Bien qu’il ne se soit pas imposé comme un thème de campagne nationale en vue des élections de demain, les transports collectifs, leurs projets et leur financement ont fait l’objet de nombreux engagements des partis politiques fédéraux depuis le début de septembre.

En plus d’en faire la recension sur une page web, le groupe de promotion des services de transports collectifs Trajectoire Québec a rendu publiques les réponses données par les principaux partis politiques fédéraux à sept demandes formulées par l’organisme dès le déclenchement de la campagne électorale, en septembre.

Le tableau (ci-contre) résume les réponses reçues des quatre partis qui se sont pliés à l’exercice. Le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier n’a pas été sollicité. Quant au Parti conservateur d’Andrew Scheer, ses réponses étaient toujours attendues par Trajectoire Québec, en date de vendredi.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh se distingue nettement des autres formations en répondant favorablement à six des sept enjeux soulevés par l’organisme. Les libéraux, le Bloc québécois et le Parti vert s’engagent à appuyer trois des projets, programmes ou mesures en transports collectifs que propose Trajectoire Québec.

Unanimité pour VIA Rail

Deux de ses demandes concernent des projets de transport ferroviaire de passagers en attente de financement. La directrice de Trajectoire Québec, Sarah Doyon, relève ainsi l’appui unanime des partis (sauf les conservateurs, puisqu’ils n’ont pas retourné le questionnaire) au projet de train à grande fréquence (TGF) de VIA Rail, entre Québec et Toronto, dont le coût est estimé à 4 milliards de dollars.

« C’est une très bonne nouvelle pour nous, dit Mme Doyon. Les libéraux au pouvoir ont commandé de nouvelles études. Ce qu’on espère maintenant, c’est que le projet s’accélère. Au moins, tout le monde semble motivé à ce qu’il se réalise. »

L’appui au projet de lien rapide Aylmer-Ottawa n’est pas aussi unanime, le Parti vert ne récoltant qu’une mention de « réponse imprécise » — un trait jaune dans le tableau synthèse — en ce qui concerne ce projet de 2,1 milliards. Ce train léger de 26 km relierait les secteurs ouest de Gatineau à la capitale fédérale, en se connectant notamment à l’O-Train, qui vient tout juste d’être inauguré à Ottawa. Les libéraux, le Bloc québécois et le NPD appuient le projet, selon le questionnaire de Trajectoire Québec.

Dans le cas des verts, souligne Mme Doyon, il n’y a pas d’engagements clairs en faveur du projet, malgré la proposition de mettre en place une nouvelle politique du transport ferroviaire de passagers, dans laquelle le projet d’Aylmer-Ottawa pourrait, hypothétiquement, trouver une place.

Aucun appui

En revanche, aucun des quatre partis qui ont répondu au questionnaire de l’organisme n’a appuyé l’idée d’un programme de financement permanent pour aider au financement des coûts d’exploitation des réseaux de transports collectifs. Dans le cas du NPD, c’est même la seule des sept demandes de Trajectoire Québec pour laquelle le parti a refusé de s’engager.

Le gouvernement fédéral finance les coûts d’immobilisations de nouveaux projets de transport ou des programmes d’entretien des réseaux par l’entremise de ses grands programmes, mais n’intervient pas dans le fonctionnement quotidien des sociétés de transports collectifs.

Cette revendication a été formulée à l’origine par les dirigeants de nombreuses municipalités canadiennes, dont la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et reprise dans le questionnaire de Trajectoire Québec, en raison du poids croissant des coûts d’exploitation des réseaux sur les finances des villes.

« Encore là, précise Mme Doyon, les réponses négatives sont surtout des engagements trop vagues pour qu’on puisse les considérer comme un appui. C’est une demande qui n’avait pas été formulée avant. À défaut d’obtenir des appuis, je crois que nous avons au moins réussi à soulever un intérêt. »

Le rétablissement d’un crédit d’impôt pour l’achat de titres de transport collectif reçoit aussi un accueil très mitigé. Dans leurs réponses au questionnaire, les libéraux, le Parti vert et le Bloc québécois ont tous soulevé que cet encouragement fiscal instauré sous les conservateurs de Stephen Harper était très peu utilisé et qu’il n’avait pas contribué à augmenter l’achalandage des transports collectifs avant d’être aboli par les libéraux, en 2017.

Le chef des conservateurs, Andrew Scheer, s’est engagé, en cours de campagne électorale, à le rétablir. Seul le NPD semble aussi croire qu’il s’agit d’une bonne idée.