(Calgary) Le fondateur du défunt Parti réformiste du Canada s’inquiète de l’isolement grandissant des provinces qui pourrait laisser le pays encore plus divisé à la suite des élections fédérales du mois prochain.

Preston Manning, qui a capitalisé sur le sentiment isolationniste de l’ouest du pays afin de créer le Parti réformiste en 1987, a déclaré cette semaine devant le Canadian Club de Calgary qu’il observait de plus en plus de grogne à travers le Canada.

« L’isolement de l’Ouest, alimenté par le ralentissement du secteur de l’énergie et par la résistance politique au libre transport du pétrole d’une province à l’autre jusqu’aux côtes pour atteindre les marchés internationaux, ravive le mouvement séparatiste dans l’Ouest, particulièrement en Saskatchewan et en Alberta », a soutenu l’ex-politicien de 77 ans.

« Le sentiment séparatiste reprend également vie au Québec. Le Bloc québécois se porte mieux dans cette élection que lors de la précédente. Et si jamais la Cour fédérale déclare inconstitutionnelle la loi 21 (sur la laïcité de l’État), alors on va assister à une nouvelle montée de l’indépendance au Québec sur cette base. »

La Loi sur la laïcité de l’État, adoptée en juin, interdit notamment à certains employés du secteur public, notamment les enseignants des écoles publiques, de porter tout symbole religieux lorsqu’ils sont en fonction.

Selon Preston Manning, il y aurait également des signes que les milléniaux « de toute affiliation » se détournent de plus en plus de la politique. Il ne s’attend d’ailleurs pas à ce que la situation s’améliore après le 21 octobre.

« Ce sera un défi pour le prochain Parlement, peu importe qui remportera l’élection. Reconnaissez la légitimité de ces préoccupations. Ne les ignorez pas. Ne dites pas aux gens qu’ils n’ont pas le droit d’être fâchés ou en colère ».

« Je suis inquiet que l’on assiste à une forme de renaissance du séparatisme au Québec. Je ne crois pas que le problème de l’isolement de l’Ouest soit réglé. Je m’inquiète que cela nous laisse avec un Parlement et un pays encore plus divisés qu’avant », a indiqué l’ancien chef de l’opposition officielle à la Chambre des communes.

Preston Manning a été député fédéral de 1993 à 2002. Il a été le seul chef du Parti réformiste du Canada, qui est par la suite devenu l’Alliance canadienne avant de fusionner avec le Parti progressiste-conservateur pour former l’actuel Parti conservateur du Canada.

D’après M. Manning, les électeurs ont probablement une connaissance plus large des enjeux politiques de nos jours, en raison des réseaux sociaux, mais leur compréhension de ces mêmes enjeux serait moins profonde. Il se désole également d’observer une érosion du civisme à cause des réseaux sociaux.

L’ex-politicien originaire de l’Alberta s’étonne du grand nombre de promesses annoncées depuis le début de la campagne. Il dit avoir noté une tendance particulière à promettre un tas de choses sans prendre le temps d’en expliquer les conséquences fiscales et économiques.