(Montréal) La crise du logement s’est invitée dans la campagne électorale fédérale.

Des manifestants sont descendus dans la rue au centre-ville de Montréal à l’appel du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui organisait cette mobilisation citoyenne avec le Regroupement Information Logement (RIL) de Pointe-Saint-Charles, Action-Gardien et la Corporation de développement communautaire (CDC). Ces organismes se portent à la défense des locataires à faible revenu qui ont de plus en plus de mal à se trouver du logement à prix abordable, selon eux.

En entrevue à La Presse canadienne, la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, a affirmé que l’objectif est d’interpeller les chefs des différents partis politiques fédéraux pour qu’ils s’engagent à inclure le développement de logements sociaux dans leur plateforme électorale et d’en faire même une priorité.

« Malheureusement quand on regarde les priorités énoncées par les différents partis, le logement social ne semble pas du tout être en tête de liste alors qu’il y a une pénurie de logements abordables, parmi les plus sévères à Montréal depuis plusieurs années », raconte Mme Laflamme.

Les plus récentes données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), tirées du rapport sur le marché locatif d’automne 2018, tendent à lui donner raison puisque le taux d’inoccupation était de 1,9 % à Montréal, mais de 0,8 % pour les logements de trois chambres et plus prisés des familles.

La porte-parole du FRAPRU s’attend même à ce que la prochaine mise à jour de la SCHL révèle que la réalité est bien pire pour les ménages locatifs dans la métropole.

Terrain fédéral convoité

Le rassemblement de dimanche se voulait aussi l’occasion pour tirer la sonnette d’alarme face à des projets immobiliers privés, tels que la réalisation de condos, ou de projets d’envergure comme la réalisation d’un nouveau stade de baseball à Montréal. Les manifestants craignent carrément que cela n’entraîne le déplacement de gens moins fortunés, qui habitent ces quartiers depuis des années, si aucune solution de rechange n’est prévue pour eux.

« Le nombre de logements locatifs disponibles est encore plus bas dans le Sud-ouest et dans Pointe-Saint-Charles. Alors, il y a vraiment de grandes inquiétudes sur le sort qui est réservé aux gens qui habitent le quartier depuis des années, dit Mme Laflamme. Malheureusement, les logements qui se construisent actuellement et les condos que reluquent les promoteurs immobiliers dans le Bassin Peel, ce ne sont pas des logements qui vont convenir à ces gens-là. »

Si le FRAPRU n’hésite pas à évoquer le destin du Bassin Peel à Montréal devant ceux et celles qui aspirent à former le prochain gouvernement à Ottawa, c’est qu’il s’agit d’un terrain fédéral et que l’organisme réclame du prochain gouvernement à Ottawa l’ajout de mesures concrètes inscrites à la Stratégie fédérale sur le logement.

« Malheureusement, il n’y a aucune somme de ciblée directement pour le logement au sein de cette stratégie-là, relate Mme Laflamme qui souligne que la plupart des investissements sont prévus après les élections fédérales. »

« Par contre, une des mesures positive de cette stratégie-là, c’est qu’elle prévoit que les terrains fédéraux jugés excédentaires puissent être utilisés pour créer des logements sociaux. On interpelle donc les candidats (à l’élection) pour qu’ils s’engagent à réserver le site du Bassin Peel pour des logements sociaux et d’autres besoins de la collectivité montréalaise. »