(Québec) Le Bloc québécois demande aux chefs fédéraux de s’engager plus clairement à ne pas participer à une contestation de la Loi sur la laïcité de l’État.

De passage à Québec, jeudi après-midi, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a estimé que ses adversaires dans la course fédérale contournent la demande de François Legault en utilisant la langue de bois.

« Je veux entendre dire par chacun des gens qui aspirent à être premier ministre que leur gouvernement éventuel ne participera pas, ni directement, ni indirectement, ni financièrement, à une contestation de la loi. Je veux aussi entendre dire clairement que l’argent des contribuables québécois ne sera pas utilisé pour une contestation de la loi 21 », a-t-il déclaré.

M. Blanchet reproche notamment au chef libéral Justin Trudeau d’avoir laissé entendre qu’il pourrait intervenir éventuellement, en déclarant qu’il ne contestera pas « pour l’instant » la loi 21. Il critique également les chefs qui disent d’un côté qu’ils respectent la compétence du Québec tout en martelant de l’autre qu’ils s’opposent au principe de la loi québécoise.

« C’est pas crédible de dire : “on va respecter la juridiction des Québécois, mais on haït ça cette patente-là, mais on va respecter la juridiction du Québec là-dessus”. Il y a une manière de le prouver. Engagez-vous. Sans équivoque. À ce que l’argent de l’État ne serve pas à contester la loi 21 » a dit M. Blanchet.

Cela signifie, selon lui, de s’assurer que si le gouvernement soutient financièrement des organisations, celles-ci ne se serviront pas de cet argent pour aller contester la loi québécoise.

Yves-François Blanchet demande aussi à ses homologues de s’engager à mettre fin à la prière quotidienne à la Chambre des communes.

« Si le Canada veut être crédible comme état laïc, il doit renoncer à la prière », estime-t-il.

SNC-Lavalin : Scheer « cohérent »

Interrogé au sujet de la promesse d’Andrew Scheer de lancer une enquête judiciaire sur l’affaire SNC-Lavalin s’il est élu, M. Blanchet a indiqué que le chef conservateur est « tout à fait cohérent » dans cette démarche.

« M. Scheer a fait le pari politique que d’associer une institution québécoise à des gestes criminels possibles et passés allait être payant pour lui dans l’ensemble du Canada — casser du sucre sur le dos du Québec, un grand classique — et il maintient ce discours-là », a-t-il souligné.

Selon lui, ce comportement est révélateur quant à ses intentions au Québec et il croit que M. Scheer essaie seulement de protéger certaines circonscriptions qu’il détient plutôt que d’essayer de faire des gains.

« Si j’étais encore un analyste politique, j’aurais supputé que peut-être M. Scheer est en train de se demander s’il ne va pas subir des pertes… », a-t-il évoqué un peu plus tard.

Services à visage découvert

Plus tôt en matinée, le Bloc s’était engagé à déposer un projet de loi pour que le vote et les services publics fédéraux soient offerts et reçus à visage découvert.

À Drummondville, M. Blanchet a déclaré que recevoir des services, prêter serment et voter à visage découvert constituent des « enjeux de sécurité et de rigueur dans la prestation de services par l’État ».

« Nous croyons, au Québec, que le principe de laïcité de l’État autorise les pouvoirs publics à exiger que ces gestes soient posés et ces services reçus à visage découvert. L’obligation de se découvrir le visage n’est pas liée en soi à la religion du citoyen. En outre, rien ne justifie que ce soit différent lorsque les Québécois et les Québécoises reçoivent des services du gouvernement fédéral », a indiqué M. Blanchet.

Actuellement, lorsqu’un individu se présente à un bureau de scrutin avec le visage couvert, il peut tout simplement faire une déclaration solennelle selon laquelle il est habilité à voter. Par ailleurs, lors de l’identification, Élections Canada n’exige pas de pièce d’identité avec photo. Le Bloc s’est engagé à modifier la Loi électorale du Canada de manière à rendre obligatoire l’identification à visage découvert et la présentation d’au moins une pièce d’identité avec photo.

Selon le chef Blanchet, ces exigences sont « raisonnables et sécuritaires » et « correspondent aux valeurs des Québécoises et des Québécois ».