent qu’ils font sur le territoire canadien », a immédiatement renchéri le « fou du roi » Dany Turcotte.

Le gouvernement doit s’assurer d’offrir une chance égale aux différentes entreprises afin, a dit M. Scheer, de maintenir les services de santé et d’éducation. « C’est drôle, tout d’un coup j’ai l’impression de parler avec le chef du NPD », s’est amusé Guy A. Lepage.

Le chef conservateur a par la suite précisé sa pensée sur une possible distribution de ces fonds aux médias. « Le gouvernement doit s’assurer que les gens qui créent les revenus peuvent recevoir les revenus et en même temps on doit s’assurer que les géants du web paient leur part », a-t-il déclaré.

Les conservateurs soutenaient jusqu’à présent que l’imposition des géants du web est un enjeu mondial, que le Canada ne vit pas en silo et qu’ils allaient attendre le rapport d’un groupe d’experts.

Tous les autres grands partis politiques fédéraux se sont engagés à ne pas attendre les autres pays de l’OCDE pour imposer un impôt sur les recettes des GAFA — Google, Amazon, Facebook, Apple — au Canada.

PHOTO DAMIEN MEYER, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Plan environnemental

Andrew Scheer a fait face à plusieurs questions sur son plan environnemental qualifié de « vague et rempli de vœux pieux » par l’animateur Guy A. Lepage.

« Nous avons un véritable plan pour l’environnement », a-t-il assuré lors de son passage à l’émission enregistrée jeudi, à la veille de la marche pour le climat qui a rassemblé entre 300 000 et 500 000 personnes dans les rues de Montréal. Le chef conservateur n’y était pas, ni à aucune autre marche du genre au pays.

M. Scheer, qui promet de construire un « corridor énergétique » qui traverserait le pays malgré l’opposition du Québec à la construction d’un oléoduc sur son territoire, a dit avoir la « vision » d’un Canada indépendant en énergie. Selon lui, les Québécois préfèrent consommer du pétrole canadien que celui provenant de leurs voisins du sud.

« Je suis convaincu que je peux créer une solution gagnant-gagnant, a-t-il ajouté. Le Québec peut partager son énergie hydroélectrique avec les autres provinces et on peut transporter le pétrole de l’ouest du Canada vers l’est du Canada. »

De toute manière, « on a encore besoin de pétrole », a-t-il indiqué aux téléspectateurs de la grand-messe du dimanche soir lors de l’entrevue d’une quinzaine de minutes.

Le chef conservateur est également revenu sur son engagement d’abolir la taxe qui vise à tarifer les émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de lutter contre les changements climatiques.

« La taxe sur le carbone ne fonctionne pas, a tranché M. Sheer. Elle augmente le coût de la vie. Je veux rendre la vie plus abordable. »

L’animateur n’a pas manqué de lui rappeler que d’imposer un prix sur le carbone est, selon le directeur parlementaire du budget, la mesure « la moins coûteuse » et « la plus efficace » pour réduire les GES.

La cheffe du Parti vert, Elizabeth May, était aussi invitée lors de l’émission de dimanche. Elle a déclaré que cette campagne électorale se déroule dans une « période d’urgence climatique », mais qu’il « n’est pas trop tard pour éviter une catastrophe planétaire ».

PHOTO COLE BURSTON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Elizabeth May

Selon Mme May, les Canadiens doivent mettre fin à leur dépendance aux énergies fossiles et les politiciens devraient faire preuve de courage.