(Vaughan) Andrew Scheer a dévoilé lundi un plan qui, selon les conservateurs, rendrait l’achat d’une maison plus abordable pour les Canadiens, en assouplissant les règles mises en place par le gouvernement de Stephen Harper après la crise financière de 2008.

M. Scheer affirme qu’il autoriserait dorénavant, pour les nouveaux acheteurs, les emprunts hypothécaires sur 30 ans, afin de réduire les mensualités. « C’est clair que d’avoir une période d’amortissement de 30 ans va rendre disponibles les maisons pour beaucoup de Canadiens jeunes qui veulent acheter leur maison pour la première fois », a soutenu M. Scheer, de passage dans la banlieue torontoise de Vaughan.

« Et c’est clair que […] pour les jeunes couples, leurs années avec des revenus plus haut est dans l’avenir. Alors, ils peuvent gérer leur hypothèque. »

À partir de 2008, les conservateurs de Stephen Harper avaient commencé à réduire la période d’amortissement maximal des prêts hypothécaires assurés, la faisant passer d’abord de 40 à 35 ans puis, en 2011, à 30 ans. En 2012, le ministre des Finances Jim Flaherty l’avait finalement abaissé à 25 ans, afin de réduire les paiements d’intérêts et permettre aux Canadiens de rembourser leur prêt hypothécaire plus rapidement — même si les mensualités devenaient plus importantes.

La décision prise à l’époque visait à réduire le fardeau croissant de la dette des Canadiens. Selon Statistique Canada, la dette hypothécaire médiane des familles canadiennes qui ont contracté un emprunt hypothécaire a presque doublé de 1999 à 2016, passant de 91 900 $ à 180 000 $, en dollars constants.

« Aujourd’hui, être propriétaire d’une maison est plus difficile et coûte plus cher que jamais, a indiqué le chef conservateur. Dans les communautés partout au pays, urbaines et rurales, le coût de la vie est si élevé qu’il est presque impossible d’économiser pour une mise de fonds. »

La crise financière de la fin des années 2000 avait été surtout attribuable à des hypothèques que les propriétaires ne pouvaient pas rembourser, sur des actifs d’une valeur inférieure à celle des emprunts sur lesquels ils étaient adossés.

Prêts à haut risque

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi un nouveau gouvernement conservateur inverserait aujourd’hui la tendance, M. Scheer a répondu qu’une période d’amortissement plus longue permettrait à plus de Canadiens d’acheter une maison. Il a toutefois ajouté qu’il était important « que nous ayons une réglementation stricte concernant le secteur financier ».

Un gouvernement Scheer allégerait aussi ce que l’on appelle le « test de résistance » lors d’une demande de prêt hypothécaire et supprimerait complètement le test lors d’un renouvellement d’hypothèque. Ce test vise à s’assurer que les propriétaires pourraient encore se permettre de faire face à leurs mensualités hypothécaires si les taux d’intérêt devaient augmenter.

Les libéraux avaient adopté l’année dernière cette politique qui a été aussitôt décriée par les secteurs de la construction et de l’immobilier. L’Association canadienne des constructeurs d’habitations et l’Association canadienne de l’immeuble se sont d’ailleurs toutes deux réjouies des promesses de M. Scheer, lundi.

« Le plan de Justin Trudeau n’est pas un vrai plan, a soutenu M. Scheer. La grande majorité des jeunes Canadiens ne peuvent pas avoir accès à ce plan. Notre plan est un vrai plan pour les Canadiens qui achètent pour la première fois. »

Un gouvernement conservateur mettrait également des biens immobiliers fédéraux excédentaires à la disposition des promoteurs afin d’accroître l’offre de logements et il lancerait une enquête sur le blanchiment d’argent dans le secteur immobilier, a promis M. Scheer. « En tant que premier ministre, je vais corriger les mauvaises politiques (libérales) et travailler pour que plus de maisons soient vendues sur le marché afin de faire baisser le prix du logement. »

M. Scheer faisait campagne lundi en Ontario — à Vaughan puis à St. Catharines. La circonscription de King-Vaughn, redessinée avant le scrutin de 2015, avait été remportée par la libérale Deb Schulte par un peu plus de 1700 voix.