(Hamilton) Le chef conservateur n’est pas prêt à s’engager, pour l’instant, sur les demandes du Québec en matière d’immigration.

Mardi, le premier ministre François Legault a soumis quatre demandes prioritaires aux chefs fédéraux en campagne. Parmi celles-ci, une demande sur l’immigration.

En campagne à Hamilton mercredi matin, Andrew Scheer a été invité à répondre au désir de Québec qui réclame un plus grand contrôle sur le système d’immigration.

M. Scheer s’est contenté d’exprimer son ouverture pour l’élimination de la duplication des démarches administratives pour les travailleurs étrangers temporaires. Il n’a rien dit du fait que Québec veut décider du nombre de réfugiés et du nombre d’immigrants acceptés pour réunification familiale dans la province. Pas un mot non plus sur l’imposition de tests de français et de connaissance des valeurs québécoises.

« Nous avons toujours dit que nous sommes ouverts à travailler avec le gouvernement du Québec pour donner plus d’autonomie du système d’immigration, s’assurer que le système puisse répondre aux besoins de la province du Québec », a-t-il dit.

Par le passé, le parti, après débat, s’est prononcé contre l’idée du test des valeurs, a fait remarquer un porte-parole de la campagne conservatrice par courriel, à la suite du point de presse du chef.

« À la lecture de la lettre du premier ministre Legault, il semble que le gouvernement du Québec souhaite mettre en place une “évaluation des connaissances des valeurs québécoises”, comme ce qui existe présentement au niveau fédéral. Quand nous aurons vu l’évaluation en question, nous pourrons commenter davantage à ce moment », a ajouté Rudy Husny.

Oléoduc imposé

Pour la deuxième journée consécutive, M. Scheer n’a pas voulu exclure la possibilité d’imposer un éventuel projet de pipeline au Québec.

« Comme j’ai toujours dit, je vais défendre les projets qui sont dans l’intérêt national. Je respecte les champs de compétence provinciale, je respecte aussi le champ de compétence fédérale », a repris M. Scheer, offrant des arguments qu’il avait déjà servis la veille en entrevue à la télévision de Radio-Canada.

« J’ai proposé une idée, une proposition, le corridor énergétique qui va créer une situation gagnant-gagnant avec le gouvernement du Québec. […] Je sais que […] les Québécois préfèrent acheter le pétrole canadien au lieu (du) pétrole des États-Unis ou d’Algérie. Et aussi les gens du Québec savent très très bien que c’est préférable de transporter le pétrole par oléoduc (plutôt que) par les chemins de fer », a-t-il ajouté.

À Québec, le premier ministre François Legault n’a pas tardé à lui offrir une réplique.

« Selon nous, il y a une compétence du Québec. Puis en plus, il y a une question de politique, de légitimité, et on sait que les Québécois sont contre cet oléoduc », a tranché M. Legault.

De façon plus large, le chef conservateur a déclaré qu’il surmonterait les obstacles juridiques à la construction de nouveaux oléoducs en soumettant toute contestation directement à la Cour suprême.

M. Scheer et d’autres conservateurs ont affirmé pendant des années qu’Ottawa devait « affirmer sa compétence fédérale » pour la réalisation de projets importants, mais il n’avait pas expliqué jusqu’à présent ce que cela pourrait signifier dans la pratique.

« Il s’agit de traiter de manière accélérée certaines des questions posées par les opposants à un projet », a-t-il affirmé lors d’un arrêt de campagne à Hamilton, en Ontario. « Il s’agit d’un renvoi rapide de ces affaires à la Cour suprême, un renvoi immédiat de ces types de questions de compétence à la Cour suprême afin que nous puissions avoir une certitude, au lieu de regarder ces affaires se dérouler lentement et être portées en appel. »

L’incapacité de faire construire des pipelines est devenue une source majeure de frustration en Alberta, où des politiciens de tous les partis estiment que d’autres juridictions et communautés bloquent délibérément le chemin au pétrole albertain et nuisent à l’économie de la province.

Le chef conservateur était également à Hamilton pour promettre que son éventuel gouvernement trouverait des économies — 1,5 milliard par an — en éliminant des subventions à des entreprises qui n’ont pas besoin de l’aide fédérale.

« Nous allons empêcher que cet argent aille aux riches et aux gens bien connectés qui en ont le moins besoin, et nous allons le remettre dans les poches des Canadiens et Canadiennes qui travaillent fort et qui en ont le plus besoin », a-t-il déclaré.