(Ottawa) Le Parti libéral du Canada (PLC) a mis le couvercle sur la marmite de Vimy.

Dimanche, le PLC a démis de leurs fonctions le président et l’agent financier de l’association libérale fédérale de la circonscription, récupérant ainsi plus de 75 000 $ pour la campagne de la candidate parachutée dans le comté lavallois.

Furieux de voir la députée sortante Éva Nassif écartée, l’exécutif de l’association n’avait pas transféré l’argent à la campagne d’Annie Koutrakis. Mme Koutrakis avait dû se tourner vers la maison mère pour payer ses pancartes. Elle avait aussi négocié avec le propriétaire de son local de campagne pour retarder le paiement de son loyer.

« On veut mettre ça derrière nous et avancer dans la campagne », a dit mercredi son directeur des communications, Marc-André Blanchette, joint au téléphone.

Et il se dit confiant pour le vote du 21 octobre.

« Nous, si on se fie au “turnout” de la rencontre d’hier soir, près de 200 personnes qui sont venues au local, on pense que les gens vont appuyer Mme Koutrakis, c’est clair », a assuré M. Blanchette.

Celui qui a perdu son rôle de président d’association se montrait amer, mercredi, devant l’issue de cette affaire.

« Je vais aller voter […] mais je ne voterai pas libéral, ça c’est sûr », a pesté Giuseppe Margiotta, à l’autre bout du fil.

Il a été militant libéral pendant presque 10 ans, « pour Éva ».

Et il croit qu’ils seront plusieurs à bouder les libéraux dans Vimy, froissés par le traitement qu’a subi la députée sortante.

Une affaire de famille

« Nous sommes 300, juste dans la famille », prévenait Nassif Nassif qui a appelé La Presse canadienne samedi pour se plaindre du sort réservé à sa cousine. M. Nassif vote dans un comté voisin.

Le matin même, les trois enfants de Mme Nassif signaient une lettre ouverte dans La Presse+, offrant un plaidoyer pour leur mère.

L’agent financier, Georges Abi Saad, démis de ses fonctions en même temps que M. Margiotta, est le conjoint de Mme Nassif. Vantant le « professionnalisme » de son collègue, M. Margiotta ne voit pas pourquoi M. Abi Saad n’aurait pas pu garder son rôle dans l’association.

« Le chemin le plus droit, c’est tasser les deux qui ont la main mise sur l’argent puis, on va aller chercher l’argent. Le parti veut l’argent. C’est ça qu’ils veulent. Ils s’en foutent de la démocratie », a accusé M. Margiotta.

Assez pour faire une différence ?

Mme Nassif avait remporté 46 % des votes en 2015. Sa plus proche rivale n’atteignait pas les 21 %.

Le comté semblait donc dans la poche avant qu’il ne se transforme en mal de tête pour le PLC.

La communauté libanaise dont est issue Mme Nassif représente 7 % des électeurs de Vimy, soit quelque 7500 votes. C’est elle qui élève beaucoup la voix depuis l’annonce, le 22 août, que Mme Nassif ne sera pas la candidate libérale. Mais pour que ces 7500 électeurs fassent la différence, il faudrait que le vote soit serré, ce qui n’était pas le cas en 2015.