(Toronto) La chef du Parti vert, Elizabeth May, accuse Andrew Scheer d’avoir « causé un préjudice permanent » à la charge de président de la Chambre des communes en replongeant ensuite dans la politique partisane.

À 32 ans, M. Scheer était devenu en 2011 le plus jeune président de l’histoire de la Chambre, poste qu’il a occupé jusqu’après le scrutin d’octobre 2015. Mme May a soutenu mardi que l’élection de M. Scheer à la tête du Parti conservateur allait à l’encontre des vieilles traditions du parlementarisme britannique.

PHOTO JONATHAN HAYWARD, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer

« Andrew Scheer a utilisé le poste de président de la Chambre des communes comme tremplin pour faire avancer sa carrière politique, rompant avec les traditions parlementaires de tous les pays du Commonwealth, pas seulement celles du Canada », a déclaré Mme May, qui faisait campagne mardi à Toronto. « Lorsque vous êtes président de la Chambre, vous devez être — pardonnez l’expression — politiquement castré. »

Mme May a laissé entendre que M. Scheer avait planifié sa candidature à la direction du Parti conservateur alors même qu’il était président de la Chambre. Un porte-parole a toutefois soutenu que M. Scheer avait lancé sa campagne à la direction au moins un an après avoir quitté ses fonctions de président. « Les allégations de Mme May sont tellement bizarres qu’elles justifient à peine une réponse, a déclaré Simon Jefferies. M. Scheer a lancé sa campagne à la direction en 2016. »

La chef des verts soutient que M. Scheer n’aurait pas dû retourner à la politique active après son passage à la présidence de la Chambre. « Andrew a eu tort de revenir à la politique partisane », a-t-elle déclaré. « Je pense qu’il a causé des dommages permanents au respect de la fonction de président. »

Dans l’histoire récente du parlementarisme canadien, les présidents ont habituellement exercé cette fonction jusqu’à leur retraite des Communes. John Bosley, un progressiste-conservateur qui avait été président pendant deux ans au milieu des années 1980, a été le plus récent à redevenir ensuite simple député, pour un mandat et demi, avant d’être emporté en 1993 dans la débâcle des conservateurs après le départ de Brian Mulroney.

Marcel Lambert, qui avait été président de la Chambre dans les années 1960, a ensuite été brièvement ministre conservateur puis porte-parole de l’opposition aux Communes. MM. Bosley et Lambert ne sont toutefois pas devenus chef de leur parti après leur passage à la présidence.

Le courtier d’assurances

Mme May a discuté mardi du rôle du président en répondant en fait aux questions des journalistes concernant le passé de M. Scheer dans le secteur des assurances.

Les libéraux demandent aux autorités réglementaires de l’industrie des assurances de la Saskatchewan d’ouvrir une enquête sur M. Scheer, qui aurait selon eux faussement prétendu sur son site avoir travaillé comme courtier d’assurances dans cette province. M. Scheer soutient qu’il avait reçu son accréditation, mais qu’il a quitté son emploi dans un cabinet d’assurances avant la fin du processus d’obtention de la licence.

Mme May estime que la demande d’une enquête officielle est exagérée. « Même si Andrew Scheer était un courtier agréé avant d’être élu au Parlement, son curriculum vitae avant la politique est tellement maigre qu’il mérite à peine d’être examiné », croit Mme May, en rappelant que le chef conservateur était dans la mi-vingtaine lorsqu’il a été élu pour la première fois aux Communes.

Elizabeth May, qui est devenue chef des verts en 2006, a souvent critiqué les « politiciens de carrière », qui ne comprennent pas les combats que mènent chaque jour les Canadiens. Flanquée d’une jeune candidate de 19 ans, mardi à Toronto, elle lui a conseillé de quitter la politique après deux mandats.

Elle a rappelé mardi qu’un gouvernement du Parti vert rendrait l’enseignement collégial et universitaire gratuit pour tous, qu’il « oublierait » la portion de la dette d’études actuellement détenue par le gouvernement fédéral, et qu’il supprimerait le plafond de 2 % sur l’augmentation du financement pour les étudiants autochtones.