Jagmeet Singh était de passage à Sherbrooke dimanche, accompagné de candidats québécois, pour présenter son programme pour le Québec.

Le chef néodémocrate souhaite poursuivre le travail entamé par ses prédécesseurs Jack Layton et Thomas Mulcair en offrant plus de pouvoirs à la province.

Le parti propose notamment d’augmenter les transferts fédéraux en matière d’immigration au gouvernement du Québec, même si ce dernier a baissé les seuils d’immigration de façon temporaire.

Un gouvernement néo-démocrate promet une augmentation de l’entente Canada-Québec de 73 millions de façon permanente, le faisant passer de 490 à 563 millions par an. Ce financement supplémentaire promis par le NPD aiderait le gouvernement du Québec à élargir les programmes de langue française et d’intégration pour les nouveaux arrivants.

Dans son document dévoilé dimanche, le NPD fait aussi écho à une série de propositions adoptées à son congrès, l’an dernier. Le parti soumettrait les entreprises sous juridiction fédérale — comme les banques et le secteur des télécommunications — à la loi 101 si elles sont installées au Québec.

Lors du rassemblement, le chef adjoint du parti, Alexandre Boulerice, a promis d’appliquer la Charte de la langue française sur l’ensemble du territoire québécois.

«On est dans une situation absurde où un employé de la Caisse populaire peut avoir son contrat de travail en français, mais l’employé de la Banque Royale n’a pas ce même droit, le NPD va appliquer la Charte de la langue française sur tout le territoire québécois».

Le parti de M. Singh veut tendre la main au Québec, comme l’a fait son prédécesseur Jack Layton lors de la déclaration de Sherbrooke, qui reconnaissait le principe de fédéralisme asymétrique du Québec, en 2005.

«Je veux continuer dans le chemin que Jack Layton a commencé, un chemin où il a tenu la main des progressistes au Québec, une offre qui tenait en compte des particularités du Québec», a indiqué le chef du NPD, qui souhaite aussi permettre au Québec d’intégrer le cadre constitutionnel canadien.

Selon Jameet Singh, le rapatriement de la constitution en 1982 sans la signature du Québec est une «erreur historique».

«Notre offre vise aussi à corriger l’une des grandes injustices envers le Québec, après que Trudeau père eut traîné le Québec dans un mariage forcé. Il est temps de mettre en place une relation saine dans laquelle le Québec va signer la constitution selon des termes qui lui sont acceptables».

Le parti propose également des pouvoirs accrus pour le Québec, tant sur le plan des accords commerciaux internationaux, de la culture et de l’évaluation environnementale.

Le NPD croit que les projets d’infrastructure qui peuvent avoir un impact sur l’environnement, comme ceux liés au transport d’hydrocarbures, doivent être soumis à la procédure d’évaluation environnementale québécoise et que ce type de projet ne peut aller de l’avant sans l’accord du gouvernement québécois.

L’environnement occupe une place importante dans le document présenté dimanche. D'ailleurs, le chef Jagmeet Singh a commencé son discours en insistant, une fois de plus, sur l’importance de lutter contre les changements climatiques.

Le NPD promet aussi de discuter avec les milieux de la culture et le gouvernement du Québec dans le but de rendre au Québec son autonomie culturelle. Cette autonomie prendrait la forme d’un transfert de pouvoirs et d’un transfert «historique» du financement fédéral en matière de culture.

La loi sur la laïcité s’est une fois de plus invitée lors de la période de questions après les discours.

Jagmeet Singh s’oppose à la loi 21. Il a dit appuyer les groupes qui ont entamé des recours judiciaires pour tenter de suspendre, puis d’invalider la loi.

Toutefois, M. Singh a indiqué qu’il ne serait pas approprié de la part d’un gouvernement du NPD d’intervenir pour contester la loi québécoise.

Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il manquait de courage, le leader néo-démocrate a répondu avec un sourire en coin. «Si on parle de courage, je suis un homme avec une barbe et un turban, ici au Québec».

La réponse a provoqué les rires et les applaudissements de ses partisans.

— Avec la collaboration de Catherine Lévesque