La députée libérale sortante Eva Nassif affirme avoir été forcée de laisser sa place dans la circonscription de Vimy à Laval parce qu’elle a refusé de se porter publiquement à la défense de Justin Trudeau dans la foulée de l’affaire SNC-Lavalin.

Eva Nassif allègue mercredi matin dans les pages du Globe and Mail que le Parti libéral a refusé qu’elle se porte à nouveau candidate dans Vimy notamment parce qu’elle n’a pas accepté de publier un message appuyant Justin Trudeau lorsque l’opposition le taxait d’être un « faux-féministe » dans le pire de la controverse l’hiver dernier.

Le chef libéral a démenti ces allégations lors de son passage à Delta, en Colombie-Britannique, où il faisait l’annonce de nouveaux incitatifs pour rendre les maisons écoénergétiques.

« Je peux confirmer que ce n’était pas la raison pour laquelle Mme Nassif a reçu un feu rouge », a assuré Justin Trudeau, interrogé par les journalistes sur les motifs ayant mené au refus de la candidature de la députée sortante libérale dans Vimy.

Sans vouloir commenter davantage, M. Trudeau a aussi affirmé que le processus de sélection est « indépendant » et qu’il respectait les « décisions du comité en question ».

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Justin Trudeau

Dans une déclaration transmise à La Presse, le Parti libéral a dit « confirmer les propos de Mme Nassif selon lesquels sa candidature n’a pas été approuvée par le Comité Feu vert du Parti libéral du Canada ».

« Les décisions d’approuver ou de rejeter une candidature potentielle sont prises à la suite d’un processus d’examen approfondi, conformément aux règles nationales applicables aux candidats. Les décisions du comité sont définitives et les candidats sont informés par une lettre de confirmation signée par les coprésidents de la campagne nationale. Une lettre a été remise en personne à Mme Nassif le 21 août 2019 », a écrit le porte-parole, Pierre-Olivier Herbert, sans préciser les raisons pourquoi elle n’a pas été retenue.

Après que les ex-ministres, Jane Philpott et Jody Wilson-Raybould, eurent claqué tour à tour la porte du cabinet, la relation du premier ministre Justin Trudeau avec les femmes a été remise en doute par le Parti conservateur. En Chambre, des députées conservatrices l’ont accusé publiquement d’être un « faux-féministe ».

 Plusieurs élues libérales de la gent féminine avaient alors publié sur les réseaux sociaux des messages similaires défendant leur chef et assurant qu’il a toujours été à l’écoute des femmes.

« J’ai été punie pour ne pas avoir salué Justin Trudeau comme étant un grand féministe puisque je n’ai rien publié [sur les réseaux sociaux] », a déclaré Mme Nassif, en entrevue au Globe and Mail.

À la fin du mois d’août, le président de l’Association libérale de la circonscription de Vimy, Giuseppe Margiotta, alléguait que le départ de députée sortante a été forcé par le Parti libéral. Mme Nassif a été « tassée », et ce, sans raison, avait-il expliqué à La Presse canadienne.

Eva Nassif avait, dans un premier temps, affirmé qu’elle serait bientôt nommée candidate dans Vimy puis, huit jours plus tard, elle a publié une lettre sur les réseaux sociaux annonçant qu’elle ne serait pas de la course en 2019.

Dans sa lettre de deux pages, elle évoquait des raisons personnelles sans les identifier. Elle remerciait sa famille, ses électeurs et collègues, sans nommer une seule fois Justin Trudeau.

Allégations de harcèlement

 Eva Nassif allègue par ailleurs avoir subi, à partir de juin 2016, du harcèlement et de l’intimidation « en continu » de la part des députés Yves Robillard, Angelo Iacono et Fayçal El-Khoury, les trois autres représentants de la grande région de Laval.

Elle aurait notamment dénoncé la situation lors d’un entretien téléphonique avec Justin Trudeau en mai dernier. Dans une lettre envoyée à M. Trudeau et résumant cet appel, transmise au Globe and Mail, elle écrit :

« Depuis que j’ai été élue en 2015, j’ai toujours eu l’impression que mes collègues [de Laval] ne me prenaient pas au sérieux et me traitaient avec dédain et condescendance. Je compare cette dynamique à cette culture du “boys-club”. J’ai commencé à être intimidée à un point que je ne pouvais plus ignorer. »

Elle aurait également fait état de la situation une première fois lors d’une retraite libérale au Saguenay en 2016.

Le Parti libéral du Canada assure que « toute forme d’intimidation est inacceptable et que des processus sont en place pour garantir que toutes les allégations sont prises au sérieux. Tout le monde mérite de travailler et de vivre dans un environnement sécuritaire, sans harcèlement », a aussi indiqué M. Herbert rappelant que la formation ne commente pas « les cas spécifiques ».