(Ottawa) Le Parti vert du Canada a été obligé de se défendre après de récents propos de sa chef Elizabeth May sur l’avortement.

En entrevue à l’émission « Power and Politics » de CBC, Mme May a déclaré qu’elle ne pouvait pas interdire à ses députés de voter en faveur d’une loi pour restreindre le droit à l’avortement même si elle-même est en faveur du libre-choix des femmes sur cet enjeu.

« C’est une question difficile parce que selon les politiques du Parti vert, comme chef, ma description de tâches est “porte-parole en chef” », a-t-elle répondu à la journaliste Vassy Kapelos.

« Alors je peux leur parler, je peux tenter de les dissuader, leur dire que ce serait regrettable. […] Mais je n’ai pas le pouvoir, comme chef du Parti vert, de “whipper” des votes ni de réduire un député au silence — et franchement, je trouve que c’est une bonne chose parce que la démocratie se porte mieux quand les électeurs savent que le député travaille pour eux et pas pour le chef d’un parti », a ajouté Mme May.

Lundi, en journée, le Parti vert du Canada a diffusé un communiqué de presse pour tenter de rectifier le tir. Le parti a rappelé que sa politique est que « toutes les femmes doivent avoir accès à des avortements sûrs et légaux ».

« Bien que la chef n’ait pas le pouvoir d’imposer une ligne de parti, tous les députés du Parti vert doivent appuyer les valeurs du Parti vert, y compris le soutien ferme du droit des femmes de disposer de leur corps. Il n’y a aucune chance qu’un représentant élu de notre parti rouvre un jour le débat sur l’avortement », peut-on lire dans le communiqué.

Le parti dit s’assurer que tous les candidats soient « entièrement d’accord » pour dire que le débat sur l’avortement est clos au Canada lors d’un processus de sélection. « Ceux et celles qui ne partagent pas ce point de vue ne sont pas autorisés à se présenter », est-il précisé.

Le Parti vert ajoute que certains candidats ont déjà été empêchés de se présenter sous sa bannière dans le passé en raison d’opinions antiavortement, mais qu’il s’agissait d’une « situation extrêmement rare ».

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a bondi sur l’occasion pour attaquer le parti de Mme May qui prend du galon selon les derniers sondages.

« Les Verts d’Elizabeth May nous trimbalent de surprise en surprise : une position comparable aux Conservateurs sur les sables bitumineux, puis en accord sur la possible ouverture du débat sur le droit des femmes à l’avortement », a-t-il écrit dans un gazouillis.

Les conservateurs d’Andrew Scheer ont été critiqués dans les dernières semaines pour leur position sur cet enjeu. M. Scheer a fini par dire qu’il voterait contre les tentatives de ses députés de restreindre le droit des femmes à l’avortement, par le biais de projets de loi ou de motions déposées à la Chambre des communes.