Les réactions des chefs après le premier débat télévisé en français.

Les deux avions des libéraux

Le sourire d’Andrew Scheer en disait long pendant le débat. Il n’était pas peu fier d’avoir lancé au visage de Justin Trudeau une information inconnue du grand public, soit que la campagne libérale utilise deux avions, dont un est consacré à transporter du matériel. En point de presse, il s’est fait un plaisir d’en rajouter une couche. « Nous avons un seul avion, et nous avons amplement de place pour les bagages, l’équipement et les passagers », s’est-il exclamé. Il a renchéri en affirmant que M. Trudeau « fait la leçon à tout le monde », mais agit comme bon lui semble. Le chef libéral a pour sa part assuré que sa campagne avait acheté des crédits de carbone pour compenser son empreinte et a accusé son opposant de ne pas l’avoir fait pour son unique avion. M. Scheer a esquivé la question d’un journaliste à ce sujet.

Où était le goon ?

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Le chef bloquiste Yves-Francois Blanchet

Reconnu pour son caractère bouillant lorsqu’il était député à l’Assemblée nationale, Yves-François Blanchet a conservé un calme olympien pendant les deux heures du débat, observant même des silences pendant ses interventions pour leur donner du poids. « Où était le goon du PQ ? », lui a demandé un journaliste. « J’étais le plus vieux [parmi les quatre débatteurs], la sagesse rentre, a fait remarquer M. Blanchet. Tout le monde dans mon entourage, ma conjointe la première, m’a dit de faire attention. Mais la personne qui me le dit le plus, c’est moi-même. » Selon lui, « le ton du débat » a contribué à éviter les « coups de gueule discourtois ».

Pas tout de suite... pas du tout

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Le chef libéral Justin Trudeau

Justin Trudeau a causé une certaine surprise en exposant de manière évasive sa position sur la décriminalisation de toutes les drogues. « Pas tout de suite », a-t-il répondu — une affirmation illico relevée par Andrew Scheer. Devant les journalistes, le premier ministre s’est fait catégorique. « Ça n’arrivera pas du tout, pas dans ce mandat, a-t-il assuré. Ce n’est pas dans notre plateforme. » « On ne va pas décriminaliser les drogues », a-t-il encore dit.

Aide médicale à mourir : loin d’être réglé

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Le chef du NPD, Jagmeet Singh.

La récente décision de la Cour supérieure d’élargir l’aide médicale à mourir à des personnes dont la mort naturelle n’est pas raisonnablement prévisible a ressurgi pendant le débat, hier. Andrew Scheer a d’emblée dit qu’il interjetterait appel de la cause en Cour suprême. Justin Trudeau et Jagmeet Singh ont pour leur part affirmé que leur parti respectif, s’il est élu, accepterait la décision et modifierait la loi. N’empêche, la suite des choses n’est pas complètement claire pour autant. M. Trudeau n’a pas voulu affirmer explicitement que le critère de mort raisonnablement prévisible serait retiré de la loi, affirmant qu’un gouvernement libéral réélu « réfléchir[ait] aux prochaines étapes pour s’assurer que la loi respecte les droits et les choix de tout le monde [et] protège les plus vulnérables ». M. Singh, lui, a plus d’une fois répété qu’il était « prêt à agir » et qu’il voulait « créer des critères moins stricts ». Il n’a toutefois pas expliqué à quels critères exacts il faisait référence.

« Je suis catholique », dit Scheer

Au cours de son point de presse après le débat, Andrew Scheer a été martelé par les journalistes sur la question de l’avortement afin qu’il révèle, comme les autres débatteurs l’avaient demandé plus tôt, sa position personnelle sur la question. Il a semblé donner un indice lorsqu’il a spécifié que « comme la majorité des Québécois, je suis catholique ». Invité à élaborer sur le choix d’invoquer sa croyance religieuse, il s’est éparpillé dans l’importance « de reconnaître le fait que notre société est laïque ». « Il n’y a aucun consensus [sur l’avortement] au Canada, notre parti a une politique de proposer des choses qui créent l’unité pour les Canadiens. » À trois reprises, il a évité la question et répété qu’il voterait contre toute motion en Chambre qui rouvrirait le débat.